La question de l’équipement du fantassin français apparaît avant la première guerre mondiale. Bien qu’ayant fait l’objet de nombreuses études et essais, rien ne change avant le milieu des années 30. Lors des combats de mai, le poilu de 40 reste malheureusement croulant, dans la majorité des cas, sous les mêmes sacs que ses aïeux.
La première guerre mondiale voit l’allongement des durées d’engagement au combat conduisant à une augmentation de la masse d’équipement, de vivre et de munitions à porter sur l’homme. Les premières solutions consistent à donner une seconde musette modèle 1861, héritage du Second Empire. Désormais, la poitrine du soldat se trouve bardée de diverses sangles, celles de la gourde et des deux musettes, gênant la respiration durant l’effort. A cela, s’ajoute les bretelles du havresac (sac à dos à cadre de bois), le ceinturon et ses cartouchières. Une telle stratification de courroies implique aussi un ordre précis pour les porter, et d’inévitables nœuds en fin de journée ou en cas d’urgence. Qui n’a jamais eu quelques difficultés à mettre son brelage FAMAS au petit matin: vous avez alors touché du doigt notre problématique. Au cours du conflit, le masque à gaz vient apporter une nouvelle courroie, à notre problème.
En juin 1919, une commission relative à l’équipement du futur fantassin demande la suppression des courroies barrant la poitrine, une liaison entre les charges du havresac et le ceinturon, la possibilité de porter le havresac en position lombaire et l’allègement du général du paquetage. Le 8 juin 1934 est décrit au journal officiel, un équipement modifié et allégé à destination de l’infanterie : un bricolage qui donne cependant un début de solution. En 1935 est officialisé un nouvel ensemble visant à dégager la poitrine et les épaules, mais aussi à standardiser les effets entre les différentes fonctions dans l’infanterie. Sa mise en service débute en 1937 dans les régiments d’infanterie ainsi que chez les sapeurs mineurs (décision du 21 avril). Mais il n’arrive pas à supplanter les anciens paquetages par manque d’approvisionnement.
En cette fin des années 30, l’infanterie se modernise aussi du point de vue de l’armement avec l’adoption du fusil MAS 36. Néanmoins la logique des services de l’intendance et du matériel étant différentes, les corps dotés de MAS 36 ne perçoivent pas forcément les équipements idoines, et vice-versa. En mars 1939, l’intendance ne dispose que de 318 000 collections d’équipement du nouveau modèle. La production des 5 premiers de guerre n’est prévue que de compenser les 4% de pertes escomptées soit 15 000 lots. A partir de février 1940, il doit sortir 150 000 exemplaires afin d’atteindre le million de collection en juin. La réalité est tout autre : 25 000 en février, 15 000 en mars. En pleine campagne de France, sont produits 795 lots d’équipement par jour au lieu des 5000 nécessaires.
Né dans la précipitation de la modernisation de l’armée française en 1935, lancée sur fond de réarmement allemand, l’équipement modèle 1935 peut être considéré comme un pis-aller. Ne répondant que partiellement aux besoins, il ne crée pas de réelle rupture et oblige toujours le fantassin à porter sa maison sur son dos. Les problèmes de confection et de distribution font que le quotidien des troupes n’a pas réellement changé par rapport au conflit précédent.
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