Maître Xavier V., Service Artillerie - 34 ans – lyonnais |
Serein, Xavier l’est assurément. Ce lyonnais a suivi la filière Post-BEP offerte par la Marine nationale et s’est engagé comme matelot artilleur il y a près de 10 ans.
Depuis sa sortie de cours, il a été affecté exclusivement sur des frégates de 1er rang qui ont l’habitude des opérations et des points chauds du globe. « La famille aussi ! » lâche ce père de deux jeunes enfants.
Le Maître Mécanicien d’armes n’est donc pas surpris de recevoir un coup de téléphone le 5 mars dernier lorsque la frégate anti-aérienne Jean Bart reçoit l’ordre d’appareiller pour la Libye.
«Mon poste c’est chef de la veille en couronne supérieure, c’est-à-dire que nous sommes les yeux du bateau. 24 heures sur 24 on surveille tout ce qui se passe sur l’eau et dans les airs car les radars ne font pas tout!» Vent, froid, chaleur, ce sont des quarts éprouvants – ponctués d’alertes où ils rejoignent leurs affûts de 12,7 mm – qui s’enchaînent depuis presque un mois mais il en a vu d’autres. « J’ai connu beaucoup de situations tendues, voire critiques, dans mes précédentes missions ». Et de raconter en particulier cet été 2006 où il a participé à l’évacuation des ressortissants français pris au piège des combats qui font rage dans Beyrouth.
«Mais ici c’est différent. Il y a beaucoup d’incertitudes sur les réactions des uns et des autres. Le front change d’heures en heures et le régime de Kadhafi menace directement la France».
Xavier pense également aux civils lorsqu’il observe au loin, à travers ses jumelles, les bombardements fratricides qui enflamment des villes qu’il devine. Depuis le 17 mars et le vote de la Résolution de l’ONU ouvrant la voie à l’engagement de moyens militaires pour protéger la population, il «remarque que les choses vont dans le bon sens». Les opérations aériennes de la coalition ? « Nous, on voit tous les jours nos camarades de la chasse passer au-dessus de nos têtes ».
On est bien loin de Lyon. «Pas du tout!» répond-t-il. «J’ai suivi tous les matchs de l’OL et, même si on a pas du tout été bon contre Nice, je pense que l’on peut encore gagner le titre si Lille trébuche». De quoi animer les discussions de carré lorsque l’on prend un peu de repos. En tout cas, il se promet qu’en retrouvant sa «capitale mondiale de la gastronomie» il ira s’attabler dans un bon bouchon de la rue Mercière.
Sources : © Marine nationale
Droits : Ministère des armées