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Médecin de Marine - 400 ans d’histoire

Mise à jour  : 02/02/2022 - Direction : SIRPA Marine

Polyvalent, membre à part entière de l’équipage, le médecin du service de Santé des Armées embarqué d’aujourd’hui s’inscrit dans une longue tradition maritime née au début du XVIIe siècle.

Immortalisé sous les traits du docteur Stephen Maturin, dans la saga romanesque de l’écrivain britannique Patrick O’Brian, ou incarné par Claude Rich dans Le Crabe Tambour, le célèbre film de Pierre Schoendoerffer, le médecin, à la fois homme de science, chirurgien et confident du commandant, est l’une des figures les plus connues de la vie à bord des bâtiments de la marine de guerre. Toutefois, celui que l’on appelle alors le « chirurgien navigant » n’apparaît qu’au début du XVIIe siècle, sous l’impulsion de Richelieu, puis de Colbert, ministre et secrétaire d’État à la Marine. 

De la SAIGNÉE empirique à la MÉDECINE

Il faut attendre l’ordonnance royale du 15 avril 1689, qui organise « les armées navales et les arsenaux », puis l’édit du 17 janvier 1708 établissant « les offices de médecins et chirurgiens royaux », pour que se dessinent les contours d’un vrai corps de santé spécialisé. On distingue alors les médecins, les chirurgiens et les apothicaires. Placés sous l’autorité d’un médecin-major et assistés par des aides chirurgiens, ces érudits, dont le savoir très empirique repose encore largement sur l’expérience et les œuvres en grec et en latin d’Hippocrate et de Galien, servent dans les grands ports militaires, les hôpitaux de la Marine et à bord des vaisseaux. Mais leur manque de formation et l’état des connaissances médicales de leur époque pèsent sur leur réputation et limitent leur savoir-faire. À partir du début du XVIIIe siècle, les chirurgiens sont nommés par ordonnance royale et les premières écoles de chirurgien de marine sont créées à Rochefort (1722), Toulon (1725) et Brest (1731). 

Marin, un MÉTIER à risques

En dehors des blessures provoquées par les combats et les nombreux accidents (chutes, hernies, coupures, fractures, etc.), les principales pathologies qui touchent les marins de la marine à voile ont souvent pour origine l’insalubrité des lieux de vie à bord, l’alimentation peu variée, pauvre en produits frais et en vitamines, responsable notamment du terrible scorbut, et la piètre qualité de l’eau qu’ils boivent. Mais les maladies vénériennes et les épidémies comme le choléra et le typhus, connu alors sous le nom de « fièvre des vaisseaux », ou les affections telles que la dysenterie, le paludisme, la fièvre jaune ou encore la tuberculose, déciment également les équipages. 

Entre 1765 et les premières années de la Révolution française, la Marine accueille le médecin-major au sein de l’état-major et lui ouvre la table du capitaine. Afin d’assurer l’approvisionnement et la disponibilité des herbes médicinales essentielles dans la pharmacopée, on recrute des « jardiniers de la Marine », chargés de veiller sur les jardins botaniques riches en plantes nouvellement découvertes et en variétés aux propriétés curatives. En 1767, médecins et chirurgiens reçoivent un uniforme spécifique de couleur « gris épine », tandis qu’une école de « médecine navale pratique » ouvre ses portes à Brest en 1783 pour former les candidats aux pathologies spécifiques du bord, en France comme sous les tropiques. Sous le Premier Empire, le statut militaire s’applique aux officiers de santé, qui sont intégrés au corps des officiers de Marine. Au milieu du XIXe siècle, les premiers navires-hôpitaux font leur apparition. Le 22 juillet 1890 est créée à Bordeaux l’École principale du service de Santé de la Marine. Cette nouvelle institution remplace les trois écoles existantes. Désormais, pour exercer la médecine, le doctorat est obligatoire et seules les facultés sont habilitées à enseigner cette science. 

La naissance du SSA

En 1948, une Direction centrale des services de Santé Terre, Air, Mer est créée. En 1962, elle reçoit le transfert de l’administration du service de Santé des troupes coloniales. En 1964, la direction centrale devient la Direction centrale du service de Santé des Armées. Dès lors, tous les services de Santé militaires (armée de Terre, Gendarmerie, Marine, armée de l’Air) fusionnent en un seul service de Santé des Armées (SSA). Les écoles de Bordeaux et de Lyon prennent alors le nom d’« école du service de Santé des Armées » (ESSA). Le 2 juillet 2011, l’École de Santé des Armées, centre unique de formation initiale des médecins et des pharmaciens des armées pendant les deux premiers cycles d’études universitaires, est créée à Bron, dans la région Auvergne-Rhône-Alpes. 

Aujourd’hui, les médecins militaires du SSA exercent des missions variées, en France comme en opérations extérieures. Au sein des armées, ils assurent les soins médicaux et le contrôle de l’aptitude à l’emploi des personnels. Ils exercent aussi une action permanente dans le domaine de la prévention médicale, de l’hygiène et de l’amélioration des conditions de travail. Intégrés aux unités, ils sont également chargés du soutien de proximité des combattants. « Le rôle du médecin du service de Santé des Armées embarqué à bord d’un bâtiment de la Marine nationale a conservé quelques particularités, précise le médecin en chef Jean-Michel Pontier, médecin adjoint de la chefferie du soutien santé de la Force d’action navale (CSS/FAN). D’une part, il assure un rôle de conseiller auprès du commandement pour toutes les questions relatives à la santé, au moral et à la sociologie de l’équipage. Et d’autre part, il exerce dans un environnement isolé et confiné, caractérisé par sa variété et des mises en situation imprévues. Si l’on met à part le porte-avions Charles de Gaulle qui dispose d’un plateau médical, à bord d’une frégate, par exemple, le médecin généraliste est, lui, seul avec un ou plusieurs infirmiers, en fonction de la taille de son bâtiment, pour veiller à la fois sur la santé des marins et sur leurs capacités opérationnelles. Avec des moyens limités, même s’il dispose d’équipements de radiologie et d’échographie ou, dans certains cas, de la télémédecine, il doit savoir exercer dans des conditions précaires et gérer des situations d’urgence. Prendre la décision de soigner ou de faire évacuer un malade, quelle que soit sa pathologie, est une lourde responsabilité... La qualité d’un bon praticien embarqué est d’être polyvalent, à l’écoute, ouvert d’esprit. Il fait partie intégrante de l’équipage. C’est lui qui prend le pouls du bateau, au sens propre comme au sens figuré. »

La RÉDACTION


Sources : Marine nationale
Droits : Ministère des armées