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L’histoire de l’école des drones, 2 ans déjà

Mise à jour  : 08/12/2021 - Direction : SIRPA Marine

L’école des drones a été inaugurée le 16 septembre 2019 sur la base d’aéronautique navale de Lann-Bihoué par le contre-amiral Nicolas Bezou, adjoint au directeur de la direction du personnel militaire de la Marine (DPMM), et le contre-amiral Guillaume Goutay, commandant la force de l’aéronautique navale (ALAVIA) à l’époque

Fruit du plan Mercator et objet d’une préparation d’un an, l’école a déjà accueilli plus de 300 stagiaires.

Fruit du plan Mercator

Suite au vote de la Loi de Programmation Militaire 2019-2025, le plan Mercator ambitionne l’implantation d’un drone par bâtiment d’ici 2030. Au total, 1 200 drones devraient être mis en œuvre dans les unités pour des usages de prévention et de protection (FAN), des missions de surveillance des sites et d’intervention (Commandos), pour compléter les missions des avions, ou encore pour éloigner les marins de la menace dans le cadre, par exemple, de la guerre des mines.

Cependant, d’autres usages du drone sont en cours de réflexion. Embarqué, le drone aérien simplifie les opérations de maintenance. Effectuée par un télépilote, une inspection de mâture ou de toute autre partie moins accessible du bâtiment, comme la coque lorsqu’on est en mer, est plus rapide et plus sécurisée. Autre exemple, le projet « Adapte » a pour but d’utiliser les drones au sein même des bases pour renforcer la lutte contre les intrusions, les incendies et tout type d’évènement sur lesquels les fusiliers et pompiers interviennent. Le drone permet de confirmer l’alerte et de positionner les forces de façon optimale. Finalement, l’utilité du drone dans les unités est encore à découvrir puisque ce sont les personnels y travaillant qui les imaginent au fur et à mesure et, par extension, se facilitent, se simplifient ou accélèrent l’accomplissement de certaines tâches.

Le télépilotage de drone n’est pas anodin. Pratique de vol à part entière, il est sujet à des réglementations auxquelles il est nécessaire, pour des raisons de sécurité et de sûreté, de former les télépilotes. Pour répondre à cette demande qui est amenée à croître, la fondation d’une école était indispensable. Elle délivre le stage TOPDAC BASIC, première étape du télépilotage des drones aériens.

La création de l’école des drones a demandé un an de préparation de la part de la cellule d’ingénierie de formation ainsi que des instructeurs, appuyés par l’investissement conséquent de la Marine afin que le stage soit de la meilleure qualité possible. L’intention principale a été de créer un stage court répondant aux besoins spécifiques de la marine et des marins. C’est une formation militaire, fondée sur la réglementation militaire, seule à s’appliquer aux aéronefs d’Etat. La formation n’offre pas d’équivalence civile, mais le niveau de compétence atteint au bout des deux semaines permet aux stagiaires de se présenter en candidat libre à l’examen théorique de télépilote professionnel civil avec un taux de réussite pour le moment de cent pour cent.

Une formation complète

L’école des drones, implantée sur la base de Lann-Bihoué, est située au Centre de formation et d’entraînement de l’aéronautique navale (CEFAé). Pour le bon déroulement de la formation, l’école dispose d’un hangar, d’une zone de vol extérieure, d’un simulateur (deux postes élèves et un poste instructeur reliés en réseau), d’une salle de cours, d’une salle de travaux dirigés et d’un espace extérieur réduit pour la vérification du matériel. Les cinq instructeurs et le pilote de cours sont issus d’ALFAN, d’ALFUSCO et d’ALAVIA. Ils délivrent les cours en enrichissant leur pratique du retour d’expérience de chaque composante.

La formation est à la fois théorique et pratique. La partie théorique se compose de modules tels que la réglementation aérienne, la météorologie, les facteurs humains et la gestion du risque. L’objectif est de casser les aprioris et d’expliciter les règles afin que les stagiaires puissent voler de façon professionnelle. Ceci inclut un apprentissage du décryptage de la réglementation, une explication des dangers liés au télépilotage et une démonstration des attitudes à adopter pour un usage en haute mer ou en territoire étranger.

La partie pratique sert à transformer les connaissances théoriques en compétences professionnelles. L’instruction au télépilotage se fait avec un petit drone français d’environ 320 grammes : l’ANAFI de PARROT. Les vols permettent de s’entraîner à utiliser des procédures (checklists) et à gérer les situations d’urgence. A la fin des vols, les stagiaires savent effectuer une mission simple avec un drone quadricoptère en toute sécurité. Ces vols sont complétés par une partie simulateur. Les stagiaires vont devoir utiliser toutes les connaissances nouvellement apprises pour préparer, coordonner et briefer des vols d’une élongation d’environ 10NM (18km). Ils effectuent ensuite en parfaite autonomie ces quatre vols avec un drone simulé d’un plus gros gabarit, le FURY de LOCKHEED MARTIN (5,20m, 150kg). Les missions sont variées, avec un vol catapulté d’une frégate dans la base navale de Brest en direction de la R154, un vol OPS vers Saint-Mandrier de nuit, un vol Search and Rescue (SAR) depuis le sémaphore de Beg Meil et un vol de reconnaissance vers l’île de Groix. Ces vols au-dessus de bandes littorales, en zones côtières ou en lien avec des bâtiments témoignent de scénarios pensés par et pour les marins. Ils permettent d’intégrer la troisième dimension en respectant toutes les réglementations, notamment le survol des zones sensibles, et en restant à l’intérieur de la zone assignée.

Le stage de télépilote de drone offre une formation de base qui donne un socle commun de compétences. Celles-ci sont validées par trois tests : un questionnaire à choix multiples, un test sur le drone voilure tournante de 320 g et un test en simulateur sur la voilure fixe de 150 kg. Lors des deux tests pratiques, aucune erreur de sécurité n’est admise.

Le stage de deux semaines, qui compte huit heures de cours quotidiens, demande une motivation et un investissement personnel forts. Il est demandé aux stagiaires de découvrir, comprendre et maîtriser des gestes et des connaissances nouvelles en un temps réduit. C’est donc un stage intense qui offre cependant un contenu intéressant, aux scénarios adaptés à l’usage opérationnel résonnant avec la réalité.

Après la formation

Le stage de télépilote de drone est un permis initial qu’il est nécessaire de compléter en unité par une formation aux appareils que le personnel utilisera à son retour. Par exemple, à leur retour en unité, certains personnels d’ALFAN travailleront peut-être avec des DVF 2000, tandis que les personnels d’ALFUSCO télépilotent des Puma, d’envergure plus restreinte. Cette partie de la formation appartient aux autorités organiques.

La formation, appelée TOPDAC BASIC, est valable à vie. Les bases acquises sont communes à tous les drones. Aucun retour en centre de formation n’est nécessaire. Le décryptage de la réglementation, point clé lors du stage, est une aide précieuse pour les marins. Ils seront capables de lire et de comprendre une réglementation amenée à évoluer. Ceci leur permettra d’adapter leur pratique en fonction des changements apportés par les textes.

Pour la plupart des marins, cette formation permet d’obtenir une mention.

Au-delà de la formation de personnels individuels au sein des unités de la marine, ces sessions de formation participent à l’établissement d’une communauté de télépilotes qui parlent le même langage et comprennent leurs interlocuteurs experts en contrôle aérien, opérations et métérorologie (CONTA, OPS et METOC).

Venir se former

Chaque stage forme entre huit et seize personnels issus des forces de la marine. La formation est ouverte à tous les marins (tous grades confondus) en réponse au besoin de télépilotes de drones aériens émis par l’unité. Les personnels volontaires doivent se porter candidats auprès de leur commandement, suite à un appel à candidatures lancé par leur force organique. Aucune sélection n’est effectuée par la cellule instruction de l’école. Seuls l’investissement et la motivation sont nécessaires pour postuler, même si certaines qualités intrinsèques de spatialisation, de calcul et d’orientation sont indispensables pour réussir les tests.

La répartition des personnels de chaque force se présente pour le moment comme suit : 30 % ALFAN, 30 % ALFUSCO, 10 % CECLANT, 10 % CECMED, 10 % COMNORD, 10 % GENDMAR/ALAVIA/MARINS POMPIERS.

Compte tenu de la nouveauté et du besoin en formation, des priorités ont dû être décidées par la DPMM, en fonction du déploiement des drones dans la Marine nationale. La création d’une formation allégée est en cours, qui permettra aux stagiaires TOPDAC BASIC de devenir instructeurs de téléopérateurs simples. Ces opérateurs seront limités dans les actions autorisées par rapport à un TOPDAC BASIC (vol en-vue, zone limitée, drones spécifiques).

Quelques chiffres

Le premier stage a eu lieu le 2 septembre 2019.

Il y a 12 stages par an. 300 stagiaires ont déjà été formés et le taux de réussite est supérieur à 90 %. Chaque TOPDAC BASIC peut former et faire voler autant de téléopérateurs qu’il le souhaite, placés sous sa responsabilité de « commandant de bord » (conformément à l’instruction 1550/DSAé/DIRCAM).


Sources : Marine nationale
Droits : Ministère des armées