Pendant les 4 mois et demi de déploiement, les officiers élèves de la promotion Jeanne d’Arc 2014 découvrent en situation réelle toutes les facettes du métier d’officier de marine. Certains d’entre eux ont participé fin avril à un entraînement de visite de navire (visitex). Cet entraînement a pour but l’interrogation et l’investigation d’un navire suspecté de trafics. L’équipe de visite du bâtiment de projection et de commandement Mistral était composée pour l’occasion d’officiers élèves. Leur mission: se rendre à bord d’un bâtiment suspect, «le client», joué par la frégate furtive La Fayette, afin de vérifier sa nationalité en contrôlant la documentation du navire (Enquête de pavillon) puis effectuer une visite et terminer éventuellement par une fouille et une saisie sur ordre de l’autorité judiciaire. Récit de l’EV Jean-Eude G., officier élève.
«J-1.19h. La décision de rallier la position du «client» est prise. Cela laisse au chef d’équipe le temps de faire son briefing initial. Il nous apprend alors la nature de la mission, le nom du client, mais aussi le cadre juridique dans lequel l’action va être menée. Il attribue la place et le rôle de chacun. Rien ne peut être laissé au hasard. Toutes les situations possibles sont envisagées: un équipage coopératif, un équipage violent, un blessé parmi nous. La veille, nous avions consciencieusement répété les différentes phases d’une telle visite. Mécaniser les actions avant de les exécuter en situation réelle est une étape primordiale afin que chacun connaisse sa place, son rôle et le timing de la visite.
Jour J. A 8h30. Le Mistral prend contact avec le client. La passerelle interroge alors le capitaine du navire afin de déterminer si une visite du bâtiment s’impose. Le doute est suffisamment fort pour que, sur autorisation de son contrôleur opérationnel, le commandant du Mistral ordonne la visite. Le chef d’équipe prend alors les derniers éléments en passerelle puis nous rejoint dans la salle de briefing, où toute l’équipe se tient déjà parée et équipée. Le briefing est court, il n’y a pas de temps à perdre. Chacun sait ce qu’il doit faire. Nous prenons place à bord des deux embarcations annexes du Mistral dans un ordre prédéfini. Cap sur le client.
L’équipe commence à monter à bord: l’ascension n’est pas facile. Perchés sur une échelle, quelques mètres au-dessus de l’eau, sur un navire en mouvement et malgré les équipements de sécurité, nous veillons à ne pas tomber à l’eau. Une fois l’équipe reconstituée à bord, il faut alors se réarticuler. C’est là qu’apparaît toute l’importance de la répétition de la veille. Dans l’espace restreint d’un bâtiment, chacun doit connaître sa position afin de ne pas gêner la progression de l’équipe.
Quelques minutes plus tard, le chef d’équipe atteint la passerelle et commence à prendre contact avec le capitaine. Pendant ce temps, une autre équipe s’occupe de contrôler l’équipage du client, là aussi joué par des officiers élèves, sur la plage arrière. Après une vérification minutieuse des papiers du navire, la troisième équipe chargée de l’investigation découvre plusieurs armes factices à bord. Les preuves sont recueillies après avoir pris soin de prendre plusieurs photos. L’aspect légal de l’action est capital. À ce titre, la présence d’un élève commissaire dans l’équipe de visite apporte un soutien juridique réel.
Après avoir saisi toutes les preuves, l’ordre est donné de se replier. L’équipe rejoint alors l’échelle de pilote dans le même ordre et la même discipline qu’à l’arrivée.
11h. Retour a bord du Mistral
L’heure est au bilan. Cet entraînement a permis de mettre en pratique les cours dispensés à l’École navale et à bord du Mistral. Il a fait comprendre l’importance de la mécanisation de chaque phase. Tout doit être prévu et briefé. Plus les situations sont répétées et anticipées, plus il y a de chances que la visite se déroule bien. Ce genre d’entraînement est très concret et très utile: ce sont souvent les jeunes enseignes de vaisseau qui occupent les postes de chefs de l’équipe de visite.»
Sources : Marine nationale
Droits : Ministère des armées