Etude de l’IRSEM n°2, Volume 2

La problématique des armées (sociétés militaires) privées est à l’ordre du jour. Les derniers conflits dans lesquels Etats-Unis et d’autres puissances "occidentales" sont engagées depuis 2001 le démontrent clairement. C’est pourquoi il a paru nécessaire au Centre d’études d’histoire de la défense - aujourd’hui intégré en tant que domaine histoire de l’Irsem - d’organiser en mars 2008, un colloque consacré à la question des armées privées face aux armées d’Etat, depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours et ce à un moment où la question n’en était qu’à ses premiers balbutiements médiatiques. Ce colloque avait donc pour objectif de replacer cette question émergente dans sa perspective historique la plus complète et la plus ancienne, afin que le décideur ne soit pas contraint de reposer une question à laquelle des réponses pertinentes auraient pu déjà avoir été données.

Parmi les éléments de réponse qui sont donnés dans cet ouvrage on retiendra notamment la problématique des armées privées qui ne saurait se résumer à la seule question du mercenariat. Par contre, les formes et les statuts qui peuvent considérablement différer ne prospèrent finalement que sur la négation de la res publica, ou tout au moins dans les espaces que celle-ci n’occupe pas, pour des raisons qui varient d’une circonstance, d’un lieu ou d’une époque à l’autre : de l’ultralibéralisme voire d’un "anarcho-libéralisme" de type notamment anglo-saxon à des situations de type féodal, au sens large ou générique du terme, allant du Moyen Âge à certaines formes de fascisme ; ce n’est donc pas un hasard si, pendant des siècles, le lieu principal de la guerre privée fut la mer, c’est-à-dire la res nullius du droit, là où l’absence non seulement de l’Etat mais même de toute forme de res publica est la plus patente.