Retour sur le colloque international "Les relations entre la France, l'Europe et le Vietnam depuis 1954" - 16, 17 et 18 janvier 2014

Ce colloque a permis de fructueux échanges entre spécialistes français, européens, vietnamiens et nord-américains,dans le cadre officiel d’une Année croisée France-Vietnam 2013-2014 motivée par le 40 ème anniversaire du rétablissement de nos relations diplomatiques au niveau des ambassades (avril 2013), la signature d’un partenariat stratégique franco-vietnamien (septembre 2013) et la perspective d’une visite officielle du Président de la République française au Vietnam. Les historiens des relations internationales et du Vietnam contemporain ont analysé les progrès et les vicissitudes de ces relations entre la fin de la guerre d’Indochine, en 1954, et la fin de la guerre du Vietnam, en 1975. Les experts, acteurs ou anciens acteurs de la coopération ont fourni de précieux éclairages sur la fin de la guerre froide et la période qui l’a suivie. Tout le spectre de nos relations a été examiné – politico-diplomatique, économique et commercial,culturel et religieux –, à l’échelle des organisations régionales, des États, des collectivités territoriales comme des sociétés civiles.

Dans le domaine politico-stratégique qui intéresse plus particulièrement l’Irsem,Christian Lechervy, conseiller du président de la République pour les affaires stratégiques et l’Asie-Pacifique, a dressé un bilan de la politique française dans la région depuis 2012 et tracé quelques perspectives. Il a notamment souligné que la signature du partenariat stratégique ouvrait un nouveau chapitre dans l’histoire de nos relations, sanctionnant une analyse partagée de la qualité de cette relation et une commune ambition de l’approfondir dans les domaines politique,de défense, économique et culturel. Plusieurs diplomates – Louis Amigues,Claude Blanchemaison et Antoine Pouillieute, anciens ambassadeurs de France au Vietnam et Duong Chi Dung, actuel ambassadeur du Vietnam en France – ont éclairé les différentes étapes du rapprochement franco-vietnamien depuis l’adoption de la politique d’ouverture économique et culturelle au Vietnam (le Doi Moi, officiellement adopté en 1986),sans en occulter les freins et les faiblesses. L’importance du cadre multilatéral de nos relations – Union Européenne, Asean et Asem – a été évoquée plus particulièrement par Ton Nhu Thi Ninh, ancienne ambassadrice du Vietnam à l’Union européenne, et par l’ambassadeur Michaël Reiterer, conseiller Asie du Service européen pour l’action extérieure (SEAE). Enfin, la coopération de défense entre nos deux pays – la plus récente de toutes – a fait l’objet d’une table ronde à laquelle ont participé deux anciens attachés de défense français au Vietnam, ainsi que des représentants de l’Ema, de la Das et de la Dga. Leur expertise a permis de combler au moins en partie le déficit d’études en sciences sociales et humaines sur le Vietnam et la relation franco- ou euro-vietnamienne depuis la guerre froide. La montée en puissance de la diplomatie française en Asie du Sud-Est ; le rôle de pivot stratégique joué d’une façon croissante par le Vietnam dans cette région ; la volonté de ses dirigeants de contribuer à la paix et à la stabilité mondiales en participant aux opérations onusiennes de maintien de la paix (OMP) et leur souhait de voir l’Union Européenne apporter une plus grande contribution au maintien de la paix et de la stabilité en Asie-Pacifique, et pas seulement au développement des échanges économiques, justifient largement un renouveau d’intérêt, en particulier parmi les historiens et les politistes, pour ce pays situé aux avant-postes des recompositions stratégiques asiatiques.

Pierre Journoud, chargé de recherches à l’Irsem