Une caméra portable capable de visualiser à travers des cloisons, et de distinguer les objets dissimulés sur les personnes : la Millicam 90 marque une nouvelle étape dans les domaines de la sécurité et de la défense. Sûreté des aéroports, des douanes et autres lieux sous haute surveillance sont les principaux sites ciblés. C'est la société MC2 Technologies qui est à l’origine du projet.
Le dispositif ne pèse pas plus de 20 kg, et est composé d’un boîtier, de plusieurs antennes ainsi que d’un ordinateur. Il est conçu pour être manipulé par un seul opérateur. « Ce système d’imagerie ressemble un peu aux scanners utilisés dans les aéroports devant lesquels on fait passer les valises, mais il fonctionne différemment et est plus compact, et surtout il est portatif et fonctionne à plus grande distance», illustre François Reptin, responsable du segment d’intégration/Métier - composants de la DGA, qui suit le projet.
La Millicam 90 est un concept unique de par trois caractéristiques innovantes.
« Il faut avant tout souligner que le système est “passif“, c’est-à-dire qu’il ne fait que recevoir les signaux émis par les corps filmés. Et il n’utilise pas les rayons X, mais des signaux radios à longueur d’onde millimétrique », précise François Reptin. Sans aucun danger pour l’homme, il a l’avantage d’être absolument indétectable.
Son fonctionnement se base sur le principe du contraste d’émissions d’ondes. « Tout corps émet des ondes, sur des gammes de fréquence spécifiques. Grâce à des algorithmes particuliers, la Millicam 90 en fait ressortir les contrastes. Cela s’apparente plus à des fréquences radio qu’à un système d’optique, explique Nicolas Vellas, PDG de MC2 Technologies. Elle mesure donc les rayonnements émis par les corps. » Par exemple, un portefeuille dans une poche, ou un pendentif autour du cou ressortent sur l’image car ces objets n’émettent de la même façon.
Ce système de détection des fréquences a une autre conséquence : « De la même manière que les ondes de votre téléphone portable traversent les murs, la Millicam 90 peut détecter les ondes au travers de cloisons. Les apports en termes de sécurité sont considérables ! Imaginez une prise d’otages dans une banque. Avec ce système, on pourra localiser les otages depuis l’extérieur », ajoute Nicolas Vellas.
Autre nouveauté, et de taille : le dispositif est portable. « Au lieu de faire exploser une valise suspecte, parce qu’on ne peut la déplacer vers un scanner afin de l’examiner, on peut désormais rapprocher le système de détection de la valise » développe François Reptin. Un atout non négligeable, tant pour le monde civil que militaire.
Enfin, dernière invention majeure : le système fonctionne à distance, « de 0,5 m à 20 m ». Une grande première dans le monde de la vidéosurveillance, qui permet à la fois une plus grande discrétion dans l’action et la vigilance, mais également une distance de protection pour les hommes chargés de la sécurité, quel que soit le cas de figure : analyser l’intérieur d’un colis, vérifier un individu approchant d’un check-point, détecter des engins explosifs improvisés, aider au contrôle des douanes… Le tout pour un coût moindre à celui des dispositifs déjà existants.
Commencé en 2008, ce projet a été mené par MC2 Technologies dans le cadre d’un contrat recherche exploratoire et innovations (REI) avec la DGA. « Les résultats de cette étude ont été très concluants. Ils ont prouvé une bonne résolution des images, avec une vitesse de réception inférieure à la seconde, ainsi que des atouts notoires en termes d’ergonomie », souligne l’ingénieur de la DGA. La Millicam 90 a été présentée au salon Milipol, en attendant sa commercialisation au premier trimestre de l’année 2012. « Plusieurs acteurs de la sécurité la testeront dans les prochains mois : le port de Lisbonne, le poste de frontière d’Albita, en Roumanie, et d’autres. Le salon nous permettra de présenter l’équipement, et certaines options, afin de sonder nos futurs clients », précise Nicolas Vellas. Cependant, toutes les capacités de la Millicam 90 ne seront pas dévoilées, par souci de protection des données. Il faudra donc attendre encore quelques mois avant de pouvoir observer l’étendue des possibilités de ce projet, dont un développement est d’ores et déjà à l’étude, dans le cadre d’un dispositif Rapid de la DGA.