Les Aviateurs de l'armée de l'Air et de l'Espace sont prêts à être déployés en opérations extérieures ou intérieures, partie intégrante de leur engagement militaire, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, même en temps de fêtes ! Zoom sur quelques portraits d'Aviateurs mis à l'honneur, en reconnaissance de leur service exemplaire au nom des intérêts stratégiques de la Nation et de la sécurité de ses citoyens.
Bien que la période des fêtes de fin d'année s'accompagne généralement d'une accalmie dans la majorité des activités, la notion de "trêve des confiseurs" est étrangère à tous les Aviateurs engagés, en métropole comme sur les théâtres d'opérations, pour la défense de la France et des Français. Rencontre avec le lieutenant-colonel (LCL) Didier, commandant des Éléments français (Comelef), en poste au Koweït, dans le cadre de l'opération Chammal.
Originaire de Guadeloupe, le LCL Didier a rejoint l'armée de l'Air et de l’Espace à tout juste 19 ans, en 1994, en tant que sous-officier dans la spécialité "détection", avant de devenir, après sa réussite au concours de l'École militaire de l'air, officier à partir de 2000. En dépit de son expérience dans l'institution, ce déploiement en opération extérieure constitue une première, les postes tenus jusqu'à ce jour en tant que mécanicien SIC lui ayant surtout permis de participer à de nombreux exercices interarmées.
Déployé au Koweït depuis début septembre et pour une durée de six mois, le LCL Didier occupe trois fonctions à la fois : il est non seulement l'adjoint du général de brigade aérienne Tardif dans ses responsabilités de Senior National Representative – Opératif (SNR-O) pour la France, conseiller, en matière économique, politique et sociale, du Directorate of Interagency and Civil Environment (DICE), mais également commandant des Éléments français (Comelef). Ces derniers œuvrent au profit du SNR-O, mais sont également insérés au sein de la Combined Joint Task Force (CJTF) de l'opération Inherent Resolve (OIR).
Le cumul très prenant de ces trois postes nécessite une malléabilité intellectuelle permanente et une capacité d'adaptation particulièrement robuste : rien d'effrayant toutefois pour cet officier friand de défis et de remises en cause, rompu à l'exercice du commandement. "On pourrait penser que le commandement, quel qu'il soit, où qu'il soit, c'est toujours pareil, mais c'est faux. En fait, le commandement en métropole en temps de paix c'est une chose ; le commandement en OPEX, c'est tout autre chose. Et ce n'est absolument pas une question d'effectif, c'est étroitement lié à la façon dont chacun vit l'éloignement par rapport à sa famille. Il y a une proximité en OPEX qui n’existe pas de la même manière en métropole et qui fait que tout est démultiplié. Il faut durer, parce qu'on n'a pas de véritable pause, et il faut encaisser."
Sa solution pour durer : la course à pied. "Je cours tous les matins", déclare avec enthousiasme celui qui, avant même son arrivée, s'est lancé le défi physique de parcourir 1 200 kilomètres durant son mandat. "Comme je n'ai pas beaucoup de soupapes au vu de mes trois casquettes, cela m'apporte beaucoup et fait partie des moments privilégiés."
Pour la première fois en OPEX et pour une durée si longue s'ajoute, pour ce père de deux garçons : la particularité de passer les fêtes loin des siens. Il raconte : "Je suis très attaché à ma famille. Mais cette année, je vais être avec une autre famille : celle du détachement. Comme tout le monde fait cet effort, vit cet éloignement, cela crée une réelle proximité et renforce cette communauté et la fraternité d'armes que l'on ressent sur un théâtre d'opérations. En tant que Comelef, je vais me retrouver à veiller de manière très précautionneuse sur le détachement."
Le retour, attendu dans la deuxième quinzaine de mars, est envisagé sereinement, dans les mêmes termes que l'achèvement d'un marathon : "Je le perçois de manière extrêmement positive. Je ne suis pas du tout inquiet. Je vais profiter de quelques jours de repos avec ma femme et mes enfants et retrouver ma place, car six mois, c'est long. Et, ensuite, partir aux Antilles pour retrouver le reste de ma famille."
Elles ont 25 et 26 ans. L’une est pompier dans l’armée de l’Air et de l’Espace (AAE), l’autre est conductrice d’engin dans l’armée de Terre. Toutes les deux sont caporaux et en mission sur la base aérienne projetée au Levant dans le cadre de l’opération Chammal. Après être allées sur le terrain ensemble pour une immersion dans leurs quotidiens respectifs, elles partagent et échangent sur leur expérience. Regard croisé.
Le caporal Julie:
Le caporal Julie, 25 ans, est conductrice équipier dans les pompiers de l’air. Engagée un an plus tard, elle dispose de trois ans et demi de service. Après avoir effectué ses classes militaires à Orange, elle a suivi trois mois de formation pompier sur la base aérienne 120 de Cazaux. S’en est suivi son passage du permis poids lourd afin de conduire des engins spécifiques et devenir, par la suite, conductrice équipier. Dans le sillage de leur formation, les pompiers de l’air disposent d’une particularité NRBC (nucléaire, radiologique, biologique, chimique). Elle a donc effectué une formation NRBC supplémentaire à Cazaux, puis à Bourges, ce qui lui permet notamment d’intervenir aujourd’hui dans le cadre de la crise de la Covid-19. Elle participe aujourd’hui à sa toute première OPEX.
Quant au caporal Shannon, elle est conductrice d’engins spécifiques, affectée dans le 25e régiment du génie de l’air. Engagée en 2016, elle a quatre années à son actif. Après trois mois de classes à Nîmes, elle a enchaîné les formations pour devenir conductrice d’engins, et savoir utiliser tous types de véhicules tels que le bulldozer ou encore la pelle hydraulique. De là, elle a multiplié les formations pour devenir pleinement opérationnelle, notamment avec l’acquisition du permis poids lourd ou encore le passage du certificat militaire élémentaire (CME) pour devenir chef d’équipe. Elle est aujourd’hui déployée pour sa 3e opération extérieure (OPEX).
Les deux caporaux se sont chacune engagées dans les armées pour des raisons distinctes. Du côté du caporal Julie, marquée par les attentats de Paris en 2015, elle a souhaité s’investir pour son pays, au service de la protection des concitoyens français. Le caporal Shannon, quant à elle, appréciait le sens du relationnel, l’entraide et l’esprit de cohésion offerts par les armées.
Zoom sur les missions sur le terrain :
Caporal Julie : « Ma mission en OPEX consiste principalement à superviser la sécurité incendie des aéronefs que nous pouvons retrouver sur le théâtre (Rafale, A400M) ainsi que la protection incendie des infrastructures. Je m’occupe également de toute la décontamination liée à la crise sanitaire. Et toi ? »
Caporal Shannon : « Je fais partie du génie de l’air. Nous pouvons penser que c’est un régiment de l’armée de l’Air et de l’Espace ; mais tout le personnel appartient à l’armée de Terre et, 90% de notre temps, nous sommes employés pour l’AAE. Actuellement, notre travail est d’assurer le maintien en condition opérationnelle de la piste, notamment en gardant en état les joints d’étanchéité. Nous allons mettre des résines de réparation rapide et reprendre les joints d’étanchéité des seuils de piste pour éviter une perte de granulats qui pourrait endommager les aéronefs. Également, nous peignons les marquages de signalisation sur la plateforme. »
Caporal Julie : « À quoi ressemble une journée type de travail pour toi ? »
Caporal Shannon : « Selon les missions, elle est différente. Par exemple, lorsque tu es venue, nous nettoyions des fissures pour mettre un mastic chaud, afin de refaire les joints d’étanchéité sur la piste. Ce jour-là, nous nous sommes levés à 4 heures du matin pour mettre en route le fondoir à bitume qui doit atteindre une température de 180°C. La machine met 4 à 5 heures à chauffer, ensuite nous nous rendons sur la piste ou sur le chantier pour travailler sur les fissures. Qu’en est-il de ton côté ? »
Caporal Julie : « Nous fonctionnons sur une base de 7j/7 et 24h/24. Chaque jour, nous changeons d’engin incendie, affectés dessus pour 24h. S’il s’agit d’un engin aéronautique adapté à la sécurité des avions, nous devons nous adapter aux heures de vol par exemple. Enfin, nous pouvons être appelés à tout moment pour un départ de feu ou pour la capture d’animaux dangereux : serpent, araignée, scorpion, etc. »
Alors que les missions restent les mêmes sur le territoire national autant que sur les théâtres d’opérations pour le caporal Shannon, celles du caporal Julie varient sensiblement : « Elle changent un peu, car les véhicules que nous utilisons sont totalement différents de ceux que nous avons en France. Nous suivons donc une formation accélérée lorsque nous arrivons sur le théâtre. En plus de cela, nous sommes en effectif réduit, nous devons alors nous adapter en permanence, notamment parce que le rythme de travail est plus soutenu qu’en France. Ce qui ne change pas, c’est le fort impact de la crise de la Covid-19, imposant une réorganisation complète de notre métier », conclut le caporal Julie.
Lancée depuis le 19 septembre 2014, l’opération Chammal représente le volet français de l’opération internationale Inherent Resolve (OIR) rassemblant 80 pays et organisations. En coordination avec le gouvernement iraquien et les alliés de la France présents dans la zone, l’opération Chammal apporte un soutien militaire aux forces locales engagées dans la lutte contre Daech sur leur territoire. L’opération Chammal se concentre désormais sur son pilier « appui » et compte 600 soldats insérés au sein des états-majors d’OIR ou sur les déploiements aériens et maritimes. |
Le commandant Pierre est officier renseignement dans l'armée de l'Air et de l'Espace (AAE). Chef de la fonction « opérations » des officiers français du Joint Operational Command Advisor Team (JOCAT), il effectue principalement des travaux de planification pour les opérations aériennes.
Arrivé début juillet 2020 au sein de l'opération Chammal, il était initialement rattaché à la division ciblage de l'état-major interallié et interarmées de la Force, le Combined Joint Task Force de l’Inherent Resolve (CJTF-OIR) au Koweït. Depuis fin septembre, il est désormais le chef par intérim de la fonction « opérations » du JOCAT, l'équipe des conseillers de la coalition auprès du centre d'opérations iraquien, le Joint Operations Command-Iraq (JOC-I).
Son travail consiste à faire le suivi des opérations des forces de sécurité iraquiennes et à conseiller les officiers iraquiens, colonels et généraux du JOC-I, afin d'être plus efficaces dans le combat contre Daech. Bien que spécialiste "air" en France, sa mission de conseil ici concerne aussi bien les opérations aériennes que terrestres de l'armée iraquienne.
Le commandant Pierre nous explique l'armement et le fonctionnement de son équipe : "Nous sommes actuellement trois dans notre cellule. Je suis secondé par une Américaine et une Suédoise. Nos rôles sont interchangeables, nous permettant d’être constamment en lien avec le JOC-I de 08h00 à 22h00."
Outre cette permanence au centre iraquien des opérations, s'ajoutent également des réunions au sein du JOCAT ou avec l'état-major iraquien pour débriefer les nombreuses actions des forces de sécurité des militaires iraquiens. Le commandant explique : "Comprendre comment les Iraquiens conduisent et planifient leurs opérations pour ensuite les conseiller. C'est un travail à la fois de fond et de précision, car leurs modes exécutoires et leurs procédures sont très différents des nôtres." Le samedi, début de la semaine au sein des forces de sécurité iraquiennes, est le jour clé. Une réunion hebdomadaire s’y tient afin de prioriser et organiser les opérations des jours et des semaines à venir. Le rythme est ensuite dicté par les opérations en cours.
Sur l'image des Français dans l'équipe, le commandant Pierre est affirmatif : "Notre intégration avec le reste de cette équipe internationalisée se passe très bien. Nous travaillons tous sur un pied d'égalité. Ces dernières années dans la coalition nous ont donné une sorte de légitimité, une compétence reconnue par tous. Les Iraquiens sont à ce titre très en recherche de notre compétence dans la lutte contre le terrorisme."
Pour le commandant Pierre, ce changement de mission dans cette nouvelle entité qu'est le JOCAT est une réelle opportunité d'apporter le savoir-faire de l’AAE à cette armée iraquienne.
Lancée depuis le 19 septembre 2014, l’opération Chammal représente le volet français de l’opération internationale Inherent Resolve (OIR) rassemblant 80 pays et organisations. En coordination avec le gouvernement irakien et les alliés de la France présents dans la zone, l’opération Chammal apporte un soutien militaire aux forces locales engagées dans la lutte contre Daech sur leur territoire. La Coalition internationale adapte en permanence son dispositif au Levant et la France poursuit son effort dans la région car le combat contre le terrorisme continue. L’opération Chammal se concentre désormais sur son pilier « appui » et compte 600 soldats insérés au sein des états-majors d’OIR ou sur les déploiements aériens et maritimes. |
Après avoir été officier de communication de la Base aérienne projetée au Levant (BAP) en 2015, le capitaine Flavien est retourné sur la terre du Levant en 2020 en tant que conseiller communication (Conscom) de l’opération Chammal. Il nous raconte son engagement à l’occasion de la célébration des 6 ans de la BAP.
« Mon mandat de 2015 s’est déroulé quelques jours seulement après les attentats de mi-novembre à Paris. La situation tactique a considérablement évolué : mis sous pression en décembre par les frappes de rétorsion menées par la coalition, Daech fût contraint d'adopter une posture défensive et de reculer, affaibli par les offensives des forces locales au sol et par les bombardements aériens. Les avions de chasse alors déployés sur la BAP étaient des Mirage 2000D et N. Le contexte opérationnel était dense puisque de très nombreuses frappes furent réalisées durant cette période au cours de près de 500 missions.
Outre l'augmentation du nombre de chasseurs projetés sur la base, cette période a été marquée, d'une part, par l'implantation permanente sur la plateforme d'un appareil de patrouille maritime Atlantique 2 (ATL2) de la Marine nationale et, d'autre part, par le déploiement du Groupe aéronaval (GAN) qui a permis la réalisation de près de 100 frappes.
Cinq années plus tard, pratiquement jour pour jour, devenu réserviste, je suis de nouveau engagé dans la même opération en qualité de Conscom de l’opération Chammal, basé au Koweït. Le principal changement est l’évolution de la situation tactique, l'opération étant passée dans une phase de stabilisation et de préparation de l'avenir.
Une même opération, deux ambiances, deux contextes, mais un objectif inchangé en tant que chargé de communication : faire savoir au public de la manière la plus pédagogique, l'histoire de cet engagement. »
Engagé au sein de l’armée de l’Air et de l’Espace, le capitaine Dorian est chef du détachement du Groupement de Transport Opérationnel à la Base aérienne projetée (BAP) de Niamey. Déployé au sein de l’opération BARKHANE, il partage avec nous son parcours et sa mission au sein de l’opération.
En 2010, Dorian a 20 ans quand il intègre l’école de l’Air de Salon-de-Provence où il suit la formation militaire initiale durant 4 ans. A l’issue, il entame la formation générale des pilotes à Cognac avant de terminer par la formation des pilotes de transport à Avord. Au terme de 6 ans de formation, il devient pilote de transport en 2016, et est affecté sur la base aérienne 123 d’Orléans-Bricy. « Ayant grandi à côté de la base aérienne 101 de Francazal à Toulouse, j’ai toujours voulu être pilote de Transall C-160 », explique le capitaine. Après 50 ans d’opérations extérieures, le C-160 a été remplacé par l’Hercules C-130J et la flotte vient de s’enrichir de l’A400M. « Les missions de l’A400M et son système moderne m’ont poussé à choisir cet avion », précise le jeune pilote. Son rêve d’enfant s’est donc réalisé au-delà de ses espérances, puisqu’il pilote le dernier né des transporteurs, l’Atlas.
Déployé à intervalle régulier en bande sahélo-saharienne, le capitaine Dorian, réalise aujourd’hui sa première opération extérieure en tant que commandant de détachement du Groupement de transport opérationnel (GTO). « Les principales missions du Groupement de transport opérationnel sont le transport de personnel et de fret. Nous effectuons également des missions tactiques en zone hostile avec du largage de parachutistes ou de fret, du ravitaillement en vol ou de l’avitaillement au sol », explique-t-il.
Composé d’une quarantaine de personnes, avec diverses spécialités, mécanicien, opérateur radio, officier renseignement, pilote, le GTO comprend plusieurs aéronefs différents. « Jusqu’à présent, je ne gérai qu’un équipage de 5 personnes avec éventuellement 2 ou 3 mécaniciens, pour une mission d’une dizaine de jours. Aujourd’hui, il s’agit d’un tout autre format : un vrai challenge humain pour moi » précise le pilote. Il ajoute qu’ « entre le C-130J (design US) et l’A400M (consortium européen), les modes opératoires peuvent différer. Heureusement nous avons tous la même culture, celle du commandement du transport aérien militaire (COTAM) ».
A 30 ans, ce jeune officier ne se lasse pas de son métier et de ses multiples déploiements en opération extérieure. « Ce déploiement m’aura permis de relever un vrai challenge humain, technique, tactique, logistique, opérationnel particulièrement enrichissant », souligne le capitaine.
Navigateur de combat au sein de l’escadron de chasse 1.4 « Gascogne » à Saint-Dizier, le capitaine Thomas se trouve actuellement déployé au sein du détachement chasse de la base aérienne projetée (BAP) au Levant, dans le cadre de l’opération Chammal. Cette année, il passera les fêtes sur le sol levantin.
Après avoir effectué sa scolarité à l’École de l’air puis au sein de différentes écoles de formation, cela fait maintenant trois ans que le capitaine est affecté en escadron en tant que sous-chef navigateur, c’est-à-dire le personnel navigant en place arrière des Rafale biplaces ou des Mirage 2000 D.
Déployé pour la deuxième fois sur la BAP (mais pour la première fois au moment des fêtes), il effectue au quotidien des missions au-dessus de l’Iraq et de la Syrie au profit de la coalition et de ses différents partenaires. Il témoigne :
« Lorsque l’on est au Levant, c’est comme en France : l’activité ne s’arrête pas pendant les vacances et les jours fériés. Ce sera également le cas à Noël et au Nouvel An : il n’y aura pas de « No Fly Day » – journée sans vol consacrée à la régénération organique, aux préparations des missions et à la maintenance des aéronefs – pour le groupement de bombardement n°43. Il faut en effet assurer une présence dans les airs en permanence.
C’est ma première mission à Noël, loin du domicile et de la famille. L’avantage c’est que je connaissais ma mission longtemps à l’avance et nous avons pu nous organiser. Pour eux, c’est plus dur à vivre, mais ils sont habitués. Grâce aux appels en visioconférence, notre façon de communiquer s’est vraiment améliorée. Sans oublier les traditionnels colis et les lettres que nous recevons toujours.
Le plus dur finalement, en cette année particulière, ce n’est pas forcément de savoir ma famille loin pendant les fêtes, mais c’est plutôt d’être loin d’elle, pendant qu’en France, les contraintes sanitaires sont pesantes. Ici, nous avons un protocole sanitaire strict à respecter en entrant sur le territoire avec des mesures adaptées à l’environnement et aux menaces et aucun cas de Covid-19 n’est à déplorer sur la base aérienne projetée. Bien sûr, nous respectons les gestes barrières et nous appliquons les protocoles, car la mission doit continuer. »
L’adjudant Karine est passionnée par son métier de sauveteur-plongeur pour lequel elle a fait preuve de ténacité. Elle était la seule femme sauveteur-plongeur héliporté (SPH) des armées, jusqu'à il y a un an, lorsqu’une camarade de la Marine nationale a rejoint les rangs.
Engagée il y a 26 ans dans l'armée de l'Air et de l'Espace (AAE), l'adjudant Karine s’est engagée en tant que monitrice de sport et a servi dans la spécialité pendant presque dix ans. Elle découvre le métier de sauveteur-plongeur héliporté en 2001 lors d'un déplacement à Djibouti, au sein des Forces françaises stationnées à Djibouti (FFDJ). Au fil des échanges, il lui est conseillé de patienter, puisque le concours n’est pas encore ouvert au personnel féminin. Et c'est en février 2003, à 28 ans, âge maximum pour présenter les épreuves, qu’elle réussit les tests. Chaque jour, elle s'est entraînée sans relâche: natation, musculation, course à pied... afin de décrocher une place à l'école des plongeurs de Saint-Mandrier. Objectif atteint.
Pugnace, elle arrive à Saint-Mandrier entourée de 46 autres camarades, dont une femme. Le stage de sélection, étendu sur six semaines, se révèle particulièrement éprouvant tant physiquement que mentalement: « Nous devons savoir répondre immédiatement à l'exercice demandé. Il n’y a pas de phase d'apprentissage, nous devons pouvoir restituer dans la foulée. » À chaque étape, les candidats peuvent être éliminés: elle finit 9e sur les 17 lauréats. À la suite de l'instruction sur la base aérienne (BA) 120 de Cazaux, incluant le volet aéronautique, l'adjudant est brevetée plongeur-héliporté en finissant major de sa promotion.
Elle est premièrement affectée sur la base aérienne 126 de Solenzara, dans l'escadron d’hélicoptères (EH). En son sein, elle participe à une mission qui marquera sa carrière : une double éjection de pilotes de Mirage 2000. En 2006, l'adjudant Karine suit une formation sur un an dans l’optique de devenir instructeur de survie à Cazaux, où elle reste affectée pendant sept ans. Malgré son nouveau poste, elle a à cœur de se maintenir en condition physique. C’est d’ailleurs l’une des premières difficultés de son métier exigeant de sauveteur-plongeur héliporté : être en permanence physiquement, mentalement et techniquement apte. En 2016, elle est ensuite affectée au sein de l'EH Pyrénées à Cazaux en tant que cheffe SPH.
L'unique femme sauveteur-plongeur héliporté de l'AAE se retrouve enfin à Djibouti sur la BA 188 depuis 2018, où elle alterne évacuations sanitaires et Search and Rescue (SAR—recherche et sauvetage).
Le sergent-chef Richard est technicien de maintenance armement, également surnommé « pétaf », depuis un an sur la base aérienne (BA) 367 « capitaine François Massé » en Guyane. Avec son équipe, ils sont responsables de l’ensemble de l’armement embarqué sur les aéronefs de la base aérienne.
« Quand je me suis engagé dans l’armée de l’Air et de l’Espace, j’étais à la recherche d’un métier atypique, quelque chose d’unique », explique le sergent-chef Richard. Ce sous-officier est technicien de maintenance armement, autrement appelé « pétaf ». Au quotidien, il est responsable de la mise en œuvre et de la maintenance de l’armement et du système de sauvetage des aéronefs de l’escadron de transport 68 « Antilles-Guyane ». « Nous sommes en charge de l’ensemble de la flotte hélicoptères et avions de la base aérienne », détaille-t-il.
De Rochefort à la Guyane, en passant par la Corse
En novembre 2011, le sergent-chef Richard s’engage dans l’armée de l’Air et de l’Espace, une passion de son grand-père. Avec son bac en poche, il fait le choix d’être armurier. Après sa formation militaire et professionnelle, il rejoint la BA 126 de Solenzara. En Corse, ce sous-officier a participé à de multiples campagnes de tir, nécessaires à l’entraînement et à la qualification des équipages. Il passe ensuite quatre mois en Guyane à l’occasion d’un renfort pour une mission de courte durée. Après sept ans à sillonner la Corse, le sergent-chef est affecté enfin sur la BA 367 en Guyane en 2019, en qualité de chef de service. Pour compléter ses compétences, il se forme dorénavant au départ des hélicoptères et au plein carburant des aéronefs. « En élargissant mes compétences, je participe encore plus aux missions de la base aérienne 367 », ajoute le sous-officier.
Il est ainsi impliqué dans toutes les missions de la BA 367, que ce soit au profit des opérations Harpie et Titan, ou d’une évacuation sanitaire.
Un couteau suisse de compétences
Armement, artifice, en passant par les petits calibres ou encore les accessoires de survie et de sauvetage, son panel de missions est étendu. « Sur hélicoptère Puma, nous sommes, par exemple, responsables du matériel de survie et de sauvetage à bord de l’appareil, indique le sous-officier. Mais également de l’armement de bord de la machine. » Il y a quelques semaines, en raison d’une panne sur l’hélicoptère Puma, un équipage a dû utiliser ce lot de détresse pour passer la nuit au cœur de la forêt amazonienne. « Au quotidien, nous travaillons aussi bien sur des visites programmées, pour que le matériel soit toujours opérationnel, que sur la préparation des machines, ajoute-t-il. En fonction du profil de vol, nous préparons le matériel de survie ou l’armement de bord. » Dans le cas de survol maritime, les aéronefs sont notamment équipés d’un canot de sauvetage ou de gilets de sauvetage.
Depuis quelques mois avec la crise de la Covid-19, aucun appareil ne décolle sans lot « Covid » à bord. « Dans chaque aéronef, nous avons confectionné une boîte avec notamment des gants, des masques, des protections individuelles, confie le sergent-chef Richard. Ce lot est totalement d’actualité. Régulièrement, au cours des vols ou des évacuations sanitaires, l’équipage s’équipe pour se protéger et lutter contre la propagation du virus. »
Le sergent-chef Tiphaine est chef de groupe sur l’opération Sentinelle dans les terminaux de l’aéroport d’Orly avec sa patrouille d’aviateurs. Avec plus de 10 ans d’expérience dans le combat sol-air sur radar Crotale NG en tant qu’opératrice principale de tir, la jeune sous-officier s’est portée volontaire pour cette mission.
Elle nous raconte : « Je voulais découvrir d’autres missions que celles dont j’ai l’habitude, être au contact de la population et rencontrer d’autres militaires aux spécialités variées : c’est vraiment ce qui me transporte » indique le sergent-chef.
Après avoir donné ses ordres, la patrouille s’élance dans les longs terminaux de l’aéroport d’Orly. Leur mission est d’assurer la protection des citoyens et de sécuriser le site. Les aviateurs de l’armée de l’Air et de l’Espace sont déployés sur l’aéroport depuis le lancement de l’opération. « Nos missions Sentinelle se tiennent sur la base du volontariat. Les temps de présence se sont allongés, ce qui nous permet de mieux appréhender le terrain et d’être pleinement opérationnels dans la mission. De plus, en tant qu’Aviateurs, les aéroports font partie de notre ADN » ajoute le sergent-chef Tiphaine, un sourire en coin.
La crise sanitaire ayant rendu les terminaux moins fréquentés qu’à l’ordinaire, les militaires n’en restent pas moins alertes. « En effet, même s’il y a moins de vols que d’habitude, notre mission ne change pas. Nous inspectons chaque recoin et surveillons l’ambiance générale. La population vient tout de même nous voir pour nous remercier de notre travail et nos relations avec les forces de sécurités de l’aéroport sont vraiment excellentes. C’est agréable car nous avons tous le même objectif » explique la militaire.
La patrouille effectuée et rien à signaler, une autre prendra immédiatement le relai. Dès la fin de sa mission Sentinelle, le sergent-chef Tiphaine partira prochainement en stage pour se former sur un nouveau système de protection et continuer à s’épanouir dans son cœur de métier.
Lancée en janvier 2015, l’opération Sentinelle est une opération des Armées françaises visant à faire face aux menaces terroristes sur le territoire national et à protéger les endroits sensibles du territoire. Depuis 2016, le dispositif est adapté en permanence. Les unités de protection sont composées à la fois de militaires d’active et de réservistes physiquement aguerris et aptes à servir en tout temps et en tout lieu. Ces personnels sont formés rigoureusement au tir de combat, aux gestes de premiers secours et aux techniques d’intervention afin d’assurer la protection des français. |
Le sergent-chef Charline est militaire depuis 10 ans en tant que prévisionniste météorologiste et projetée au Levant pour 3 mois. Diplômée de l’Ecole nationale de météorologie au sein de Météo France à Toulouse, elle œuvre sur la base aérienne projetée (BAP) au Levant comme elle le ferait en France. Nous revenons sur sa mission :
En quoi consiste votre mission, ici, au Levant ?
Avec mon détachement, nous travaillons au profit des aéronefs et assurons la protection des personnes et des biens déployés sur la BAP en rédigeant et transmettant des alertes en cas de phénomènes dangereux. Nous faisons aussi de la climatologie de terrain via des observations obtenues grâce à la TACMET (Tactical meteorological observation system). Ces données climatologiques et plusieurs de leurs productions sont également transmises au CISMF (Centre interarmées de soutien météo-océanographique des forces) de Toulouse pour permettre une large diffusion de l’information météo au sein des forces et d’enrichir la base de données climatologique des théâtres d’opérations.
Notre tâche principale au quotidien est la préparation du briefing, je dirais même que c’est la plus chronophage. En effet, pour préparer le briefing nous devons d’abord récupérer les horaires de décollage et d’atterrissage des Rafale ainsi que leur zone de travail, principalement au-dessus de l’Irak et de la Syrie ainsi que les lieux de ravitaillement pour cibler les besoins météo en fonction de la mission prévue. Cette dernière peut être de l’ordre de l’appui aérien, de la reconnaissance ou du renseignement.
Enfin, lorsque c’est l’heure du briefing, nous devons présenter nos diverses productions – coupe terrain, coupes trajets, axes de ravitaillement, aperçu général de la situation météorologique sur le théâtre – en essayant de synthétiser au maximum les informations pour faire ressortir les éléments importants concernant le vol, les phénomènes impactant et/ou dangereux durant toute la mission, du décollage à l’atterrissage.
La météo n’est qu’un élément parmi d’autres dans la préparation de la mission des pilotes mais qui peut en empêcher la bonne réalisation, ce fût le cas par exemple en début de mandat lorsqu’une mission a dû être annulée en raison d’un orage conséquent ne permettant pas aux Rafale C de se rendre sur leur zone de travail.
Quelles sont les particularités climatiques ici au Levant ?
Le théâtre étant vaste, les particularités sont multiples notamment en fonction de la saison. Tout terrain météo est conditionné par son environnement proche : relief, nature des sols, végétation, hydrographie…
Ici, il y a plusieurs climats : le premier est désertique et aride, le second sur le littoral est plutôt un climat tempéré et il y a le climat montagnard dans les reliefs. Les températures aussi varient beaucoup, de la canicule en été au froid hivernal, accompagné d’orages et de précipitations.
N’oublions pas que nous sommes dans le désert et qu’il y a souvent des tempêtes de poussière et de sable souvent dues aux vents locaux : Khamsin, Simoun et bien sur le Chammal.
Vous passez les fêtes de fin d’année en opération extérieure, comment vivez-vous cette période ?
Je dois avouer que j’ai tout de même un petit pincement au cœur de ne pas être entourée de mes proches pour les fêtes de fin d’année mais nous sommes tous dans la même situation ici et l’Armée de l’Air et de l’Espace reste une grande famille. Fêter Noël sur un théâtre de guerre entourée de personnes passionnées et engagées reste un moment particulier d’échanges et de partage tout en continuant la mission. Je fêterai Noël avec mes proches à mon retour avec un peu de retard !
Le sergent Florian travaille au profit de l’opération Chammal en tant que photographe et est actuellement déployé sur la base aérienne projetée (BAP) au Levant. Voici son portrait.
Sergent, vous venez d’arriver sur le théâtre et vous y effectuez votre première opération extérieure. Quel est votre parcours ?
« Je suis titulaire d’un baccalauréat professionnel en infographie, communication visuelle et plurimédia. Au cours de ce cursus, j’ai eu la chance d’effectuer un stage sur la base aérienne (BA) 106 de Bordeaux-Mérignac, au sein de la cellule communication. Là, j’y ai connu une super équipe qui m’a parlé de la réserve. Je m’engage donc par la suite dans cette voie et continue d’évoluer dans la même unité, tout en poursuivant mes études. Peu après, je décide de rejoindre l’École de formation des sous-officiers de l’armée de l’Air (EFSOAA) et deviens technicien dans les métiers de l’image. Depuis, j’ai pu réaliser plusieurs opérations intérieures et j’effectue en effet actuellement ma première opération extérieure sur la BAP au Levant, dans le cadre de l’opération Chammal. »
Y a-t-il quelque chose qui vous a marqué depuis votre arrivée sur le théâtre ? Et d’ailleurs, quelles sont vos missions ?
« Le rythme ! Je m’y étais préparé, mais c’est une réalité : ici, on travaille 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. La relève du photographe sur le départ est très rapide, mais on s’adapte. Pendant ce court laps de temps, nous discutons notamment des différentes façons de traitement des photos ou encore du classement des reportages. Puis, j’ai pu recueillir le retour d’expérience et les conseils du photographe qui venait d’effectuer plusieurs mois ici. Nous nous préparons à nos futures missions, soit la couverture photo et vidéo des opérations et des actions des militaires français engagés sur le terrain. »
Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre métier ?
« Ce qui me plaît le plus, c’est justement tout ce que ce métier peut m’apporter : le contact humain notamment, puisqu’en tant que photographe, nous rencontrons énormément de monde. Notre spécialité a un côté artistique qui est très intéressant : chaque photographe de l’armée de l’Air et de l’Espace apporte sa “ patte ” et sa propre vision de nos missions. Certes, je suis déployé depuis peu de temps, mais j’ai déjà pu apprécié un reportage effectué dernièrement, à l’occasion des 20 kilomètres de Paris à distance. Nous étions tous réunis en plein désert avec un superbe lever de soleil, et les militaires étaient fiers de participer à ce challenge, même loin de la métropole. C’est extrêmement gratifiant d’immortaliser ces moments. »
Bien que la période des fêtes de fin d'année s'accompagne généralement d'une accalmie dans la majorité des activités, la notion de "trêve des confiseurs" est étrangère à tous les aviateurs engagés, en métropole comme sur les théâtres d'opération, pour la défense de la France et des français.
Rencontre avec le SGT Pauline, secrétaire du SNR-O en poste au Koweït, dans le cadre de l'opération Chammal.
Lorsqu'elle s'engage dans l'Armée de l'Air en 2015, la SGT Pauline est la première de sa famille à embrasser une carrière sous l'uniforme : "Hormis mes deux grands-pères qui ont fait, pour l'un la seconde guerre mondiale, pour l'autre la guerre d'Algérie, ma famille ne comptait jusqu'alors aucun militaire".
"C'est une envie que j'avais dès l'enfance." poursuit-elle" Quand j'avais 8 ou 10 ans, j'ai dit à ma mère "Quand je serai grande, je serai soit policier, soit militaire". Mon père a toujours regardé tous les reportages sur l'armée en général et à force de baigner là-dedans, de l'entendre dire "c'est incroyable, ils font un travail hors du commun" ça m'a appris ce respect de l'uniforme et ça m'a mis des étoiles dans les yeux."
Néanmoins, une fois le Bac en poche, ce sont des études dans les métiers du livre et du patrimoine afin de travailler dans des maisons d'édition qu'elle entreprend. Mais l'univers du Livre se porte mal et, de petits boulots en petits boulot, son rêve d'enfance se rappelle à elle et sa fascination pour ses métiers qui se caractérisent par un fort esprit de communauté, d'équipe, de famille, la rattrape : " Mon père m'a toujours inculqué un grand respect pour les militaires. Il a fait son service militaire dans l'armée de l'air dans les années 80 à Doullens et en a gardé un souvenir impérissable : il avait même hésité à s'engager." La famille réside en région parisienne, pratiquement sous l'axe du défilé du 14 juillet que son père ne manque jamais : "Le grand défi chaque année était de voir passer le plus grand nombre d'avions possible et d'apprendre à les reconnaître."
Lorsqu'elle franchit le pas, son père l'encourage : "La vie de militaire a été une totale découverte sur tous les points : la vie en communauté – surtout en tant que fille unique – , être H24 avec des personnes etc., ça a été une découverte du début à la fin. Ça m'a permis de beaucoup grandir et surtout de me sociabiliser. Directement sortie d'école, j'ai été affectée en décembre 2015 au Cabinet du Chef d'Etat-Major des Armées. A l'amphi, nous étions plusieurs à avoir choisi Paris et arrivés le premier jour, nous avons passé toute une après-midi d'entretiens sans connaître les postes à pourvoir : ce sont les unités qui nous ont choisis."
A l'été 2018, elle est affectée, toujours à Paris, au secrétariat du cabinet du Chef d'Etat-Major de l'Armée de l'Air.
Volontaire pour partir en détachement depuis sa sortie d'école, elle participe à sa première OPEX. "En métropole, je fais du travail de secrétariat dans une unité. C'est très varié. Ici, c'est totalement différent : c'est uniquement du travail de secrétariat d'autorité pur et dur (gérer un agenda, prendre les appels, éventuellement envoyer des notes mais uniquement celles du Général) et en fait je ne m'occupe que d'une personne, voire deux avec l'assistant militaire. C'est très enrichissant sur le plan professionnel et personnel. A mon retour, je pense que j'aurai un regard plus emphatique sur le fonctionnement du secrétariat d'autorités qui est le bureau voisin du mien …"
Ces fêtes de fin d'années ne seront toutefois pas les premières que la SGT Pauline passera loin des siens, dans le cadre d'un déploiement opérationnel : "J'ai déjà fait Sentinelle à la période de Noël en 2018. Quand on n'a pas encore construit de famille, c'est beaucoup plus simple à gérer et le fait qu'on soit tous ensemble, ça rapproche énormément et ça fait relativiser par rapport à certaines personnes qui sont chargées de famille et pour qui c'est plus dur. J'ai d'ailleurs préféré partir à cette période pour laisser la place à ceux qui souhaitent passer Noël en famille."
Outre Noël et la Nouvelle année, Pauline fêtera également son anniversaire lors de son déploiement avant un retour prévu vers le mois de mars : "Je n'ai pas encore le manque de la France, le manque de la famille alors je ne vois pas encore plus loin que les prochaines semaines ici. Néanmoins, après 5 ans à Paris, j'espère une mutation à l'été, sur une base aérienne ou en entité opérationnelle."
Après un peu de repos toutefois.
Bien que la période des fêtes de fin d'année s'accompagne généralement d'une accalmie dans la majorité des activités, la notion de "trêve des confiseurs" est étrangère à tous les aviateurs engagés, en métropole comme sur les théâtres d'opération, pour la défense de la France et des français.
Rencontre avec la SGT Alix, exploitant "Renseignement" en poste au Koweït, dans le cadre de l'opération Chammal.
Entre la Sergent Alix, 23 ans, et l'Armée de l'Air et de l'espace, c'est une histoire de famille : née à Evreux en raison de l'affectation de son père sur la Base Aérienne 105, elle a été "habituée depuis toute petite à être trimbalée sur la base aérienne" raconte t'elle. "Petite, j'accompagnais, émerveillée, mon père à l'escadron de transport "Anjou" dont il était le Secrétaire Opérationnel et je me souviens que j'étais complètement admirative des Transall garés sur le parking."
Elle n'a pas attendue de faire son baptême de l'air vers l'âge de 10 ans, lors d'une affectation outre-mer de son papa, pour avoir envie de s'engager.
Ainsi, elle effectue une Période militaire initiale et de perfectionnement à la défense nationale (PMI-PDN), à 16 ans, suivie, l'année suivante, d'une Formation militaire initiale de réserviste (FMIR). Elle est alors affectée au secrétariat du centre d’instruction et d’information des réserves de l’Armée de l’air (CIRAA) de la base aérienne : "Je m'occupais des cadets de la défense et de l'instruction des FMIR et des PMI-PDN." Le commandant du CIRAA, dont la personnalité comme la carrière confortent encore son désir d'engagement, met à profit son réseau de connaissance sur l'emprise pour lui ouvrir les portes de toutes les unités à la découverte des différentes spécialités. Et c'est la révélation : "C'est en allant à l'Escadron Electronique Aéroportée 1/54 "Dunkerque" que je me suis réellement dit que la spécialité "Rens" me conviendrait."
Après trois années intensives dans la réserve, elle pousse donc les portes d'un Centre d'Information et de recrutement des Forces Armées (CIRFA), sachant ce qu'elle voulait faire – "et ne voulant faire que ça !" – et intègre l'Ecole de Formation des Sous-Officiers de l'Armée de l'Air (EFSOAA) en 2017.
A sa sortie d'école, elle est affectée en région parisienne en tant qu'exploitant "Renseignement". Son job ? "Analyser et mettre en corrélation du renseignement, qu'il provienne de sources ouvertes (NDLR : Médias ou grand public) ou d'autres sources, afin d'en tirer une pré-synthèse des informations les plus importantes, transmise aux officiers. Je fais une pré-analyse des informations pour alimenter une analyse plus complète. Ici, on est sur du travail de fond, essentiellement géopolitique, pour alimenter l'échelon de renseignement du théâtre Irak-Syrie Français. Je m'occupe également de la diffusion des renseignements Français aux partenaires de la coalition."
Elle effectue actuellement au Koweït son deuxième détachement en opération extérieure depuis le début de son temps de service : "En fait, j'aurais passé presque 7 mois en OPEX en 2020." constate, dans un sourire, celle qui, célibataire, ne s'angoisse pas trop à l'idée de passer les fêtes loin des siens : "Passer les fêtes en OPEX, pour un jeune Sergent, c'est assez simple quand on n'a pas vraiment de foyer qui nous attend. C'est toujours un petit peu difficile de voir sa famille ensemble et d'être loin mais je pense que comme on est tous dans la même situation, ça devient plus facile puisqu'on va fêter Noël aussi, à notre façon, sans nos proches, mais avec un détachement avec qui on s'entend bien. Pour moi le plus difficile à passer, c'est Noël : le Nouvel An, ça reste une soirée comme une autre, c'est juste qu'on change d'année."
A son retour en Métropole, au printemps, elle se consacrera, après un peu de repos, à la poursuite de l'acquisition de ses qualifications pour pouvoir mieux appréhender sa prochaine OPEX, de nouveau en Afrique, à l'été 2021.
"J'envisage de tenter le concours de l'Ecole de l'Air Interne (EAI) afin de vivre autrement ma spécialité en tant qu'officier Rens et de détenir plus de responsabilités maintenant que je sais que le renseignement me plait. Je veux élargir mes perspectives et partir sur une carrière longue."
Des projets précis décidément bien arrêtés …
Maripasoula et Camopi, deux communes de Guyane, accueillent respectivement des bases opérationnelles avancées de l’armée de Terre. Comme tous les sites éloignés en Guyane, un ravitaillement régulier est nécessaire, notamment pour continuer la lutte contre l’orpaillage illégal dans le cadre de l’opération Harpie. Une routine que le caporal-chef Cédric, opérateur de transit aérien, connaît par cœur.
Sur la base aérienne (BA) 367, à 6h30, l’aube pointe à l’horizon. Sur le tarmac, l'activité bat déjà son plein. Les agents du transit aérien chargent un avion Casa. Le décollage est prévu dans moins d'une heure pour acheminer du matériel et des passagers à Maripasoula. Un peu plus loin, une autre équipe de l’escale s'occupent d'un C-130, en partance pour une mission en direction de la métropole. Au cœur de ce dispositif, le caporal-chef Cédric, opérateur de transit aérien.
Engagé dans l'armée de l'Air et de l'Espace depuis 2007, il travaille depuis à l’escale aérienne militaire de la BA 367. Guyanais d’origine, il traite notamment les chargements des vecteurs aériens pour soutenir les forces déployées sur les bases opérationnelles avancées. Confection des palettes, calcul de charge, acheminement du matériel constituent ses différentes tâches.
Il s'est d'ailleurs particulièrement illustré en 2017 lors des opérations de secours consécutives au passage des ouragans Irma, José et Maria sur les Antilles, en qualité d’opérateur de transit aérien déployé sur l’aéroport de Saint-Martin Grand-Case. Arrivé après le passage de l’ouragan Irma sur une plateforme aéroportuaire dévastée, le caporal-chef Cédric et son équipe ont tout mis en œuvre pour assurer la gestion des chargements d’aéronefs et l’évacuation des populations du 9 au 17 septembre 2017. Sa motivation et son opiniâtreté ont permis au pont aérien de Saint-Martin de ne jamais s’interrompre, en assurant le chargement et le déchargement journalier de la vingtaine de vecteurs aériens. Au cours de ce détachement, il a assuré le transit de plusieurs dizaines de tonnes de fret et contribué à l’évacuation en neuf jours de plus de 7 000 personnes. « S’il fallait le refaire, je repartirai sans hésitation », confie le caporal-chef.
Disponible, volontaire et doté d’un grand professionnalisme, ce militaire du rang totalise pas moins de 710 heures de vol pour l'acheminement du fret, indispensable pour l'opération Harpie.
Déployée depuis deux mois sur la base aérienne projetée (BAP) de N’Djamena, le caporal Noémie est agent de prévention du péril animalier. Sa mission : la protection des aéronefs avant leur décollage ou leur atterrissage. Mais quel est le lien entre l’intitulé de sa fonction et sa mission ? Explications.
Un Casa décolle à 8h00. Le caporal Noémie, accompagnée de son binôme, l’adjudant-chef Christophe, entrent en piste dès 07h30 après avoir obtenu l’autorisation de la tour de contrôle. À bord de leur véhicule 4X4, ils multiplient les allers et retours sur la piste de décollage et d’atterrissage afin de les inspecter et d’effrayer les oiseaux présents aux abords. Le but : faire en sorte que les volatiles s’éloignent de la zone. Si certains oiseaux connaissent le véhicule à force de le voir circuler et préfèrent partir au loin, pour d’autres, cela ne suffit pas. Le binôme dispose alors de moyens qu’ils utilisent en fonction de la situation tel que l’effaroucheur acoustique ou l’armement spécifique (révolvers et pistolets lanceurs avec munitions pyrotechniques d’effarouchement ainsi que des fusils de chasse avec munitions létales). Il faut en effet écarter le risque d’avoir un oiseau qui traverse la piste au moment du passage de l’avion, car les conséquences pourraient être graves. L’impact sur la structure de l’aéronef peut aller de la détérioration d’éléments sensibles à l’ingestion-moteur pouvant causer le largage d’emports voire même l’éjection de l’équipage. Ce matin, au moment du décollage : rien à signaler, les oiseaux se sont éloignés grâce à l’action des effaroucheurs.
À tout juste 25 ans, le caporal Noémie exerce ce métier depuis maintenant trois ans. Elle effectue au Tchad sa première opération extérieure (OPEX). Titulaire d’un BTS Gestion et protection de la nature, elle a découvert cette spécialité grâce à des camarades de lycée qui s’étaient dirigés vers cette voie, ce qui l’a décidée à s’engager. Sa spécialité présente toutefois quelques particularités sur le théâtre. « Au Tchad, nous travaillons toujours en binôme, alors qu’en France, nous opérons seuls », précise-t-elle. Si elle regrette de ne pouvoir exercer le volet prévention* de son métier en OPEX, elle se réjouit de pouvoir réaliser sa mission au profit d’aéronefs plus variés que ceux de sa base en France.
En à peine deux mois, elle a déjà grandement enrichi son expérience opérationnelle au travers de ses relations avec les autres unités de la force Barkhane. Elle conclut : « Grâce au contact permanent avec les contrôleurs aériens de l’aéroport de N’Djamena, je travaille également dans un contexte international. »
En France, l’agent de prévention du péril animalier a également un rôle de préservation : il conseille le commandement sur l’aménagement des zones autour des pistes et sur tout ce qui pourrait avoir un impact sur la sécurité aérienne. |
Sources : EMA
Droits : EMA