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Armée de l'Air et de l'Espace

Mise à jour  : 12/09/2020 - Auteur : Armee de lAir et de lEspace - Direction : Armée de l'Air et de l'Espace

"Il était écrit, dès la naissance de l'armée de l'Air, que les aviateurs seraient voués à explorer tout ce que peuvent offrir l'air et l'espace.

Aujourd'hui, les aviateurs doivent regarder encore plus haut, encore plus loin, vers ce nouveau champ de confrontation, hautement stratégique et de plus en plus connecté, qu'est devenu l'espace. Nous vivons un moment décisif.

Nous devons désormais assurer notre défense de l'espace, et par l'espace. Il s'agit de garantir la liberté d'accès et d'action dans l'espace, par une meilleure connaissance de ce qui s'y passe et une capacité de réponse face aux menaces émergentes. Il s'agit de renforcer l'autonomie stratégique de notre pays.

Aviatrices, Aviateurs, nous conservons notre ADN, celui qui nous caractérise, et les valeurs qui nous rassemblent. Nous sommes appelés à façonner ensemble notre avenir avec détermination. Vos qualités vous permettent de maîtriser le ciel. Elles vous conduisent désormais à conquérir l'espace !"

- Général Philippe Lavigne, Chef d'état-major de l'armée de l'Air et de l'Espace

  • Le logo
  • Le commandement de l'espace
  • Pourquoi l'espace devient-il une prérogative de l'armée de l'Air ?
  • Les enjeux
  • Nos missions
  • Les missions permanentes

Le logo

         

La protection de nos intérêts civils et militaires, l’évolution croissante des activités spatiales et l’extension des champs de conflictualité jusque dans l’espace en font un milieu hautement stratégique et un théâtre à part entière. Nécessaire à tout type d’opération aérienne, terrestre ou maritime, la maîtrise du milieu spatial s’inscrit un peu plus chaque jour comme un enjeu majeur de souveraineté nationale.

      

Afin d’intégrer pleinement cette dimension et de permettre la mise en œuvre de la stratégie spatiale de notre pays, l’armée de l’Air évolue pour devenir «armée de l’Air et de l’Espace».
Liée à l’espace depuis ses origines et garante de la maîtrise du milieu aérien, l’armée de l’Air avait préalablement développé des capacités d’observation, de renseignement, de surveillance et de contrôle de l’espace aérien depuis l’espace. Ces capacités ont vocation à s’étendre dans cette dimension.

       

Pour marquer cette évolution de la mission, l’identité visuelle de l’armée de l’Air évolue elle aussi. Souhaitant répondre à la volonté des Aviateurs de maintenir les traits identitaires qui les caractérisent, ce nouveau logo reprend les caractéristiques principales du précédent pour souligner la continuité avec l’armée de l’Air (passée et actuelle), en y ajoutant trois principes clés :

     

  • marquer qu’il s’agit d’une évolution et non d’une révolution de la mission: conservation de l’épervier ;
  • intégrer la dimension espace: ajout d’une courbe évoquant la sphère terrestre et inscription du texte «& DE L’ESPACE » dans une police plus fine ;
  • évoquer la martialité: un oiseau qui se cabre pour neutraliser sa proie.

      

Le logotype de l’armée de l’Air et de l’Espace reprend un élément essentiel du logotype de l’armée de l’Air, à savoir l’épervier. Présent également sur les tenues des Aviateurs, il symbolise les traditions de l’armée de l’Air et de l’Espace, mais aussi la surveillance ou encore la chasse. Le dynamisme évoqué par son cabrage montre qu’il est prêt à intervenir en tout lieu et à tout moment.

Le commandement de l'espace

      

LE COMMANDEMENT DE L'ESPACE

     

Depuis 1957, date de la première mise en orbite d’un satellite artificiel, les activités spatiales ont été largement dominées par la compétition entre puissances et États. À ce jour, seuls les États-Unis, la Russie, la Chine, l’Europe (principalement la France) et dans une moindre mesure le Japon, l’Inde et Israël disposent de toutes les capacités spatiales (télécommunications, observation, écoute, positionnement, surveillance de l’espace, lancement) et mettent en œuvre des capacités spatiales militaires. Les autres puissances spatiales dotées de capacités de lancement (Iran, Corée du Nord et Corée du Sud) n’ont pas encore développé de capacités spatiales militaires robustes.

     

Dans ce contexte, sous l’impulsion des nouvelles technologies et de l’ouverture au secteur privé de marchés de lancement, de nouveaux entrants bousculent totalement les schémas étatiques établis. Ce mouvement est appelé le « New Space ». Le secteur spatial s’ouvre à de nombreux nouveaux acteurs étatiques et non-étatiques, investisseurs privés, universités, « start-up » et grandes sociétés. Progressivement, des nouveaux projets de propulsion électrique, de lanceurs plus réduits et de constellation de milliers de petits satellites changent les perceptions classiques. De nouvelles possibilités, basées sur des financements audacieux, ouvrent d’autres perspectives pour des applications innovantes (observation persistante, à la demande, internet haut débit en tous lieux, etc.) ou l’accès à l’espace « à bas coût». Elles génèrent également, en conséquence, de potentielles nouvelles formes d’agressions, de déni ou d’interférences pour l’utilisation de l’espace.

       

Face aux enjeux croissants des questions spatiales et de leurs implications primordiales dans les opérations militaires, il devenait nécessaire de mettre en place une meilleure gouvernance et une plus grande cohérence dans l’utilisation de l’espace. Les Livres Blancs sur la Sécurité et de la Défense Nationale de 2008 et de 2013 ont logiquement défini l’espace comme un enjeu majeur pour l’autonomie stratégique et le soutien aux opérations. Par la suite, la revue stratégique de défense et de sécurité de 2017 a décrit l’espace comme « un milieu à part entière et devenant un milieu de confrontation ». Fort de ce constat, le président de la République a pu déclarer, le 13 juillet 2018, que « l’espace est, comme le cyber, un véritable enjeu de sécurité nationale ».

      

Publiée le 25 juillet 2019, la stratégie spatiale de Défense fut un préalable à la création, par l’arrêté du 3 septembre 2019, du Commandement de l’espace (CDE).

      

ORGANISATION ET MISSIONS

     

Organisme à vocation interarmées relevant de l’armée de l’Air et de l’Espace, le CDE reçoit ses directives d’emploi du chef d’état-major des armées (CEMA) en matière de coopérations, de cohérence capacitaire des armées et d’opérations militaires et du chef d’état-major de l’armée de l’Air et de l’Espace (CEMAAE), en matière de génération d’expertise (formation et préparation des forces).

        

Sur la base des compétences des différentes entités militaires déjà existantes (CMOS, COSMOS, CIE), et en s’appuyant sur l’expertise unanimement reconnue du CNES, le Commandement de l’espace (CDE) monte progressivement en puissance pour être en mesure d’assumer les responsabilités suivantes :

      

  • recueil du besoin capacitaire des armées et propositions d’arbitrages au CEMA ;
  • expression du besoin des armées en capacités de maîtrise de l’espace (surveillance et défense) ;
  • élaboration et conduite des coopérations européennes et internationales dans le spatial de défense ;
  • expertise du domaine spatial militaire au profit des organismes du ministère et extérieurs au ministère ;
  • préservation des intérêts de la défense en matière de capacités spatiales;
  • préservation de la liberté d’accès et d’utilisation de l’espace extra-atmosphérique ;
  • mise en œuvre de contrats opérationnels « espace ».

        

Des missions opérationnelles structurées autour des quatre opérations spatiales militaires. 

S’agissant des contrats opérationnels « espace », le CDE dispose de la brigade aérienne des opérations spatiales afin d’exercer le contrôle opérationnel des plateformes spatiales et des moyens concourant à la liberté d’action et d’accès à l’espace en établissant la situation spatiale. Cette ambition se décline autour de quatre opérations spatiales militaires :

  • le soutien aux capacités spatiales qui concerne le déploiement, la mise en œuvre et la disponibilité des capacités spatiales ;
  • l’appui spatial aux opérations qui concerne le renseignement, l’alerte avancée, le positionnement et la navigation par satellite, les communications satellitaires ;
  • la surveillance de l’espace qui est un prérequis de l’exploitation commerciale de l’espace et de la conduite d’opérations militaires et qui vise à étendre les capacités de connaissance de la situation spatiale ;
  • la protection des moyens qui vise à garantir la liberté d’accès et d'action dans l'espace et à décourager les adversaires qui agiraient en dessous du seuil des conflits armés. Dans le strict respect du droit international et d'un usage pacifique de l'espace. Il s'agit de moyens de défense active de nos moyens ainsi que des moyens européens. 

     

Une coopération spatiale interalliée mais également bilatérale.

À l'occasion de la rencontre des représentants nationaux de l'initiative Combined Space Opérations (CSpO), les 11 et 12 février 2020 à Ottawa, le général de division aérienne Michel Friedling, commandant l'espace, a signé au nom de la ministre des Armées, la lettre portant adhésion au Memorandum of Understanding de l'initiative Opérations spatiales interalliées (CSpO). L’enjeu de l’initiative CSpO est d’être capable de coordonner les capacités alliées, d’en augmenter la résilience pour assurer le soutien aux opérations multi-domaines, de garantir un accès libre à l’espace et d’y protéger les moyens qui s’y trouvent. Cette initiative rassemblait initialement les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie, et la Nouvelle-Zélande. À l’instar de l’Allemagne qui l’a rejoint en décembre 2019, la France y participera désormais de manière pleine et entière.

Plus récemment, le 11 mars 2020 à Bonn, le général Friedling et le général Ruprecht von Butler, responsable de la Force de préparation et des exercices, du ministère de la Défense allemand, ont signé un accord bilatéral qui permettra de fédérer les énergies autour d’un projet global de SSA (Space Situational Awareness ou Connaissance de la situation spatiale) européen et d’en établir ses fondamentaux. Enfin, France et Australie viennent de signer au début de l’été 2020 une lettre d’intention relative à un partenariat sur la coopération militaire spatiale en particulier en matière de surveillance de l’espace.

      

TRANSFORMATION, AVENIR, PERSPECTIVES

     

Une montée en puissance au cœur de la capitale européenne de l'industrie spatiale.

Doté d’un effectif initial de 220 personnes, le CDE monte en puissance, et s’installe progressivement au Centre spatial de Toulouse (CST), au cœur de la capitale européenne de l’industrie spatiale afin de développer des synergies avec les équipes du Centre national des études spatiales (CNES). Devant être achevée en 2025, cette manœuvre vise à gagner en expertise dans le contrôle de satellites et la conduite d’opérations spatiales militaires. Ses effectifs annoncés s’élèveront à près de 500 personnes.

     

Une académie de l’espace sera créée afin de satisfaire au besoin en expertise. Cette académie mettra en synergie et développera les formations disponibles, sera ouverte à l’interministériel comme aux partenaires étrangers, et dispensera des formations de haut niveau, qualifiantes et reconnues.

       
Parmi les évolutions de ces premiers mois, sont déjà notables :

  • la prise de compétences des premiers opérateurs militaires sur les satellites défense ;
  • la préparation des lancements et de la mise en service de nouveaux systèmes ;
  • l’accès à de nouveaux capteurs de surveillance de l’espace ;
  • une nouvelle feuille de route capacitaire avec le programme ARES (Action et REsilience Spatiale) de maîtrise de l’espace ;
  • la préparation d’AstérX, premier exercice militaire spatial européen prévu en novembre 2020 ;
  • la création de LISA (laboratoire d’Innovation Spatiale des Armées, véritable incubateur d’innovation pour le spatial militaire ;
  • le renforcement de coopérations européennes et internationales à la fois bilatérales et multilatérales.

       

Pourquoi l'espace devient-il une prérogative de l'armée de l'Air ?

     

« L'espace dans les gênes » - Gen. Michel Friedling

Le commandement interarmées de l'espace (CIE) est le chef d'orchestre du milieu spatial militaire et de ses enjeux futurs. Entretien avec le général de brigade aérienne Michel Friedling, chef du CIE.

     

     

Mon général, l’Armée de l’air est un acteur majeur du domaine de l’espace, comment l’expliquer ?

      

Je pense qu’il existe une culture de l’espace spécifique aux Aviateurs. Ils ont la troisième dimension dans le sang, dans les gènes. Tous ont grandi avec le rêve de la conquête de l’air et de l’espace. Tous ont le regard fixé vers le ciel. J’ai moi-même visionné mille fois ce film: L’Étoffe des héros, qui nous transporte du passage du mur du son aux premiers vols spatiaux et montre comment la conquête de l’espace aux États-Unis a été portée à ses débuts par les Aviateurs. Il y a un goût inné pour le spatial chez les Aviateurs. D’ailleurs, six des dix astronautes français sont pilotes de chasse et ont été formés à l’École de l’air de Salon-de-Provence. Il y a également de grandes similitudes entre les milieux aérien et spatial en termes de missions: permanence des actions, gestion de la 3D, surveillance du milieu et d’autres encore. Il existe malgré tout des différences significatives. Ce ne sont pas les mêmes lois physiques qui s’appliquent. Et le droit et la réglementation dans le domaine aérien n’ont rien à voir avec le droit et les normes dans l’espace. Il faut également en tenir compte.

     

La ministre des Armée, Florence Parly, a dévoilé succinctement dans son discours « Espace et défense » du 7 septembre dernier, les axes de la future stratégie spatiale de défense française. Quels sont les enjeux pour l’Armée de l’air ?

       

Avant l’été, la ministre des Armées a décidé la création d’un groupe de travail sur l’espace, identifié comme un enjeu de sécurité nationale par le président de la République. L’espace n’est plus seulement le domaine d’action des grandes puissances, mais aussi celui d’acteurs privés, de puissances moyennes. Il y a non seulement un phénomène d’encombrement de l’espace avec de plus en plus de satellites, mais également l’apparition de moyens d’action hostiles visant à empêcher les autres d’utiliser l’espace extra-atmosphérique. Or, ce milieu est primordial pour notre défense et notre sécurité, mais également pour notre prospérité. Nous devons continuer à y être présents et libres d’y agir. Nous devons être capables de surveiller l’espace, de voir ce qu’il s’y passe et qui s’y trouve, de protéger nos moyens satellitaires et de décourager toute agression. Dans ce cadre, et au vu des compétences développées par l’Armée de l’air depuis des années dans le milieu spatial, il est certain que les aviateurs auront un rôle à jouer, des responsabilités à tenir.

      

Quelles pourraient être les perspectives d’avenir pour l’Armée de l’air dans le domaine spatial ?

       

Le chef d’état-major de l’Armée de l’air, le général Philippe Lavigne, a des ambitions spatiales pour l’Armée de l’air basées sur les capacités qu’elle a développées au sein d’unités telles que le centre opérationnel de surveillance militaire des objets spatiaux (COSMOS) ou le centre militaire d’observation par satellite (CMOS). Cela aurait donc du sens qu’elle exerce une responsabilité particulière dans les opérations spatiales. Jusqu’où ira-t-on? Difficile de le dire à ce stade. Aujourd’hui, le COSMOS et le CMOS sont des entités du commandement de la défense aérienne et des opérations aériennes (CDAOA). Compte tenu de l’importance prise par l’espace et de la volonté politique de donner plus de force, de cohérence à nos capacités dans ce domaine, cela pourrait être pertinent de créer un commandement au sein de l’Armée de l’air qui soit en charge du spatial et qui soit distinct du CDAOA. Si le choix était fait de créer une « Armée de l’air et de l’espace », ce pourrait également être porteur de sens, mais d’autres solutions sont possibles.

« Une confiance et une responsabilité qui nous obligent » - Gen. Philippe Lavigne (CEMAAE)

     

Mon général, le président de la République a annoncé le 13 juillet, puis la ministre le 25 juillet à Lyon - Mont Verdun, la création d’un grand commandement de l’espace au sein de l’Armée de l’air. D’où vient cette décision ?

            

Les Livres Blancs sur la défense et la sécurité nationale de 2008 et 2013 avaient déjà consacré l’importance stratégique de l’espace, considéré dès l’origine comme un des piliers de l’autonomie nationale, par sa capacité à fournir des éléments essentiels à l’appréciation de situation de nos autorités politiques. Nos opérations militaires et nos Armées sont aujourd’hui dépendantes de capacités spatiales essentielles au renseignement, au ciblage, aux communications, au positionnement, à la navigation ou au tir d’armements guidés par satellite, comme à la fourniture de services météorologiques ou géographiques. Mais l’apparition de nouveaux risques et de nouvelles menaces à l’encontre de nos capacités a nécessité la définition d’une stratégie de défense spatiale, elle-même initiée par la Revue Stratégique de 2017. Cette stratégie spatiale, que la ministre a dévoilée sur la base aérienne de Lyon - Mont Verdun, repose avant tout sur l’idée du libre accès à l’espace, de son libre usage, ainsi que sur la nécessité de préserver notre autonomie. Cela passera par l’amélioration de notre capacité à surveiller l’espace pour savoir précisément ce qui s’y passe et le développement de capacités, y compris actives, de protection de nos satellites. Cela passe également par une réorganisation du spatial militaire en regroupant l’ensemble des organismes, aujourd’hui dispersés, pour en accroître l’efficacité opérationnelle, la cohérence, et bien sûr prendre en compte ces nouvelles missions.

        

Mais pourquoi avoir confié ce commandement à l’Armée de l’air ?

       

Ce choix a été fait après étude de différentes options. Il n’est donc pas dû au hasard. Il résulte d’une analyse rationnelle et est, finalement, assez naturel. Il faut rappeler que les premiers spationautes français étaient des pilotes de l’Armée de l’air. De plus, les aviateurs représentent aujourd’hui près de 80 % des effectifs consacrés au spatial militaire, et les deux principales unités spatiales sont aujourd’hui dans l’Armée de l’air : le centre militaire d’observation par satellites (CMOS) pour la mise en œuvre des satellites d’observation et le centre opérationnel de surveillance militaire des objets spatiaux (COSMOS) pour la surveillance de l’espace. J’ajoute que la troisième dimension est dans les gènes et la culture des aviateurs du monde entier et que les similitudes avec l’espace sont nombreuses. Il faut cependant bien comprendre que ce commandement sera un organisme à vocation interarmées, c’est-à-dire que, même si la grande nouveauté sera sa mission de maîtrise de l’espace, les capacités qu’il mettra en œuvre serviront toujours à appuyer les opérations militaires de tous les milieux. Il comprendra, par conséquent, des personnels qui ne sont pas aviateurs, notamment des autres armées, ou encore du CNES.

     

L’Armée de l’air vit donc une étape importante de son histoire ?

      

Absolument ! Avec la création de ce commandement au sein de l’Armée de l’air, nous vivons un moment historique, un virage historique même, selon les termes de la ministre des Armées. La prise en compte de ce nouveau champ de conflictualité s’ouvre et la responsabilité en est confiée à l’Armée de l’air. Même si le milieu aérien est différent du milieu spatial, ces deux milieux sont contigus et comme je l’ai dit, dès les origines, les aviateurs du monde entier ont eu les yeux tournés vers l’espace et ont été les pionniers de l’espace militaire. C’est donc à la fois une reconnaissance mais c’est en même temps la marque d’une grande confiance pour l’avenir. Une confiance et une responsabilité qui nous obligent. L’ambition de la France est tracée. La ministre des Armées, Florence Parly, a tenu à en préciser les contours et les modalités sur une base aérienne qui est au cœur des décisions opérationnelles. Je le répète, tout cela nous oblige. L’Armée de l’air va devenir l’Armée de l’air et de l’espace ! Et lorsqu’on voit les perspectives en matière d’exploration spatiale, on peut imaginer que les conséquences militaires seront significatives, et les perspectives exaltantes, pour l’Armée de l’air des prochaines décennies. Ce n’est donc que le début d’une belle histoire. Histoire dont tous les Aviateurs doivent se sentir fiers et acteurs.

Les enjeux

En 2030 l’espace proche sera surpeuplé. Il sera devenu un champ de confrontation. La France devra pouvoir agir dans, depuis et vers l’espace, s’appuyant sur des capacités résilientes, des expertises et un réseau de partenaires.

      

En 2030, près d’une centaine d’États et des dizaines de sociétés privées utiliseront l’espace à des fins civiles et militaires. Cela engendrera des frictions, conséquences d’incidents non intentionnels en orbite. Les risques de collision entre objets se multiplieront mécaniquement. Les conflits entre États sur Terre s’exporteront en orbite, générant de nouvelles menaces plus ambiguës : les actes malveillants et les agressions se multiplieront. Or, dans le même temps, la société française et les forces armées seront toujours dépendantes des services spatiaux pour la préparation et la conduite de leurs opérations. La navigation, les télécommunications ou encore l’observation par satellites demeureront des outils indispensables.

L’économie française dépendra en grande partie d’un accès libre et d’une disponibilité élevée des services spatiaux. La France se sera donc dotée d’une stratégie spatiale de défense, en vue de relever les défis liés à son libre accès et à la libre utilisation du milieu dans le respect des traités internationaux. L’armée de l’Air et de l'Espace pourrait ainsi disposer d’équipements et d’infrastructures spatiaux robustes et résilients. Ses moyens de surveillance de l‘espace depuis la métropole et les territoires ultramarins ou depuis l’espace devraient concourir à détecter, caractériser et identifier les dangers. Au-delà de ses propres moyens pour y parvenir, la France s’appuiera sans doute sur une capacité de surveillance en partie partagée, entre États membres de l’Union européenne notamment.

Dans la continuité de sa mission 24 heures/24, 7 jours/7 de sûreté de l’espace aérien, l’armée de l’Air et de l'Espace devrait rester un acteur incontournable des opérations spatiales.  

    

Nos missions

Au sein du commandement de l'espace, deux unités opèrent au fonctionnement des satellites et de leur protection. 

     

Le CMOS (Centre militaire d'observation satellite) assure le recueil des besoins et l’ensemble des opérations de traitement des images hormis leur exploitation. La DRM, contrôleur opérationnel du CMOS, fixe les priorités nationales et hiérarchise les demandes en collaboration avec ses homologues étrangers sur les quatre types de satellites exploités par la France.

Le COSMOS a en charge la surveillance permanente de l'espace extra-atmosphérique. Les Aviateurs du COSMOS étudient les trajectoires des milliers de satellites en orbite au dessus de nos têtes et des débris spatiaux. L'objectif est, dans un premier temps, d'éviter que ces débris entrent en collision avec nos satellites et dans un second temps, de neutraliser les débris susceptibles de nuire à nos citoyens qui entrent dans notre atmosphère. 

Le COSMOS a pour mission permanente de surveiller l'espace : il établit la situation spatiale de manière autonome et il valorise pour les opérations militaires et la sécurité des biens et des personnes. 

     

Opérer dans l’espace

Les satellites Hélios offrent une capacité de surveillance sur l'ensemble du globe. C'est dire leur importance en matière de renseignement. Ce sont les Aviateurs du centre militaire d'observation par satellite qui sont chargés de leur mise en oeuvre. Zoom sur une unité au rôle capital. 

     

            

Dans les premières heures du 14 avril 2018, cinq Rafale, quatre Mirage 2000-5, deux avions radar E-3F (Awacs) et six avions ravitailleurs C-135 ont mené un raid aérien historique en direction de la Syrie. Mais pour accomplir leur mission, ils n’étaient pas seuls. « Quand nous avons repéré, puis frappé les usines et les entrepôts de mort de Bachar Al-Assad, l’espace épaulait nos forces à tout instant », explique Florence Parly, ministre des Armées. Les Aviateurs du centre militaire d’observation par satellite (CMOS) en savent quelque chose. Dans cette unité, créée en 2003 et implantée sur la base aérienne de Creil, ils mettent en œuvre les capteurs et les systèmes spatiaux du ministère des Armées ainsi que ceux des autres acteurs, puis réceptionnent et diffusent ces précieuses données satellitaires à tout le ministère. « Nous ne sommes pas une unité de renseignement, les images étant exploitées par les organismes demandeurs», précise le lieutenant-colonel Marc, chef du CMOS. Les aviateurs programment plus précisément les prises d’images de quatre systèmes: satellites d’observation Hélios 2 et Pléiades, radars SAR-Lupe allemand et Cosmo-SkyMed italien au titre de la coopération européenne. Les applications faites à partir de ces clichés sont multiples. Elles permettent notamment la planification et la conduite des opérations militaires. « L’espace était un des rares milieux permettant à des capteurs d’avoir accès à du renseignement sur les cibles qui ont été frappées en Syrie. Le dossier d’objectifs a été préparé avec de l’imagerie spatiale et des informations géolocalisées », raconte le lieutenant-colonel Marc. Le CMOS «agit dans l’espace», comme la ministre l’a indiqué : « on opère dans l’espace pour observer la terre », souligne le lieutenant-colonel Marc. Bien sûr, cette unité n’agit pas seule. De l’expression du besoin à la réception du cliché en passant par la programmation et la prise de vue, d’autres organismes interviennent. « La direction du renseignement militaire est chargée de fixer les priorités nationales et de hiérarchiser les demandes d’images satellites, et le centre national d’études spatiales d’envoyer les ordres de prises de vues au système Hélios. » Garant de la qualité, de la disponibilité et de l’intégrité des données transmises, le CMOS est un maillon essentiel dans la chaîne du renseignement d’origine spatial.

     

Vers une défense spatiale

Surveiller l’espace, c’est maîtriser ce qui s’y passe sur un mode passif. Mais face à la recrudescence des menaces, faudra-t-il conjuguer ce verbe à la voix active ? Explication avec le lieutenant-colonel Thierry, chef du COSMOS, unité de l’Armée de l’air référente en matière de surveillance spatiale.   

      

Le Code de la défense, article D1441-1, stipule que «la défense aérienne est permanente; elle a pour objet: 1° De surveiller l’espace, (...) de déceler et d’évaluer la menace; 2° De fournir aux autorités gouvernementales (...) la situation spatiale (...) permettant de prendre les décisions qui leur incombent ; (...) 5° De concourir à la diffusion de l’alerte aux populations en cas de danger spatial (...) inopiné. »

En France, ces responsabilités sont assumées par le centre opérationnel de surveillance militaire des objets spatiaux (COSMOS), qui dépend du CDAOA, chargé entre autres, sous l’autorité du Premier ministre, de la surveillance permanente de notre espace aérien et des mesures à prendre. Scruter l’espace extra-atmosphérique, tel est le credo de la trentaine d’aviateurs qui arment cette unité, située sur la base aérienne 942 de Lyon Mont-Verdun. Pour ce faire, ils s’appuient sur le radar GRAVES (grand réseau adapté à la veille spatiale), système de veille opérationnelle mis en service en 2005 et mis en œuvre par l’Armée de l’air. En cours de modernisation, il permet de cataloguer les objets spatiaux qui évoluent en orbite basse, de 400 à 1 000 kilomètres d’altitude, autour de la terre. Outil de souveraineté, il dote la France de capacités autonomes de surveillance de l’espace et lui permet de comprendre à tout instant les manœuvres qui s’y jouent. C’est essentiel, notamment dans le domaine militaire. «Notre travail, c’est d’établir la situation spatiale pour préserver notre capacité autonome de manœuvrer, de prévoir et d’appuyer nos opérations sur terre », précise le lieutenant-colonel Thierry, commandant du COSMOS. Dans ce cadre, le domaine spatial et son observation attentive apparaissent comme des catalyseurs de l’action militaire moderne. Cependant, avec la montée en puissance de la surveillance extra-atmosphérique voulue par la ministre des Armées, le champ d’application est en train d’évoluer. Surveiller, certes. Mais pour faire quoi? Comment agir en cas de situation dangereuse ou de responsabilité attribuée à un opérateur ou à une nation? Doit-on riposter ? Faut-il « explorer la possibilité de se doter de capacités d’action dans ce milieu ? », interroge la ministre. L’enjeu est considérable. Et pour cause. Cela signifierait que l’«on passerait du spatial de défense à une défense spatiale», explique le lieutenant-colonel Thierry. On sortirait d’une logique purement programmatique, qui a pour objet uniquement d’apporter des services à la défense, à considérer réellement que l’espace est un lieu de confrontation.» Si la défense spatiale française devait se renforcer, l’Armée de l’air qui s’y prépare répondrait présente. « L’Armée de l’air est tout à fait apte à faire face à ces enjeux-là, à ce défi, parce qu’elle a déjà acquis une solide expérience dans le domaine. Elle sait mesurer tous les efforts qui restent à produire pour passer de l’un, le spatial de défense, à l’autre, la défense spatiale. »

        

Les missions permanentes

Dans toutes ces opérations, la dimension spatiale est primordiale. L’action de l’armée de l’Air et de l’Espace est décisive et garantit la supériorité de nos forces. Ces opérations s’appuient sur des dispositifs prépositionnés, capables de monter en puissance de façon très réactive, presque aussi rapidement que depuis les bases aériennes de métropole. Des missions de «projection de puissance», décidées par le président de la République, peuvent décoller en quelques heures de ces bases aériennes. Ce fut le cas en 2018 contre des installations chimiques en Syrie. Modelés par la passion, l’audace et la précision, agiles et réactifs, les Aviateurs sont animés par un formidable esprit d’équipe qui leur permet de faire face aux défis de l’avenir après plus d’un siècle de fait aérien.

    

La dissuasion nucléaire

L'armée de l'Air et de l'Espace met en oeuvre, H24, la composante aéroportée de la dissuasion nucléaire aux ordres du président de la République.

           

En opérations extérieures

Principalement au Sahel depuis 2013 et au Levant depuis 2014 : les Aviateurs luttent contre les groupes armés terroristes dans la bande sahélo-saharienne (opération Barkhane) et contre Daech au Levant (opération Chammal). 

Si l'ennemi a perdu le territoire conquis en 2014 au Levant, le combat continue au sein de la coalition internationale.

       

La protection de notre espace aérien et de ses approches

Sous la responsabilité du Premier ministre : cette protection englobe la capacité à prendre en compte toutes les formes de menaces et l'assistance aux aéronefs en difficulté. 

Durant la seule année 2019, plus de 200 situations anormales ont nécessité l'intervention des moyens aériens de l'armée de l'Air et de l'Espace en alerte H24.

       

Espace

Le volet espace est présent dans tout le spectre de ces missions et contribue à toutes les opérations. 

L'armée de l'Air et de l'Espace, par le biais du Commandement de l'espace (CDE) créé le 3 septembre 2019, veille au respect de la politique spatiale militaire. Le renforcement des usages militaires, l'extension des capacités de connaissances de la situation spatiale et le développement d'une capacité d'action dans l'espace sont autant d'atouts qui permettent à l'armée de l'Air et de l'Espace d'assurer quotidiennement ses missions de protection du territoire et des Français.

     


Sources : Armee de lAir et de lEspace
Droits : Armee de lAir et de lEspace