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Le génie de l'air, au secours de la Charente-Maritime

Mise à jour  : 12/10/2010 - Direction : Armée de l'Air et de l'Espace

Le ministre de la Défense Hervé Morin s'est rendu sur L'Ile de Ré, ce vendredi 19 mars 2010, pour réaffirmer sa volonté de poursuivre l'engagement militaire en Charente-Maritime, dévastée par le passage de la tempête Xynthia, le 28 février 2010.

Déblayage de la voirie, consolidation et réparation des digues dégradées, telles ont été les grandes opérations qui ont jalonné le quotidien du 25ème régiment du génie de l'air de Mont de Marsan (le détachement étant composé de sapeurs venant des compagnies de Mont de Marsan et d'Avord). Une partie de ses hommes fut déployée, du 9 au 14 mars 2010, dans la ville de Marennes.

Interview du commandant Caillaud, chef des opérations au bureau infrastructure en opérations (B.I.O), coordonnateur du déploiement à Marennes durant cette période.

Quel était l'état du terrain à votre arrivée ?

La ville avait été extrêmement touchée par la tempête. La digue principale qui protégeait la zone avait été à moitié emportée par la mer, causant de nombreuses inondations. La mer est passée au-dessus de la digue, qui pourtant mesurait cinq mètres de haut sur 700 m de long.

De plus, le terrain était extrêmement glissant car la digue n'était pas constituée de sable mais de glaise.

De nombreuses exploitations agricoles à proximité de la digue ont été durement touchées.

Les moyens d'accès étaient fortement paralysés car les routes étaient bloquées. Nous pouvions bénéficier de l'aide des gendarmes, pour pouvoir atteindre la zone d'opérations.

Comment a été mise en place l'organisation de l'ensemble des opérations durant ces cinq jours ?

Tout d'abord, la décision d'intervenir et le choix des moyens utilisés sont revenus au centre de planifications et de conduite des opérations. Puis, en coordination avec l'EMIA ZDSO, l'état-major des opérations a sélectionné l'unité désignée pour cette opération en fonction de sa disponibilité immédiate.

Enfin, le B.I.O a désigné le 25ème régiment du génie de l'air pour assurer des opérations spécifiques. De plus, le B.I.O disposait de l'aide de la compagnie d'infrastructures en opérations et l'établissement central de l'infrastructure de l'air.

Le génie de l'air a donc déployé sur Marennes, durant cette période, pour l'ensemble des opérations, cinq soldats et un sous-officier, renforcés le 22 mars par 24 sapeurs du génie de l'air dont un officier. L'effectif du 25ème RGA représentait alors à peu près 50% des militaires présents sur site.

Quelles actions ont été menées sur place ?

L'essentiel de nos opérations ont été des travaux de terrassement. La remise en état de la digue a constitué le premier volet de nos actions. Le nettoyage de la zone, en vue de la rendre praticable à nouveau pour tous, a constitué le second volet de nos opérations. Nous avons également travaillé au rétablissement des itinéraires endommagés par les inondations. Nos actions visaient à effacer, en l'espace de cinq jours, toute trace du passage de la tempête, ce que nous avons réussi à faire.

Quels ont été les moyens techniques déployés par l'armée de l'air ?

Nous disposions de deux bulldozers, chargés de replacer la terre sur la digue afin de la reconstituer, ainsi que de pelles hydrauliques et des camions benne. À la différence de ceux de l'armée de terre, ils sont munis de chenillets. Ainsi, malgré un terrain extrêmement sablonneux et accidenté, nous avons réussi à manoeuvrer parfaitement sur et autour de la digue.

En termes de déplacement, nous avons bénéficié de notre propre autonomie de projection grâce à nos attelages routiers et nos citernes à carburant ou à eau.

L'ensemble de ces engins étaient parfaitement adaptés aux opérations et nous ont permis de déblayer le terrain le plus rapidement possible.

Quelles ont été les principales difficultés rencontrées sur le terrain ?

Les terrains accidentés, les conditions climatiques parfois difficiles ou encore la détresse humaine sont des facteurs que nous rencontrons continuellement dans ce genre d'opérations. Nous sommes aguerris et ainsi plus expérimentés.

Le sel marin a cependant été une grande source de désagrément. Nous étions obligés de laver quotidiennement l'ensemble du matériel, si nous ne voulions pas qu'il soit durement endommagé par la corrosion.

En quoi, selon vous, les spécificités du génie de l'air étaient particulièrement bien adaptées à la situation et aux destructions engendrées ?

L'infrastructure en opérations, grâce à ses composantes du génie de l'air, des compagnies d'infrastructure en opérations et de l'établissement central de l'infrastructure air, est en mesure de remplir l'ensemble des missions opérationnelles en infrastructures horizontales (remise en état de pistes aériennes, de routes) comme en infrastructures verticales (construction de bungalows ou de hangars), en France et à l'étranger sur les théâtres d'opérations. Nous sommes également amenés à travailler sur la remise en état de réseaux d'eaux ou d'électricité lorsqu'ils ont été endommagés.

Cette pluralité de nos compétences nous permet ainsi d'aborder n'importe quelle situation où des travaux de rétablissement sont programmés et où la réactivité est de mise.

Vous étiez théoriquement mobilisés du 9 au 14 mars, votre mission est désormais prolongée jusqu'à une date non définie, quels ont été les derniers éléments qui ont justifié cette prolongation ?

À la suite de notre déploiement à Marennes, nous avons été mobilisés sur l'Ile de Ré afin de remettre en état la plage dite de la Couarde, particulièrement endommagée par le passage de la tempête. La dune s'était complètement effondrée malgré l'importance de ses dimensions : 800 mètres de long pour huit mètres de haut et quinze mètres de large. Nos opérations y étaient similaires mais nécessitent clairement plus de temps et de moyens. Le ministre de la Défense, Hervé Morin s'est rendu sur place ce vendredi 19 mars. Il a réaffirmé sa volonté de voir poursuivre les efforts de l'armée dans la région afin d'effacer au plus vite toute marque de la catastrophe. Notre mission a donc toutes les raisons d'être prolongée.

Propos recueillis par Elsa Clemencio, stagiaire au Sirpa air


Sources : Armée de l'Air et de l'Espace
Droits : Armée de l'Air et de l'Espace