Dans le cadre de l'ouverture de l'armée de l'air sur le domaine spatial, l'École de l'air de Salon-de-Provence a développé un partenariat avec l'ESA ( Europeean Space Agency- agence spatiale européenne). Six élèves officiers ont ainsi participé au projet « EuroMoonMars », réalisé en étroite collaboration avec le professeur Bernard Foing, directeur de recherche à l'ESA et directeur scientifique de SMART-ONE.
Après deux semaines de préparation sur le site volcanique d'Eifel en Allemagne, en novembre dernier, la mission a commencé au sein de la MDRS ( Mars Desert Research Station) dans le désert de l'Utah aux États-Unis, en février et mars 2010. Chaque équipe a successivement passé deux semaines en immersion totale dans le MDRS. Ce dernier est un habitat autonome permettant de simuler, dans des conditions proches de la réalité, la vie sur la planète Mars. Il met à disposition l'équipement nécessaire aux sorties spatiales ainsi qu'à l'analyse des échantillons de roches, du sol. Les six « Space cadets » ont été répartis en deux équipages : CREW 91 et CREW 92. L'aspirant Stéphane Chevrier, membre de l'équipage CREW 91, confie : « nous avons passé deux semaines en plein milieu du désert. Notre équipe était composée de six personnes, trois élèves de l'École de l'air et trois scientifiques (une géologue des Pays-Bas, une étudiante américaine en doctorat et une autre étudiante italienne en doctorat) ». Il précise, « très vite l'anglais est devenu notre langue de travail».
Pendant les quinze jours de mission dans un paysage atypique, la vie s'est déroulée comme sur Mars. Confinés dans un habitat de deux étages et de huit mètres de diamètre, nos six apprentis astronautes ont vécu des expériences uniques. « La règle numéro 1 : on ne pouvait pas sortir sans notre équipement complet, composé d'une combinaison et d'un casque avec un système de ventilation qui nous permettait de respirer. Il y avait dans notre habitat, deux salles qui simulaient des compartiments pressurisés par lesquels nous passions pour nous rendre à l'extérieur », raconte l'aspirant Arnaud Cabanel.
« Nous avons été les cobayes de différentes expérimentations au cours de notre séjour, explique-t-il. Une première a été menée sur la nourriture. Un jour sur deux nous n'avions pas le droit de cuisiner, nous étions juste autorisés à faire bouillir de l'eau pour manger des plats déshydratés ». L'aspirant Anthony Perrin, membre du même équipage, assis à ses côtés, complète son explication. « Les chercheurs partaient du principe que les astronautes auraient tellement de travail sur Mars qu'ils ne pourraient pas cuisiner ».
Au quotidien, les activités étaient nombreuses. Outre les sorties pour prélever des échantillons, chacun travaillait sur son projet personnel (les systèmes de communication, les robots d'exploration, etc.) « En général, nous prenions la matinée pour avancer sur nos projets, puis l'après-midi nous faisions des simulations, avec des sorties extravéhiculaires pour récolter des échantillons. Un Quad était même à notre disposition pour partir en mission », détaille l'aspirant Chevrier.
Toutes les conditions étaient réunies pour s'imaginer évoluer dans l'espace. Les chercheurs ont même fait fonctionner l'habitat grâce à un réservoir d'eau placé à l'extérieur. « Nous devions économiser l'eau, nous avions le droit à une douche de deux minutes par personnes tous les trois jours », explique l'aspirant Perrin. « Pour ne pas bloquer les canalisations, nous utilisions un savon spécial américain pour faire la vaisselle. Le dentifrice était, quant à lui, la même poudre qui servait à nettoyer les casseroles ».
Chacun des élèves officier est ravi d'avoir vécu cette expérience inoubliable. L'aventure ne s'arrêtant pas là, les « Space Cadets » poursuivront leur projet en mai et juin prochain, lors d'un stage de deux mois à Noordwijk, aux Pays-Bas. L'occasion pour eux d'achever et de présenter leur travail de recherche.
Vers 2020, les futures missions d'exploration de l'espace prévoient un alunissage humain et par la suite des missions habitées sur Mars. Pendant que certains planchent sur le tourisme et sur le droit dans l'espace, les élèves de l'École de l'air s'imaginent poser, peut-être un jour, un pied sur la planète rouge. « Finir astronaute serait extraordinaire, mais le chemin est long avant d'en arriver là. Nous sommes fiers d'avoir participé à ce projet et travaillé avec des chercheurs d'un tel niveau », souligne l'aspirant Anthony Perrin, chez qui la mission « EuroMoonMars » aura suscité « un goût prononcé pour l'aventure ».
Ce projet, en partenariat avec l'École de l'air, se poursuivra l'année prochaine, offrant la possibilité à d'autres élèves officiers de vivre à leur tour cette aventure extraordinaire. Des entreprises, des écoles et des universités ont d'ors et déjà manifesté le souhait de s'y associer.
Reportage : Lieutenant Charline Redin
Sources : Armée de l'Air et de l'Espace
Droits : Armée de l'Air et de l'Espace