Le pont aérien français s'intensifie notamment avec l'arrivée de renforts de métropole sur la base aérienne de Martinique. Deux C130, un A340 et du personnel supplémentaire ont rejoint les Casa dans leur course effrénée pour apporter leur aide à la population haïtienne, tandis qu'un Puma a été déployé directement depuis Fort-de-France.
Deux Hercules C130 de l'escadron de transport «Franche-Comté» d'Orléans, un hélicoptère Puma de l'escadron de transport outre-mer (ETOM) de Fort-de-France en Martinique et du personnel supplémentaire ont renforcé, ces derniers jours, le dispositif des armées engagé dans l'opération «Séisme Haïti», déployé après la catastrophe du mardi 12 janvier 2010.
Les avions de transport tactique C130 sont arrivés dimanche et lundi derniers sur la base aérienne 365 de Fort-de-France en Martinique. Ils ont débuté leur mission d'acheminement de personnel de secours et de fret ainsi que celle de rapatriement de ressortissants vers Haïti, dès le lendemain. Le dispositif mis en place 24 heures après la catastrophe, tournant H24 grâce à trois Casa et à un A310, s'est vu considérablement augmenter grâce au déploiement des C130. Le dispositif est passé de trois rotations par jour en moyenne à cinq. Deux équipages Casa des escadrons «Ventoux» et «Vercors» de Creil ont également rallié la Martinique pour soulager les pilotes de l'ETOM.
La présence des deux Hercules aux Antilles a aussi signifié l'arrivée de quatre convoyeuses de l'air, dont la capitaine Sophie Latil, de la base aérienne de Villacoublay. Cette dernière a réalisé, dans la nuit du lundi au mardi, le convoyage de deux blessés couchés à bord d'un Casa. Avec une trentaine de passagers valides à son bord, le Casa a été spécialement aménagé pour superposer les deux brancards. Mais le soin médical ne suffit pas. « Une perfusion sans contact ne sert à rien, explique le capitaine Latil. Entourer le patient, lui parler, le stimuler s'il est inconscient est primordial pour la réussite de son transport». Chaque convoyeuse de l'air est équipée d'une trousse sanitaire personnelle (pansements, de quoi perfuser un ou deux patients, médicaments légers de type paracétamol ). Elle peut également compter sur les moyens locaux (lot médicalisé prévu pour une trentaine de personnes couchées, incluant barquettes, matériel de surveillance, solutés ) pour compléter sa panoplie. Le rôle d'une convoyeuse de l'air ne consiste pas à pratiquer une opération dans les airs, mais bien à accompagner, à assurer le rapatriement sanitaire d'urgence de patients capables de le supporter, à partir de terrains peu stables. Outre le soin apporté aux personnes, elles sont la liaison avec l'équipage de l'avion. « Pour les pilotes, nous sommes le regard en soute qui les renseigne sur le bon déroulement du voyage, explique-t-elle. Nous leur signalons s'il est nécessaire d'adapter le vol ou non en fonction de l'état des patients. Le relief, la météorologie, l'altitude et la pression atmosphérique sont autant de facteurs qui peuvent avoir un impact négatif sur eux.»
L'A340 de l'escadron de transport «Esterel» de Creil a, pour sa part, atterri le mardi 19 janvier sur la base aérienne de Fort-de-France, devenue un véritable sas d'entrée et de sortie de l'aide humanitaire française. Il en est reparti le lendemain soir avec, à son bord, des ressortissants français rapatriés d'Haïti ces derniers jours, qui attendaient leur retour définitif en métropole.
À partir du mardi 19, l'ETOM antillais a également projeté l'un de ses hélicoptères Puma en Haïti. À la différence des Casa et des Hercules, ce dernier ne réalise pas de transport sur une longue distance. « Son rôle consiste à désenclaver des ressortissants isolés dans des zones inaccessibles par avion, afin de les rapatrier sur des plateformes importantes d'où ils seront évacués», précise le lieutenant-colonel Méthia, commandant l'ETOM. Dès le lendemain, le Puma a effectué deux rotations entre Port-au-Prince et la ville de Jacmel, à 30 kilomètres au sud de la capitale.
L'ETOM de Fort-de-France est au coeur de l'aide française apportée à Haïti. Il n'en est cependant pas à sa première intervention dans ce pays. En novembre 2007, il intervenait pour lui porter assistance à l'occasion de l'effondrement d'une école sur ses élèves. Encore plus tôt dans le passé, il y envoyait hommes et matériel après le passage de quatre cyclones successifs. « Notre pré-positionnement en Martinique est idéal pour rayonner sur l'ensemble de l'arc antillais et porter assistance à n'importe quelle population, affirme le lieutenant-colonel Méthia. Aujourd'hui encore, il prouve être pleinement justifié.»
Texte : lieutenant Virginie Gradella
Sources : Armée de l'Air et de l'Espace
Droits : Armée de l'Air et de l'Espace