À l'occasion de l'exercice « Casex », mené sur la base aérienne de Djibouti par le centre de formation à l'appui aérien (CFAA), du 3 au 21 décembre 2009, de nouvelles méthodes d'appui aérien rapproché (CAS- Close Air Support) sont testées.
Dans les armées françaises, le CAS s'effectue principalement grâce à la phonie (utilisation de la voix par la radio). Aujourd'hui, la méthode numérique fait son entrée avec l'outil de digital CAS. « La procédure de guidage aéronautique actuelle est traditionnelle, car elle utilise principalement la phonie, déclare l'adjudant Johann Hervouët, exploitant renseignement et responsable du développement et de la mise en oeuvre du CAS numérique ( digital CAS ). Nous sommes au 21ème siècle, il est urgent et impératif d'augmenter le tempo opérationnel dans le rythme de la bataille».
Dans la communication entre le contrôleur aérien avancé (FAC- Forward Air Controler) sur le terrain et ses interlocuteurs (le pilote de chasse dans son avion, le pilote d'hélicoptère et les divers centres de commandement), le digital CAS permet la transmission d'informations ou de photos par le biais d'un système de « chat » en réseau de type MSN ou par messagerie électronique instantanée. En plus de parler dans un combiné relié à une radio pour communiquer avec le pilote de chasse, le FAC sera en mesure de taper des messages sur un ordinateur. Il en résultera un gain de temps dû à une rapidité de transmission (huit secondes), une discrétion assurée sur le terrain.
Ce nouvel outil de haute technologie possède un atout non négligeable : il ne nécessite aucune altération du système actuel. Il suffit d'une liaison entre la radio, l'ordinateur et le matériel périphérique (jumelles de télémétrie, GPS, caméra vidéo...) et un modem intégré sur la radio. Le FAC, qui porte déjà 50 kilos d'équipement, n'est pas alourdi par du matériel supplémentaire.
L'un des autres outils de digital CAS est le concept de « Blue Force Tracking» (BFT-localisation et suivi des forces alliées au sol). La BFT permet de connaître en temps réel la position des alliés sur le champ de bataille, lorsqu'ils sont eux-mêmes équipés de la radio couplée au GPS, ce qui permet de minimiser le risque de dommages collatéraux ou de tirs fratricides. À terme, l'adjudant souhaite développer un autre projet, « Red Force Tracking», qui consiste à diffuser, sur le réseau informatique allié, la position ennemie détectée. « Je veux savoir où sont mes amis pour savoir où sont mes adversaires», résume-t-il.
Dans le cadre du conflit en Afghanistan, de multiples forces armées alliées se côtoient, certaines utilisent déjà un système de CAS numérique identique mais pas toujours le même. L'enjeu pour l'adjudant Hervouët réside donc dans le besoin de rendre son outil compatible avec celui de leurs alliés afin d'être le plus efficace possible et d'obtenir une synergie opérationnelle. Dans ce but, il a participé avec d'autres membres du CFAA à l'exercice « Bold Quest », mené au mois d'octobre 2009, aux États-Unis, pour la 4ème année consécutive. Cet exercice majeur réunissait un certain nombre de nations étrangères, dont l'Allemagne, la Norvège, le Canada ou encore, le Royaume-Uni. L'objectif de l'adjudant était de tester, d'expérimenter et de valider le digital CAS dans un contexte interallié complexe et réaliste et de s'assurer de son interopérabilité.
À l'ère du numérique, le digital CAS est un outil que l'on ne peut pas négliger, cependant il doit être un instrument modulable qui s'adapte aux différentes missions des FAC. « Le digital CAS est un outil. C'est à lui de se caler à la mission, pas l'inverse», conclut l'adjudant Hervouët.
Texte : lieutenant Virginie Gradella à Djibouti.
Sources : Armée de l'Air et de l'Espace
Droits : Armée de l'Air et de l'Espace