Animateur au car-podium : la France comme lieu de travail

Profession: animateur au car-podium de l'armée de l'air. Lieu de travail : la carte de France. Si cette caractéristique sur le papier est peu banale, elle résume cependant parfaitement bien le quotidien de l'adjudant Stéphane Degoutte, (animateur au car-podium depuis juin 2009) et du sergent-chef Laurent Autrant, (animateur depuis septembre 2007). Présent dans la majorité des grands meetings aériens de France et de Navarre, le car-podium de l'armée de l'air est en charge de l'animation et du divertissement des événements, permettant au grand public de découvrir le monde de l'aéronautique civile et militaire. S'il est essentiel dans la communication événementielle, il n'en demeure pas moins soumis à de nombreux aléas techniques et humains, requerrant un bon sens de l'improvisation. À raison de 40 meetings par an, concentrés sur la période d'avril à octobre, le travail implique une bonne dose d'endurance de la part des aviateurs à l'enthousiasme communicateur. Retour sur un quotidien fait d'applaudissements et de musique.

Dimanche 2 mai 2010, Journées de l'air de Saint -Quentin dans l'Aisne, 12h00. Le ciel esquisse quelques timides rayons de soleil, les visiteurs sont encore peu nombreux mais le car-podium assure déjà le show depuis les premières heures de la matinée. « Notre enthousiasme et notre sourire ne connaissent pas de pause», précise l'adjudant Stéphane Degoutte qui retourne immédiatement à son micro. L'équipe du car-podium compte quatre personnes, réparties sur les deux pôles, le poste «sono» en cabine et le poste «animation» sur la scène dépliée de 20 m2. « Nous travaillons toujours de manière simultanée. Lorsque l'un est en charge de la programmation musicale, l'autre est face au public et assure le spectacle».

Un show bien rodé répond à une préparation minutieuse. Le travail en amont des animateurs du car-podium est en effet fondamental. « Toutes nos interventions sont entièrement élaborées au préalable, du choix des musiques au quizz « air», en passant par les commentaires des démonstrations aériennes», décrit le sergent-chef Laurent Autrant et d'ajouter:« Il faut établir, pour chacune de nos interventions, une convention entre l'armée de l'air et les organisateurs de l'évenement». La préparation terminée et l'organisation ficelée, le jour J pointe rapidement son nez. « Nous prenons généralement la route le vendredi matin, afin de rallier le plus tôt possible le lieu de l'événement. L'installation doit être rapide et efficace car dès le samedi matin, nous sommes à pied d'oeuvre», explique l'adjudant.

Dès le premier avion en vol, les applaudissements retentissent. La musique et la voix de l'animateur se diffusent rapidement sur l'ensemble de l'aérodrome. Commentaires, jeux musicaux, dédicaces des pilotes, questionnaire sur l'aviation militaire, s'enchaînent tout au long de l'après-midi, sur un rythme effréné, toujours accompagné d'une bande-son musicale. Les rires des enfants et les exclamations des spectateurs résonnent continuellement dans la campagne picarde. « Notre travail est avant tout, un travail avec le public. Il faut l'informer, le faire participer, le divertir tout en sachant parfois, meubler lorsque l'ambiance retombe», concède les deux militaires. Au loin, retentit la démonstration de l'équipe de voltige de l'armée de l'air, les têtes se lèvent instantanément et l'adjudant Degoutte s'empresse de commenter l'ensemble des figures. À ses côtés, le capitaine Renaud Lecalle, champion du monde en titre de voltige aérienne, qui complète ses commentaires de son oeil d'expert.

« Nous devons apprendre à nous positionner en retrait pour mieux mettre au contraire à la lumière, les pilotes, qui sont les véritables vedettes du show», explique-t-il. S'il est festif et animé, le quotidien n'en demeure pas moins parfois difficile pour l'équipe du car-podium. Comme le concèdent les deux militaires, « l'envers du décor, c'est l'éloignement avec nos proches. Etre sur les routes une grande partie des week-ends n'est pas toujours évident à gérer pour la vie de famille». Face à ce sentiment parfois douloureux cohabite la joie d'avoir un métier passionnant pour les militaires . «Je connais peu de professions où le lundi, nous sommes mécaniciens et le samedi, animateurs. Ce métier est vraiment vivant, dans tous les sens du terme», explique t-il. À proximité, la démonstration de l'équipe parachutiste de présentation et de compétition de l'armée de l'air se met en place, les spectateurs se regroupent auprès du car-podium, les militaires reprennent aussitôt leurs postes. Show must go on.

Reportage: Elsa Clemencio, stagiaire au Sirpa air.