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Premier largage en patrouille pour les KC-130J Super Hercules français

BARKHANE : 
Premier largage en patrouille pour les KC-130J Super Hercules français

Mise à jour  : 23/11/2020 - Direction : Armée de l'Air et de l'Espace

À la fin du mois de septembre 2020, un nouvel équipage de C-130J est arrivé sur la base aérienne projetée (BAP) de Niamey. Le temps de quelques jours, les deux KC-130J de l'armée de l'Air et de l'Espace se sont côtoyés sur le continent africain. L'occasion pour eux de réaliser une mission inédite de largage à deux avions.

Fraîchement arrivée en bande sahélo-saharienne (BSS) à la fin du mois de septembre 2020, la nouvelle équipe du groupement de transport opérationnel (GTO) arme le second mandat du C-130J Super Hercules français sur  la base aérienne projetée (BAP) de Niamey au Niger.

Le KC-130J (version ravitailleur du Super Hercules) présent sur place, doit subir une maintenance programmée en métropole quelques jours après la relève de l’équipage. Le second et dernier KC-130J acheté par la France est l’avion désigné pour assurer la relève. Le 11 octobre 2020, un second équipage de l’escadron de transport 2/61 « Franche-Comté » livre l’avion à Niamey depuis la base aérienne 123 d’Orléans. Profitant d’avoir deux KC-130J sur le théâtre, une mission de largage en patrouille est planifiée pour le lendemain. Une première sur le théâtre !

     

    

H-15 : la mission tombe     

     

Contraintes opérationnelles obligent, les ordres et éléments sont transmis aux équipages la veille à quelques heures du largage. La demande de Livraison Par Air (LPA) émanant des troupes au sol est reçue par le GTO et les équipages en fin d’après-midi, alors même que le second équipage n’a pas encore atterri à Niamey.

Zone, axe de largage, relief, trajectoire d’arrivée, timings, fréquences, déconfliction entre les deux KC-130J… tout est passé en revue et envisagé pour ne laisser aucune place à l’inconnu. Dans ce type de missions, l’à-peu-près n’est pas toléré. Le doute n’est pas permis.

Le premier appareil sur la zone de largage livrera des vivres, tandis que le second livrera du carburant, nécessaire à la poursuite de la mission terrestre menée dans cette zone reculée du Mali. Les LPA sont les seules opportunités permettant un ravitaillement de masse, rapide et précis des troupes au sol, capacité indispensable à détenir par les équipages du GTO. Lors du premier mandat mené par le « J » à Niamey, ce sont près de 100 tonnes de matériels, vivres, carburants, et autres denrées essentielles qui ont été délivrées. Un record !

    

H-10 : le briefing

     

Au soir du 11 octobre 2020, alors que la nuit est déjà tombée sur la BAP de Niamey, les équipages se retrouvent pour un ultime briefing. Le Mission Commander, leader de la patrouille et chef de la mission dresse la tactique qui sera suivie le lendemain matin. Les procédures particulières, le target, les Whats if ?, tout est revu et briefé. L’officier renseignement du GTO briefe les équipages sur les menaces environnantes pouvant se trouver au sol dans la zone d’action. 

Un dernier briefing a lieu avec les loadmasters (mécanicien navigant) et les équipes de largage qui prendront place à bord des avions. Ce sont eux qui conditionnent les charges et les parachutes et les installent à bord sous les ordres des loadmasters. Des paramètres techniques propres à chaque parachute, chaque voile sont abordés. Ils permettront, grâce au système intégré à bord de l’avion, en fonction du vent, de la vitesse ou encore de la hauteur par exemple, de larguer les charges au bon moment, au bon endroit.

     

     

H-2 : l'embarquement

     

Au petit matin, les équipages se retrouvent en salle d’opérations du GTO pour récupérer la documentation classifiée propre à la mission, le task du jour, l’armement individuel, au cas-où… Après une ultime vérification de la météo ainsi que des conditions sur la zone, tous les voyants sont au vert. C’est un GO ! qui marque le départ des équipages aux avions. Step time !

Soigneusement préparés par l’équipe de piste depuis la veille, les avions trônent fièrement sur le parking GTO, au même endroit où, il y a quelques mois encore se trouvait le C-160 Transall. C’est une page qui se tourne, et une nouvelle feuille blanche à écrire. Nouvelle machine, nouvelle époque !

Alors que le soleil dépasse timidement de l’horizon, du personnel s’affaire déjà autour des « J » pour tout mettre en oeuvre et assurer un départ en temps et en heure. Quelques minutes plus tard, le Radio check se fait entendre sur la fréquence inter-patrouille : « Dusty formation, check », « Two ! ». Tout le monde est en place, à l’heure. On ne va pas tarder à démarrer les moteurs. Before starting engines check-list !

    

H-1 : le décollage

    

Une fois les tests et check-lists terminés, les deux KC-130J roulent vers le seuil de la piste de Niamey. Les quatre moteurs Rolls Royce de 4700 chevaux chacun arrachent le premier avion du sol, suivi du deuxième 20 secondes plus tard.

La route suivie les mène hors de la zone de contrôle de Niamey, en haute altitude, permettant de s’affranchir des menaces au sol et d’aller plus loin, plus vite. Chacun est concentré sur son poste, le wingman (ailier) tenant sa position derrière le leader. A l’heure du push, quelques nautiques avant la descente prévue, les check-lists propres à l’entrée dans une zone de menace sont effectuées. Le Time On Target approche, la patrouille est à l’heure.

     

       

H-20’ : le check-up

    

Drop preparation check-list !

En soute, l’équipe de largage aidée des loadmasters se prépare, inspecte une dernière fois les charges et les conditionne pour le largage imminent. Les communications sont restreintes, chacun sait ce qu’il a à faire. En cabine, les pilotes ajustent la trajectoire et prennent contact avec les différents intervenants dans la zone. En descente suivant une forte pente pour réduire la vulnérabilité face à une éventuelle menace venant du sol, les deux avions de plus de 60 tonnes chacun foncent à grande vitesse vers la très basse altitude : 150 ft (pied)/sol affichés à la radio sonde. Sous les 40 mètres d’envergure de l’avion, le paysage défile : des campements humains et des troupeaux se partagent l’immensité d’un territoire à perte de vue, la végétation est parsemée, quelques rochers se dressent au milieu du sable ocre omniprésent. Des troupes françaises sont positionnées quelques part dans ce désert et attendent le largage avec impatience.

     

H-2’ : l'imprévu

     

Malgré une préparation minutieuse ne laissant aucune place au hasard, la réalité et les obligations du terrain prennent parfois le dessus sur la planification à plus long terme. Approchant du dernier point avant le largage, alors que la concentration à bord des deux Super Hercules est à son apogée, l’équipe au sol demande au dernier moment une modification de l’axe de largage ainsi que des coordonnées du point d’impact. L’avion leader dégage alors la trajectoire, filant en très basse altitude à un cap opposé à la route prévue, suivi de près par son ailier. Les deux appareils remontent en moyenne altitude, s’affranchissant ainsi de la menace au sol pour reconfigurer le système avec les nouveaux paramètres énoncés. Quelques minutes plus tard, une fois les paramètres vérifiés et comparés entre les deux avions, le numéro un entame à nouveau la descente vers la très basse altitude vers le nouveau run de largage.

    

        

Heure H : le largage      

     

Rampe ouverte, zone en vue, fumigène de signalisation tiré, pour la première fois dans l’armée de l’Air et de l’Espace en opération extérieure, les deux C-130J larguent leur chargement en patrouille à quelques secondes d’intervalle. Les charges sortent l’une après l’autre des avions et dérivent sous leurs parachutes, tombant sur le point d’impact prévu, sans encombre. Carreau !

Le leader engage alors l’escape, trajectoire permettant de passer d’une vitesse de largage faible, avion configuré et à une altitude vulnérable, à une vitesse élevée, selon une trajectoire imprévisible pour s’arracher des basses couches. Dernière charge larguée, l’ailier accélère et file derrière le leader à imitation, permettant une rejointe rapide en formation.

Les deux appareils remontent en haute altitude en prenant le cap retour. À la radio, les troupes au sol saluent les équipages d’un « merci » chaleureux. La tension redescend, les nerfs se relâchent, et tout le monde a le sentiment d’avoir accompli la mission en équipe. L’arrivée sur le terrain de Gao se fera en patrouille, à quelques secondes d’intervalle, d’où chaque équipage poursuivra ensuite sa mission respective.

     

C’est une grande première en BSS pour le Super Hercules et ses équipages fraichement déployés sur le théâtre ! Une fois de plus le C-130J remplit pleinement son rôle d’avion de transport tactique et d’assaut, relevant le défi haut la main et devenant la nouvelle référence dans les forces armées françaises. Depuis l’arrivée du premier appareil sur la base aérienne d'Orléans il y a moins de trois ans, le « petit frère » a bien grandi. Il sait désormais tout faire, et le fait bien. Combat Proven !

    

Après 50 ans de détachements en opérations extérieures sur la scène africaine, le C160 Transall laisse la place au C-130J Super Hercules qui, depuis le 31 juillet 2020, assure sa relève au sein du groupement de transport opérationnel de la base aérienne projetée de Niamey. Retour en images sur la première mission logistique du C-130J dans son nouvel environnement.

     

     


Sources : armée de l'Air et de l'Espace
Droits : armée de l'Air et de l'Espace