En 2018, un Commandement spécialisé pour l’Assistance militaire opérationnelle de l’armée de Terre (COM AMOT) verra le jour, pour lequel un échelon préfigurateur est mis en place dès cet été. Cette nouvelle structure sera adossée à l’EMSOME, l’Etat-major spécialisé pour l’outre-mer et l’étranger, commandé par le général Philippe Delbos. Point de situation sur ce nouveau commandement et les conséquences directes pour l’EMSOME.
Depuis le 1er juillet 2016, l’ « école militaire de spécialisation » est devenue « état-major spécialisé » de l’outre-mer et de l’étranger (EMSOME), commandant de ce fait les onze formations terrestres stationnées en outre-mer et à l’étranger (OME). La mission de l’EMSOME est donc de permettre à ces dernières de remplir leur contrat opérationnel au profit des commandements interarmées (COMIA).
Mais l’EMSOME reste toujours le centre de formation possédant l’expertise de l’OME et formant avant leur départ les soldats projetés en opération ou en mission de courte ou longue durée sur les environnements physiques, humains et culturels du territoire sur lequel il sera déployé.
De plus, l’EMSOME est la maison-mère des Troupes de marine et donc responsable du patrimoine, des traditions et de la cohésion de l’arme. Ces dernières, dont le personnel a vocation prioritairement au service OME, sont garantes du maintien et du développement de l’expertise de l’outre-mer et de l’étranger au profit des armées. Toutes ces caractéristiques donnent sa légitimité à l’EMSOME d’épauler la création du Commandement de l’Assistance militaire opérationnelle Terre (COM AMOT).
Dans un premier temps, l’important pour l’EMSOME est de faire en sorte que le Commandement de l’AMOT se mette réellement en place. À partir de septembre 2017, l’armée de Terre va créer ce nouvel organisme avec une montée en puissance progressive. Il va passer d’un échelon préfigurateur d’une dizaine de personnes à la rentrée, à la totalité du commandement en 2018, soit une trentaine de personnes.
Ce COM AMOT sera colocalisé et rattaché organiquement à l’EMSOME de façon à pouvoir l’appuyer dans sa vie courante et d’avoir une véritable synergie dans la formation et l’expertise des détachements qui partiront en partenariats militaires opérationnels. Nous, l’EMSOME, la détenons depuis longtemps, cette expertise. Nous avons, par exemple, le 6e BIMa au Gabon particulièrement tourné vers l’AMO et tous nos régiments ont ce type de missions dans leurs zones respectives. Donc, avec le COM AMOT, il y aura de véritables échanges d’informations. Considérant que nous formons tous les militaires qui partent en outre-mer ou à l’étranger, nous avons cette capacité à appuyer le nouveau COM AMOT dans la formation des formateurs qui partiront en mission.
Pour le moment, j’ai proposé au major général de l’armée de Terre les objectifs initiaux du COM AMOT qui consistent avant tout à générer une véritable capacité additionnelle dans l’assistance militaire opérationnelle. Ce terme devrait d’ailleurs évoluer vers celui de « partenariat militaire opérationnel » pour mieux marquer le lien essentiel de cette mission avec les besoins définis par le pays partenaire.
Derrière la création de ce nouveau commandement, le but est véritablement d’augmenter les capacités de l’armée de Terre à préparer, planifier, conduire une opération de montée en puissance et d’accompagnement des armées de nos partenaires. Ainsi, nous allons parrainer le COM AMOT afin qu’il soit capable de mettre tout cela en œuvre. Pour l’année à venir, nous allons donc aider et épauler le colonel Alain Vidal, ancien commandant de l’unité de commandement et de coopération opérationnelle des éléments français au Sénégal, qui va prendre la tête du COM AMOT pour répondre à l’ambition de l’armée de Terre dans ce domaine.
L’objectif du COM AMOT sera prioritairement de disposer très rapidement des nouvelles capacités nécessaires, par exemple la capacité d’anticipation ou de participation à la planification et à la génération de force dans le domaine de l’assistance militaire opérationnelle.
Mais, au départ, seule une dizaine de personnes composera cette entité. Ils devront donc s’appuyer sur les états-majors existants et établir les processus de fonctionnement avec ces organismes. Ainsi, il va falloir créer toute cette expertise du COM AMOT qui ira ensuite irriguer toutes les entités de l’armée de Terre.
Avec la création de ce nouveau commandement, le but n’est pas, bien sûr, de se substituer aux capacités historiques de l’armée de Terre mais bien d’apporter une véritable plus-value : avoir une vision globale et un référent unique de l’assistance militaire opérationnelle Terre. Quand nous envoyons de l’AMO dans un pays, c’est qu’il y a une expertise qui sera transmise à ce pays partenaire. Cette expertise, il faut la trouver. Si nous avons besoin d’experts de l’Aviation légère de l’armée de Terre, il va falloir les trouver dans le COM ALAT. Toutes les spécialités de l’armée de Terre participent donc pleinement à l’AMO. Ce qu’il nous faut, c’est un suivi de ces expertises, ce que nous n’avons pas aujourd’hui. Avec ces procédures, quand nous aurons un besoin particulier, nous pourrons les détenir et les déployer rapidement. C’est le COM AMOT qui aura cette vision globale et anticipée du besoin lui permettant de proposer l’organisation à mettre en place, les formations à préparer, etc.
Il faut ensuite inscrire l’action du COM AMOT dans une logique de prévention et d’intervention. L’objectif de l’AMO est d’aider nos partenaires à prévenir les crises le plus en amont possible afin d’éviter que nous intervenions directement. Si jamais les crises arrivent, il faut pouvoir les maîtriser, en complémentarité des forces du pays partenaire. Nous devons donc renforcer ces capacités afin d’être plus fort dans cette phase préventive et donc moins engagé directement.
Le COM AMOT doit aussi avoir une vision très large des choses. Il ne doit pas restreindre son action simplement à l’armée de Terre mais s’inscrire dans une chaîne plus large, notamment en lien avec la Direction de la coopération de sécurité et de défense (DCSD) du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et les différents organismes interarmées. Avec la création de ce nouveau commandement, l’armée de Terre cherche donc à organiser structurellement ce savoir-faire historique de l’armée de Terre afin de mieux répondre aux besoins.
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