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Sous-officiers dans la Grande Guerre, un tournant héroïque

Mise à jour  : 02/08/2018

Depuis 1914, les sous-officiers de l’armée de Terre comptent 212 664 morts au champ d’honneur et plus de 2 millions de blessés, dont la moitié durant la Grande Guerre. Ce conflit marque un tournant pour le corps des sous-officiers.

LE 2 AOÛT 1914, la mobilisation générale est déclarée en France : 857 000 hommes sont mobilisés, dont 73 000 sous-officiers. Le lendemain, la guerre est déclarée. Les batailles sont de véritables hécatombes pour l’armée française. Le 22 août 1914 restera comme la journée la plus meurtrière de toute l’histoire de France, avec 27 000 soldats français tombés au champ d’honneur. La Grande Guerre donne alors une nouvelle dimension au corps des sous-officiers. La création en 1915 du groupe de com-bat confère aux sergents des responsabilités de chefs militaires qui transmettent les ordres et délivrent les feux. Relais essentiels dans la hiérarchie militaire entre le corps des officiers et la troupe, les chefs de groupe renforcent la cohésion, au front ou à l’arrière. Il s’agit des prémices du combat Proterre que nous connaissons aujourd’hui.

Pendant le premier conflit mondial, l’armée de Terre compte 393 000 sous-officiers, dont 99 000 de carrière et 294 000 de complément. D’août à septembre 1914, 65 000 sous-officiers sont morts, portés disparus, faits prisonniers ou blessés.

BRAVOURE, COURAGE ET FRATERNITÉ

Par conséquent, le corps devient majoritairement composé de sous-officiers mobilisés, de caporaux et de brigadiers promus au feu. Ils se distinguent par leur bravoure, leur courage et leur fraternité d’armes. L’effort de recrutement majeur imposé par la guerre provoque la mobilisation des populations d’Afrique du Nord et des colonies. Parmi les 475 000 soldats coloniaux, on compte 25 000 sous-officiers indigènes. Ces derniers sont promus tardivement au feu : il faut 7 ans pour devenir sergent, et 12 pour être adjudant.

La Grande Guerre voit émerger des personnalités atypiques : le sergent Mathurin Meheux, artiste- peintre combattant ; le sergent Marc Bloch, professeur d’histoire1 ; le sergent André Maginot2, député de la Meuse en 1910 ; le sergent télégraphiste Jean Moulin, héros de la Résistance, compagnon de la Libération, créateur et fédérateur du conseil national de la Résistance. Enfin, Pierre Koenig, issu du rang, promu sergent puis lieutenant au feu, décoré de la médaille militaire et Grand-croix de la Légion d’honneur, est le dernier militaire élevé à la dignité de maréchal de France à titre posthume en 1984.

DES PERTES DÉMESURÉES

La démesure de la Grande Guerre marque une véritable rupture par rapport aux conflits antérieurs : les pertes militaires s’élèvent à 1,4 million de soldats tombés. Cette hécatombe sans précédent touche le corps des sous-officiers de l’armée de Terre. Durant ce conflit, 110 000 d’entre eux sont tués et 1 million sont blessés. Les sergents payent un lourd tribut avec 82  500 tués. Les sous-officiers représentent alors 7,63 % des pertes totales de l’armée française. Le 3 juillet 1936, la 10e promotion de sous-officiers-élèves-officiers de l’EMICC3 de Saint-Maixent-l’École retourne sur les lieux de la bataille de Verdun (1916), symbole de la Grande Guerre. Baptisée ”Promotion Verdun”, elle rend hommage aux 2 576 ”Saint-Maixentais” morts pour la France au champ d’honneur.

1 Décoré de la Croix de guerre et résistant.
2  Décoré de la médaille militaire, de la Croix   de Guerre 14-18, de la médaille des blessés et de la Légion d’honneur.
3  École militaire d’infanterie des chars de combat.


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