Dans l’armée de Terre, le chant occupe une place de choix. Il accompagne les déplacements des soldats en ordre serré et représente l’unité. Un répertoire s’est constitué peu à peu, au fil des événements ayant marqué l’histoire de chaque Arme.
Les chants militaires regroupent aussi bien des productions anciennes, comme Au 31 du mois d’août, que des compositions plus récentes, comme le nouveau Chant du 1er RIMa créé en 2011. Cette pratique vocale accompagne toutes les étapes de la vie du soldat à travers un répertoire vaste et varié. Ainsi le carnet de Chants et traditions des Troupes de Marine compte-t-il plus de deux cents pièces réparties en six catégories. Toutefois, on peut classer l’ensemble de ces chants dans deux grands ensembles : le répertoire lié à la représentation d’un groupe de militaires et celui qui s’inscrit dans l’intimité du groupe.
L’une des vocations principales du chant militaire est d’accompagner les déplacements des soldats lorsqu’ils progressent en ordre serré. Il contribue au faste du défilé et peut être considéré comme une identité sonore de l’unité. Il se fait entendre aussi bien, lors des cérémonies et principalement lors de l’installation des unités sur la place d’armes, que lors des déplacements quotidiens des soldats en ordre serré. Si on examine les carnets de chants, ce répertoire regroupe à la fois les ”chants de marche”, par-fois appelés ”chants communs”, les ”chants des unités”, les ”chants régimentaires” et certains ”chants de traditions”. Ces différentes catégories traduisent en réalité la distinction de deux types de pièces : celles communes à toute l’armée de Terre, pouvant être interprétées par n’importe quelle unité ; celles spécifiques à une unité (régiment, escadron, compagnie), à un type d’unités (parachutiste par exemple) ou à une Arme.
Dans nombre de chants communs, il est fait référence aux ”anciens”, aux ”héros d’autre-fois”, à leur courage sur le champ de bataille et à leur sacrifice pour la ”Patrie menacée”. Si le fait d’évoquer les anciens fait référence aux guerres passées, celles-ci ne sont pas citées afin que toutes les unités puissent se reconnaître dans le chant. Par ce vecteur, les pièces mettent en avant les valeurs chères à l’unité chantante, ce qui permet la diffusion d’un état d’esprit propre à l’Institution. Les chants spécifiques à une seule entité mili-taire, qu’ils soient régimentaires, ou d’escadron/compagnie, ont une facture similaire aux chants communs. Leurs paroles sont fondées sur l’histoire de l’unité, la citation par l’expression de lieux ou de batailles considérés comme fondateurs. Ces références historiques permettent au groupe de rendre plus palpables, les valeurs revendiquées, comme le don de soi, l’abnégation ou le courage. Notamment parce qu’elle est collective, la pratique du chant est encouragée par l’institution militaire qui précise, dans l’introduction du Carnet de chants officiel, (TTA 107), que « tout jeune cadre […] obtiendra par la pratique du chant l’adhésion totale de ses soldats ». Outre cette pratique publique, c’est probablement dans l’intimité des unités que le chant se révèle être un vecteur de cohésion.
Le répertoire de ”chants de bivouacs” et de ”chants de popote” est strictement réservé à l’intimité des unités. Il est le plus souvent interprété à la veillée, sur le terrain, ou à la popote, lorsque les unités sont en garni-son et de manière plus formelle, à l’occasion des repas de cohésion ou des repas de corps. D’un caractère festif et d’une teneur souvent grivoise, il accompagne la vie intime des soldats en étant, à leurs yeux, un vecteur d’ambiance et de rassemblement. Dans ces circonstances, la pratique du chant n’est pas nécessairement impulsée par les cadres. Au contraire, chacun peut prendre l’initiative de ”lancer un chant” et ainsi contribuer à l’animation de l’événement.
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