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Il y a 70 ans, le siège de Nam Dinh

Mise à jour  : 02/02/2017 - Auteur : LCL Champeaux

En décembre 1946, les forces Viet Minh envahissent la ville de Nam Dinh, troisième ville du Tonkin (province de l’actuel Viêtnam). Une nouvelle guerre d’Indochine débute soixante ans après le siège historique de la forteresse de Tuyen Quang. Deux garnisons françaises lutteront âprement pendant près de trois mois pour défendre la ville. Récit.

Après la capitulation japonaise, le 2 septembre 1945, le général Leclerc et le corps expéditionnaire français en Extrême-Orient (CEFEO) venus de métropole, entreprennent de restaurer l’autorité de la France sur le sol de l’Indochine et de relever, au sud, les Britanniques et au nord les Chinois, qui ont succédé aux occupants japonais. D’abord conduite en Cochinchine, puis au Tonkin, la reconquête est difficile en raison de l’opposition des nationalistes et surtout d’Ho Chi Minh et des communistes vietnamiens. Ces derniers ont proclamé la République démocratique du Viêtnam le 2 septembre 1945 et s’opposent de fait aux troupes françaises. Malgré les accords de modus vivendi signés par Ho Chi Minh avec Leclerc le 16 mars 1946, puis avec le gouvernement français le 14 septembre 1946, le bombardement d’Haiphong par la Marine française le 23 novembre 1946 et l’attaque du Viet Minh contre les garnisons françaises le 19 décembre 1946 ouvre une nouvelle guerre qui va durer près de huit ans.

Le p’tit dab

Après avoir participé aux campagnes de la Libération de la France et de l’Allemagne, le 2e bataillon du 6e régiment d’infanterie coloniale, commandé depuis décembre 1944 par le chef de bataillon Daboval – que ses hommes appellent familièrement le ″p’tit dab″–  embarque sur le Pasteur le 26 octobre 1945. Au sein du CEFEO, l’unité combat en Cochinchine. Transféré au Tonkin, le bataillon subit le feu des troupes chinoises à Haiphong, le 6 mars 1946, et rejoint Hanoï. En septembre 1946, il occupe deux garnisons dans le delta : une compagnie s’installe à Haiduong et le gros du bataillon, à Nam Dinh, sur le fleuve Rouge. Conscient des menaces, Daboval organise et prépare ses positions. Jeune lieutenant affecté à la concession française de Shanghai en 1932 et témoin des affrontements entre Chinois et Japonais, il se souvient de cette expérience pour mettre Nam Dinh et sa Cotonnière1 en position de défense. Ainsi, la banque d’Indochine se transforme en blockhaus, les plans de défense sont établis, les dépôts de vivres constitués, des puits creusés et un troupeau de bœufs acheté… Au moment de l’attaque du 19 décembre 1946, les deux garnisons sont isolées. Elles mènent le combat contre des forces considérables, avec leurs seuls moyens, et tiennent. À Nam Dinh, dans leurs postes encerclés, les marsouins résistent aux assauts tandis que les destructions s’accumulent.

Le roc de Nam Dinh

Largués dans la nuit du 5 au 6 janvier 1947, une centaine de parachutistes renforcent la garnison tandis qu’au matin une flottille appuie le débarquement d’une compagnie de légionnaires, renforcée de sapeurs, pour réduire les résistances autour de la tête de pont2. Début mars, une flottille remonte à nouveau le fleuve Rouge tandis qu’un groupement de marche ouvre la route jusqu’à Nam Dinh : le 10 mars le Viet Minh abandonne le siège. Ce succès défensif est le résultat de deux facteurs clés, l’anticipation du commandant Daboval et la volonté farouche des soldats de tenir, face un adversaire supérieur en nombre, quatre-vingt-deux jours durant. Le général Leclerc héritera de cette page d’histoire le nom de roc de Nam Dinh. C’est l’ultime siège et l’investissement de la cuvette de Diên Biên Phu par le Viet Minh, de mars à mai 1954, qui sonnera le glas de la présence française dans le nord de l’Indochine.

1Usine de traitement du coton fondée en 1900.
2Au cours des combats, le lieutenant de vaisseau François, commandant la flottille, est tué : son nom est donné à l’un des commandos de la Marine nationale.


Sources : TIM n°281
Droits : Armée de Terre 2022