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Frédéric Tellier, réalisateur de « Sauver ou périr » : « Ce qui me séduit, c'est la force de l'engagement »

Mise à jour  : 29/11/2018

A l’occasion de la sortie du film « Sauver ou périr » avec Pierre Niney ce 28 novembre, nous avons rencontré le réalisateur, Frédéric Tellier. Ce film retrace l’histoire de Franck, sapeur-pompier de Paris, accidenté après une intervention, qui tente de se reconstruire parmi les siens. Le réalisateur revient sur les raisons qui l’ont poussé à réaliser ce film avec cette idée de mettre à l’honneur ces hommes et ces femmes militaires qui risquent chaque jour leur vie pour sauver celle des autres.

En quelques mots, quel est le message de votre film ?

Chacun aura sa perception, sa réception du film. Donc je ne sais pas si mon message à moi est si important que cela. Mais disons que c'est quelque chose qui tourne autour de la quête d'identité. Comment, après une épreuve dans la vie, on peut se recentrer sur l'essentiel, c'est-à-dire, les sentiments, l'amour, la camaraderie pour s'en sortir. 

Vous abordez le thème des accidentés de la vie et de la difficulté de se reconstruire. Pourquoi avoir choisi de vous servir d'un personnage de la brigade de sapeurs-pompiers de Paris (BSPP) pour illustrer ce propos ?

J'ai choisi ce récit-là, cet angle de vue parce qu’au départ je suis rentré dans cette proposition de film par le sujet. J'avais vraiment envie de parler de l'amour et parler des accidentés de la vie de manière intense, presque excessive. J'avais également envie de parler de la quête de l'identité. Qui est-on vraiment ? Quand sait-on qui on est vraiment ? Comment ça se déclenche ? Est-ce que ça se déclencher à un moment ? Est-ce qu'il faut passer par la souffrance pour ça ? Et j'avais envie de faire un hymne à la vie. Ça, c'était mon sujet de fond.

Je n'avais pas encore l'organisation. Et puis, ça a végété dans ma tête pendant assez longtemps. Un jour, j'ai entendu parler de ces affaires tragiques qui ont touché des pompiers. Comme je suis parisien, je me suis rapproché de la BSPP et j'ai eu connaissance de cas concrets de sapeurs-pompiers à qui cela est arrivé. Très vite, j'ai mené une petite enquête. J'ai rencontré des chirurgiens, des psychologues, des psychiatres qui m'ont orienté vers un autre cas de pompier dans le Sud de la France. Et puis, j'ai aussi entendu parler d'un pompier américain dont j'ai suivi un peu le parcours.

J'ai eu beaucoup d'empathie pour ces gens héroïques dont on ne pense jamais qu'il peut leur arriver un truc. Et là, j'avais vraiment une figure forte d'un héros qui va voir sa vie basculer et qui va devenir un héros pour sa famille et non plus pour la société.

Qu'est-ce qui vous a le plus touché chez ces militaires, chez ces gens qui s'engagent ?

Vous avez raison de parler de militaires plutôt que de sapeurs-pompiers, de même que c'est un film sur les accidentés de la vie et pas sur les grands brûlés. Je pense que ce qui m'a beaucoup touché dans le cas particulier des sapeurs-pompiers, c'est leur jeune âge combiné à leur extrême maturité, leur extrême conscience de la fragilité de la vie.

De manière plus générale, ce qui me séduit beaucoup, c'est la force de l'engagement. Ce sont des gens qui s'engagent très jeunes avec une idée très belle de la vie, d'empathie, de protection des autres. Il y a une espèce de foi en l'humanité que j'avoue ne pas toujours avoir. Quand je les fréquente, je vois une partie du bon côté de la nature humaine.

Au moment où il reçoit sa médaille militaire, presque 2 ans après son accident, Pierre Niney a des mots très forts sur l'esprit de corps, la cohésion fraternelle. En quoi ces termes sont-ils touchants ?

Bien sûr, ça me touche beaucoup. Peut-être parce que moi je suis très solitaire dans la vie, par la force des choses. Et, de temps en temps, au cinéma, on est un groupe assez cohérent et on défend un film jusqu'au bout. Je mesure le mot "défendre" puisqu'il est propre à l'armée, aux sapeurs-pompiers. Et c'est vrai que ça me touche beaucoup cet esprit de corps, cette cohésion qui est à la fois très puissante et très fragile.

J'adore chez eux cet esprit : on défend un territoire, on défend des victimes, cet esprit de cohésion après un grave accident ou une grave intervention. On se retrouve au foyer à boire un jus de fruit, on débriefe. Pas besoin de grands mots, de grandes choses, juste « on est ensemble, on vit les choses ensemble ». Cela a ses limites, mais également sa beauté au moment où on le vit. C'est très impressionnant.

Dans le film, à un moment donné, il y a un gros plan sur la pucelle : "Sauver ou périr". Pourquoi avoir fait de cette devise le titre de votre film ?

"Sauver ou périr" c'est vraiment la devise de la brigade de sapeurs-pompiers de Paris. Je la trouvais tellement belle en rentrant dans le film. Je me suis dit : "Tiens, ça va faire un très beau titre de film au sens de la vie". Ça aurait pu être "se sauver ou périr". Il y a un petit jeu de mots là-dessus. Mais c'est vrai que c'est une très belle devise. Tout est dit en trois mots.


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