Massivement engagée en opération depuis des années, l’armée de Terre connaît une usure accélérée de ses matériels terrestres qui se consomment aujourd’hui plus vite qu’il n’est possible de les réparer. Le maintien en condition opérationnelle des matériels terrestres (MCO-T) représente donc un véritable défi pour les années à venir. A l’occasion du Forum Entreprise-Défense qui se tient actuellement à Versailles-Satory, le général de corps d’armée Francis Autran, directeur central de la Structure intégrée du maintien en condition opérationnelle des matériels terrestres (SIMMT) fait le point sur les enjeux du secteur.
Le Forum Entreprise-Défense (FED) est un rendez-vous biennal connu, reconnu et attendu par tous les partenaires du MCO-T. La preuve en est qu’il s’agit cette année de la 15e édition.
C’est un événement connu, car la SIMMT et ses grands partenaires industriels mettent en synergie nombre de petites et moyennes entreprises qui représentent un portefeuille de compétences et de savoir-faire indispensables à la pérennité des capacités d’action des forces, dans la longue durée de vie des équipements terrestres.
C’est un événement reconnu, car co-organisé par la SIMMT, la Chambre de commerce et d’industrie de Paris Ile-de-France (CCIP-IdF) qui apporte son indispensable expertise et sa connaissance du tissu industriel et plus particulièrement celui concernant les PME/PMI, et, pour la première année, en partenariat avec le Groupement des industries françaises de défense et de sécurité terrestres et aéroterrestres (GICAT).
C’est un événement attendu, car il rassemble, en un même lieu à Satory, des secteurs très diversifiés du MCO-T (mobilité, blindés, armement, systèmes d’armes, engins spécialisés, optique-optronique,...), mais aussi la logistique, les télécommunications, les systèmes d’information, l’intelligence artificielle, ou d’autres encore comme l’énergie renouvelable et les travaux publics. Autant de secteurs innovants, au moment où le MCO terrestre entre dans « la 4e génération » du soutien des matériels, matérialisée notamment par l’arrivée prochaine des équipements Scorpion.
Au bilan, ce sont 150 exposants privés et 10 exposants institutionnels qui seront présents au FED et pourront échanger entre eux mais également avec les 2 000 visiteurs attendus pendant les deux journées.
Le premier objectif du FED est de faire se rencontrer les fournisseurs, les états-majors « donneurs d’ordres », les maîtrises d’œuvre, qu’elles soient étatiques ou privées, et les utilisateurs.
Il s’agit ensuite de mettre en perspective le besoin opérationnel qui doit s’adapter au contexte des engagements et qui tire l’innovation tout en s’en nourrissant, avec les impératifs industriels qui imposent de l’anticipation, de la stabilité et de la visibilité pour répondre parfaitement au besoin exprimé.
Seules cette connaissance mutuelle et cette compréhension commune des enjeux de chacun et du MCO-T peuvent permettre de faire converger les ressources à mobiliser et déployer, sur le besoin à réaliser pour que les forces conservent leur capacité d’action en tout temps et en tous lieux.
Enfin, cette année, le FED renoue avec sa vocation originelle de ‘’Forum’’. Trois conférences viendront rythmer le FED et enrichir les échanges sur des thèmes de recherche et d’intérêt partagé par nos homologues allemands sur les enjeux du MCO-T, par des grandes entreprises comme la SNCF sur les enjeux technologiques, ou encore par le monde universitaire sur les enjeux de formation et de compétences à maintenir.
Pour élargir cette réflexion commune, la DGA conduira en marge du FED un séminaire restreint sur les évolutions du soutien militaire et ses impacts sur les PME à horizon 2025.
Le maintien en condition opérationnelle des matériels terrestres (MCO-T) contribue directement à la capacité opérationnelle des forces terrestres. L’armée de Terre en a fait un pilier stratégique au même titre que la préparation opérationnelle des forces ou les ressources humaines.
Aujourd’hui les capacités restent soumises à une forte pression opérationnelle qui se traduit par une usure accélérée des matériels engagés sur les théâtres d’opération extérieure, liée à une suractivité et une surintensité imposées par le rythme des opérations. Le défi est donc de continuer à garantir la disponibilité des équipements déployés en opérations à un niveau de 90%, tout en permettant aux forces terrestres de conduire un entraînement de qualité en métropole grâce à une disponibilité des matériels de 70%. Cela passe par un effort de régénération de notre capital équipement.
A ce premier défi, s’ajoute celui de garantir le soutien de quatre générations d’équipements jusqu’à horizon 2025 : du VAB au Griffon.
Le MCO terrestre s’est lancé en 2016 dans une nouvelle manœuvre de transformation pour faire face à ces défis. La réussite de cette manœuvre repose sur une combinaison de facteurs qu’il convient de bien maîtriser : des ressources humaines et financières en cohérence avec les objectifs visés et l’ambition affichée, mais également l’implication, dans la durée, de partenaires performants de l’industrie privée.
Relire le dossier TIM 268 sur le maintien en condition opérationnelle.
Droits : Armée de Terre 2022