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Coopération interalliés : « Préparer le futur »

Mise à jour  : 04/05/2018

Le général de division Francisco Soriano, sous-chef d’état-major opérations aéroterrestres de l’armée de Terre, et le général Jérôme Lockhart, officier général chargé des relations internationales de l’armée de Terre, sont deux acteurs majeurs de l’entraînement avec les nations alliées. Entretien croisé.

le général de division Francisco Soriano, sous-chef d’état-major opérations aéroterrestres de l’armée de Terre

le général Jérôme Lockhart, officier général chargé des relations internationales de l’armée de Terre

Quels sont les acteurs et les différents niveaux de la mise en place de l’entraînement avec nos alliés dans l’armée de Terre ?

Général Soriano : La France, comme membre d’organisations militaires (Otan, Union européenne), développe des partenariats avec de nombreux pays et participe à l’armement de structures, notamment de niveau état-major, au sein ou au profit de ces alliances. L’entraînement avec nos partenaires étrangers concerne tous les niveaux et toutes les fonctions opérationnelles. Nous avons contribué avec l’Allemagne à la création d’une grande unité de combat : la brigade franco-allemande (BFA), pour laquelle l’entraînement et l’interopérabilité sont quotidiens. Ainsi, cette multi-nationalité est très présente et nécessite pour l’armée de Terre d’organiser l’entraînement avec nos alliés. Il fait l’objet d’orientations définies par l’état-major et se concrétise par la programmation de grands exercices annuels (Citadel Guibert, Bold Alligator, El Himeimat, Colibri) et le jumelage de grandes unités françaises avec leurs homologues européennes en fonction de leurs spécificités (11e brigade parachutiste et 9e brigade d’infanterie de marine avec les Britanniques, 6e brigade légère blindée avec les Espagnols, 27e brigade d’infanterie de montagne avec les Italiens, notamment dans le cadre de l’état-major non permanent de brigade alpine franco-italienne, la 7e brigade blindée (7e BB) avec les Belges, la 4e brigade d’aérocombat avec l’aviation légère de l’armée de Terre espagnole). Par ailleurs, lors des entraînements du corps de réaction rapide-France (CRR-Fr), nous invitons systématiquement des partenaires de l’Alliance à participer au niveau brigade, voire division. C’est dans cet emploi en coalition que le CRR-Fr prend tout son sens.

En quoi le fait de s’entraîner avec nos alliés participe-t-il au renforcement de notre capacité opérationnelle ?

Général Lockhart : L’entraînement avec nos alliés a une seule raison d’être : la préparation d’engagements conjoints en opération. Aujourd’hui, nos déploiements s’inscrivent systématiquement dans le cadre de coalitions. Il est donc indispensable, dès le temps de paix, d’apprendre à travailler ensemble ou au moins côte-à-côte, prérequis de connaissance mutuelle incontournable avant des engagements conjoints. Les partenariats s’inscrivent dans deux cadres principaux : les engagements multilatéraux de la France au sein de l’Otan ou de l’Union européenne ; les relations bilatérales (BFA, Combined joint expeditionary force franco-britannique, partenariats avec nos alliés américains, espagnols, italiens, belges et australiens). En mai prochain, la 7e BB participera, en Allemagne, à l’exercice Joint Warfare Assessment, aux côtés d’unités allemandes, britanniques et canadiennes, sous le commandement de la 1st US Infantry Division dans le cadre d’un scénario de haute intensité.

Quels sont les attendus de ces entraînements ? Quels bénéfices en tirent les unités ?

Général Soriano : La finalité première est l’interopérabilité, c’est-à-dire la capacité de forces de pays différents à intervenir de manière coordonnée. Cela passe soit par la communauté soit par la connaissance de la doctrine et des procédures du partenaire. L’entraînement conjoint permet de faire dans un premier temps l’état des lieux des différences, puis trouver et "roder" les solutions. L’interopérabilité ne se décrète pas, elle se construit autour de trois principaux piliers :

  • les équipements (recherche de la plus grande compatibilité possible) afin d’échanger de l’information et permettre des mutualisations, en particulier en matière de soutien logistique ;
  • des doctrines et des procédures communes ou a minima connues ;
  • des militaires parlant le même langage (et si possible la même langue) ce qui permet de travailler ensemble pour remplir la même mission. Cette dimension est essentielle : aucun développement technologique ne remplacera la connaissance et la compréhension préalables, souvent sources de solutions pragmatiques. À ce titre, l’exigence linguistique doit s’appliquer avec équité : le soldat français doit savoir communiquer dans une autre langue que la sienne, mais nous invitons également nos partenaires à améliorer leur connaissance de la langue française.

Dans un contexte d’opérations et de commandements multiformes, comment s’opère le choix de nos partenaires d’entraînements ?

Général Lockhart : L’armée de Terre choisit ses partenaires en cohérence avec les orientations et les priorités de l’état-major des armées. L’objectif est de rechercher un retour sur investissement de nature opérationnelle. L’engagement de la France au sein des différentes structures multinationales résultant de traités d’alliance est la base naturelle de nos partenariats. L’engagement de nos partenaires en opérations s’effectue toujours après une proposition de contributions et la mise à disposition de forces ou de capacités. Enfin, des relations privilégiées sont développées avec les pays où sont implantées les forces pré-positionnées, comme les Emirats arabes unis, le Gabon, République de Côte d’Ivoire, Djibouti ou encore le Sénégal.

S’entraîner avec nos Alliés


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