Alors que le porte-avions Charles-de-Gaulle a retrouvé son port-base de Toulon mi-août, le contre-amiral Coindreau, commandant la Task Force (TF) 473, livre le bilan des dernières semaines d’opérations en Libye, marquées par un engagement toujours aussi intense.
« Nous avons continué à conduire les opérations depuis le bâtiment de projection et de commandement (BPC) Mistral, où nous avons transféré notre état-major, soit près d’une soixantaine de personnes », explique l’amiral Coindreau. « Le départ de l’aéronautique navale n’a pas signifié une baisse d’activité. D’une part, les missions des avions du porte-avions ont été compensées par les chasseurs de l’armée de l’Air. D’autre part, depuis mi-mai, nos efforts se sont progressivement focalisés sur l’emploi des hélicoptères. »
Après les premiers mois d’opération, le choix d’utiliser les hélicoptères s’est imposé de lui-même. Face aux raids aériens de la coalition, les forces pro-Kadhafi avaient en effet développé des moyens de rester menaçantes tout en dissimulant leur capacité d’artillerie. A l’altitude où évoluent les avions de chasse, l’identification formelle était dès lors rendue difficile. « Le groupe aéromobile a permis de faire peser une nouvelle menace sur l’adversaire », reprend l’amiral Coindreau. « Les hélicoptères, qui opèrent très bas, obtiennent une meilleure visibilité sur les cibles, ce qui complète bien l’action des avions », précise également le commandant de la TF 473. « Contraintes de revoir leur mode d’action, les forces pro-Kadhafi ont été déstabilisées, ce qui s’est révélé décisif dans le basculement de la situation au sol. »
Parallèlement, les frégates engagées au sein de la TF 473 ont eu, à plusieurs reprises, l’occasion de mettre en œuvre des capacités de tir canon contre la terre. « L’appui-feu naval, a permis de générer chez lui un sentiment d’insécurité et d’incertitude », souligne l’amiral Coindreau. « Ce type d’appui aux opérations, de la mer vers la terre, n’avait pas été utilisé en situation réelle par la France depuis les évènements de Suez en 1956. »
L’opportunité d’utiliser l’ensemble des moyens aériens, aéromobiles et navals, de façon coordonnée, au sein de la même opération, est intimement liée à la nature du théâtre libyen. L’activité au sol est concentrée sur la frange côtière et le mandat des Nations-unies exclut une intervention terrestre. Les militaires des trois armées opèrent donc sans jamais poser le pied sur le sol libyen. Ces contraintes, parfaitement assimilées, « ont mis au premier plan l’intérêt de disposer d’un état-major embarqué, avec des moyens de projection de puissance depuis la mer », conclut l’amiral, « et toute la pertinence des choix d’engagements faits par l’état-major des armées ».
Sources : EMA
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