La bataille de la Marne dans "Les chemins de la mémoire"

Entre l'assassinat de l'archiduc François-Ferdinand, le 28 juin 1914 et la déclaration de guerre de l'Allemagne à la France, le 3 août de la même année, quelques semaines seulement se sont écoulées. Le mois d'août est épouvantable pour les forces de la Triple Entente (Royaume-Uni, France, Russie). Malgré des combats acharnés et des actions d'éclat, la bataille des frontières ne semble être qu'une longue succession de défaites pour les forces belges et françaises. En Prusse orientale, en Alsace, dans les Vosges, sur le plateau lorrain, dans les Ardennes belges ... : c'est la retraite générale. La percée est telle que bientôt Paris est menacé. Le gouvernement est rapatrié à Bordeaux (2 septembre). Tandis que le général Gallieni organise le camp retranché de Paris et se prépare à défendre la ville "à outrance", du côté allemand, on exulte : "Dans six semaines, toute cette histoire sera réglée" écrit le 20 août un colonel de l'état-major de l'armée allemande. Nous sommes pourtant à la veille du "miracle de la Marne".

Le 6 septembre, Joffre signe "l'Ordre du jour de la Marne". Il ordonne de "garder le terrain (...) et de se faire tuer sur place plutôt que de reculer". Car la bataille de la Marne (5-12 sept. 1914) est décisive à bien des égards. Véritable sursaut, elle démontre la solidité et la résilience de l'armée française. Cette bataille, qui sauve le pays d'un effondrement que d'aucuns envisagent déjà, permet de stabiliser le front avant "la course à la mer", dernière étape de la guerre de mouvement avant l'enlisement de la guerre des tranchées. Elle démontre surtout la capacité d'innovation d'une armée française qui parvient à s'adapter à des schémas tactiques nouveaux. Au prix d'un effort gigantesque, la bataille de la Marne est finalement gagnée. La Grande Guerre, elle, ne fait que commencer ...

Revue Les chemins de la mémoire

N° 245 (août - septembre 2014) : "L'épreuve du feu"

Texte du dossier : colonel Michel Goya

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