Editorial de la Lettre de l'IRSEM n°7, septembre 2012
Par Frédéric Charillon, directeur et Frédéric Ramel, directeur scientifique de l’IRSEM.
La rentrée académique 2012 sera l’occasion pour l’IRSEM d’inaugurer un nouveau dispositif destiné aux jeunes chercheurs, civils ou militaires : l’Université stratégique. Celle-ci offrira plusieurs modules aux doctorants qui bénéficient d’une aide de la part du Ministère de la défense mais aussi aux stagiaires de l’Ecole de guerre intéressés par la recherche, et à d’autres publics encore.
D’une part, des modules à vocation méthodologique (allant des outils les plus récents aux modalités d’enquêtes sur le terrain sans oublier l’utilisation des références classiques dans le domaine de la pensée stratégique) permettront d’enrichir les compétences opérationnelles de ces chercheurs en devenir. D’autre part, plusieurs séances seront consacrées à l’insertion professionnelle des docteurs comme les conseils en vue de publier dans des revues à comité de lecture ou bien grâce aux échanges avec des docteurs confirmés qui ont pu embrasser des carrières fort variées de l’Université aux organisations internationales. Les militaires qui rejoindront l’actuelle promotion de l’Ecole de guerre bénéficieront d’interventions focalisées sur les formations universitaires qui leur sont ouvertes. La recherche, en effet, est à la portée de tous ceux qui par motivation personnelle adoptent un regard réflexif et scientifique sur leur action ou sur les interventions auxquelles ils participent.
Dans le prolongement des deux journées qui se sont tenues sur le site de l’Ecole militaire les 6 et 7 septembre, une séance destinée aux retours d’expérience sera également organisée en octobre afin de croiser les regards des praticiens et des jeunes chercheurs. En effet, les RETEX sont une source d’information précieuse pour la réflexion stratégique. Savoir les utiliser dans une perspective de réflexion constitue l’une des sources privilégiées dans ce domaine. L’ensemble de ces initiatives participe d’une volonté d’appliquer le principe de fertilisation croisée entre militaires et scientifiques.
L’IRSEM, depuis sa création, se doit en effet d’être une passerelle entre le monde de la défense et celui de l’académie. C’est dans cette perspective que de nombreux rapprochements ont été opérés avec des universités parisiennes et de province, à l’occasion des prix et allocations octroyés (du prix d’Histoire militaire aux allocations de sciences sociales), des chaires expérimentées (avec HEC depuis cette rentrée), des séminaires doctoraux créés (ainsi, chaque année, sur les études stratégiques européennes avec le centre d’Etudes européennes de Sciences Po), ou des conférences organisées « hors les murs » (par deux fois déjà avec les « Ateliers de la Citadelle » à Lille). De soutenances de thèse (auxquels participent des chercheurs de l’IRSEM) en séminaires doctoraux ou conférences internationales, les mêmes aspirations se confirment. Une aspiration, d’abord, des professionnels de la défense, militaires en tête, à échanger avec les animateurs de la réflexion stratégique académique, auteurs d’articles ou de livres qui s’efforcent de nourrir le débat. Une aspiration équivalente, ensuite, de la part des chercheurs universitaires, à recueillir le point de vue irremplaçable des hommes et des femmes de terrain, des acteurs de la guerre, de la paix, de la stratégie et des relations internationales, que sont les militaires. Une aspiration commune, surtout, à s’informer mutuellement, à se connaître mieux, à croiser les regards, chacun dans son rôle.
Cette aspiration mutuelle à une fertilisation des approches trouve sur le site de l’Ecole militaire, au sein des différentes entités représentées, de nombreux instruments à sa disposition, entre recherche, enseignement et formation, documentation, sensibilisation à la défense, aide à l’analyse stratégique, et bien d’autres encore. Le défi est suffisamment passionnant, et surtout crucial, pour être relevé collectivement.
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