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L’Afrique du Sud à Rio+20 : objectif vert ?

Mise à jour  : 28/08/2012 - Direction : IRSEM

Dr. Agathe Maupin, Chercheur au South African Institute of International Affairs (SAIIA)

 

La Conférence des Nations Unies pour le Développement Durable, surnommée Rio+20, s’est déroulée en deux temps. Elle a débuté avec des journées de préparation et de dialogue du 13 au 19 juin, qui ont été suivies de la Conférence des Nations Unies sur le Développement Durable per se du 20 au 22 juin. Pour être à la hauteur du précédent évènement de 1992 et des espérances des nombreuses parties présentes, les organisateurs de Rio+20 comptaient sur plus de 100 pays représentés. Au décompte final, 57 chefs d’Etats étaient présents et 29 373 personnes ont assisté aux divers événements. Deux grands groupes pouvaient être distingués : 10 000 représentants d’ONG, un peu plus de 12 000 représentants officiels, complétés par les médias et assimilés. Autant de rencontres politiques, scientifiques, culturelles ont été organisées dans un seul but, la production d’un document final sobrement intitulé « L’avenir que nous voulons ». L’Afrique du Sud, dont la place sur la scène internationale du développement durable et des changements climatiques n’est plus à trouver depuis le Sommet mondial pour le Développement durable de Johannesburg en 2002, a répondu présente à Rio+20 et a rappelé ses engagements et exigences.

Après avoir assisté à de nombreux débats et manifestations sur les  sept éléments déterminés comme stratégiques à cette conférence - les villes, les océans, les catastrophes, l’emploi, l’énergie, l’alimentation et l’eau – les consultations et les votes ont permis de choisir les propositions essentielles, à inclure dans le document final.

Un net clivage a opposé les représentants officiels sur le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE). Certes, la plupart des pays étaient d’accord pour réformer le PNUE afin d’en faire un véritable outil de la mise en œuvre du pilier environnemental du développement durable. Le débat a cependant été tendu sur la question de son remplacement complet - pour en faire une Organisation Mondiale Environnementale (une OME, sur le modèle de l’Organisation Mondiale du Commerce) - ou bien uniquement renforcer ses prérogatives actuelles. Le document final propose en définitive la création d’une « instance politique de haut niveau » pour succéder à la Commission sur le Développement durable, et insiste sur la nécessité pour l’Assemblée générale des Nations Unies d’adopter lors de sa 77ème session une résolution pour renforcer et reclasser le PNUE (en instituant notamment le principe de l’adhésion universelle au Conseil d’administration).

Du côté sud-africain, le Président Jacob Zuma et la ministre sud-africaine aux questions hydriques et environnementales, Edna Molewa, ont répété lors des réunions préparatoires et pendant la Conférence, le soutien de l’Afrique du Sud d’une part à l’ouverture universelle du Comité de 58 Etats membres du PNUE (dont 16 pour le continent africain), d’autre part à une réforme en profondeur dans la mesure où elle demeurerait une transformation du PNUE actuel et le conserverait à Nairobi au Kenya.

L’Afrique du Sud, aux côtés de l’Inde et du Brésil, a farouchement continué à défendre le principe de « responsabilités communes mais différenciées » qui fait bien l’objet d’un paragraphe dans le document final. La question de la nécessité des « transferts de technologies », pour répondre à la reconnaissance des responsabilités différentes précédemment évoquée, a également été largement débattue : ces transferts sont mentionnés à plusieurs reprises et illustrent l’inscription de l’économie verte dans le contexte du développement durable et de l’élimination de la pauvreté. La définition de l’économie verte était aussi une source de tension, dans la mesure où une définition stricte de cette dernière était susceptible d’orienter son financement et les cadres de sa mise en œuvre. Aucune définition précise n’est donc présente dans le document final afin d’agréer les pays inquiets d’un cadre trop rigide.

L’Afrique du Sud a également eu à cœur durant ces débats de rappeler le manque de poids des Etats africains au sein des organisations internationales, ainsi que l’importance de l’intégration régionale pour répondre aux exigences d’un développement durable qui se doit de placer l’éradication de la pauvreté au sein de ses priorités. Ces déclarations tombent à point nommé après la publication du rapport de la Commission économique pour l’Afrique intitulé Progress towards Sustainable Development in Africa, évaluant les progrès réalisés sur le continent africain en matière d’intégration régionale et soulignant justement les lacunes qu’il reste à combler dans ce domaine pour l’Afrique australe.

Présente au sein d’un pavillon « Afrique australe », aux côtés des délégations mozambicaines, namibiennes, etc., l’Afrique du Sud a organisé des événements reflétant un intérêt prononcé pour certains grands thèmes de Rio+20. Parmi les présentations sur les énergies renouvelables, celles de l’Afrique du Sud sur la « libération de son potentiel de croissance verte », ainsi que sur « l’accélération de l’accès à une énergie propre et durable pour tous en Afrique » lui ont permis de réitérer ses engagements en termes d’investissements dans les énergies renouvelables. L’Afrique du Sud avait lancé une initiative, intitulée SARi (South African Renewables Initiative) à Durban en décembre 2011 lors de la 17ème Conférence des Parties (COP17) sur la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (UNFCCC). A l’échelle nationale, l’Afrique du Sud vient également de publier sa Stratégie Nationale pour le Développement Durable (NSSD) et son plan d’action pour la période 2011-2014.

L’Afrique du Sud n’a donc pas oublié de réaffirmer sa position de « leader environnemental» et ce à plusieurs échelles : en Afrique australe, à l’échelle du continent africain, ainsi que sur la scène internationale en tant que puissance émergente. L’Afrique du Sud, en tant que BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) et membre du G20, a de nombreuses cartes en main pour jouer un rôle déterminant dans le cadre du développement durable tracé depuis maintenant 20 ans.

Références :

  •  Republic of South Africa (2011), National Strategy for Sustainable Development and Action Plan (2011-2014), Department of Environmental Affairs, Pretoria, South Africa
  •  ONU (2012), Le Futur que nous voulons, Document Final, Rio+20 Conférence, Brésil, 22-06-2


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