Accueil | IRSEM | Publications | Lettre de l'IRSEM | Les lettres de l'IRSEM (2012-2013) | 2012 - Lettre de l'IRSEM | Lettre de l'IRSEM n°5 - 2012 | Chronique de l'Arctique | Chronique de l'Arctique IRSEM ... Chronique de l'Arctique | Chronique de l'Arctique

Chronique de l'Arctique

Mise à jour  : 02/07/2012 - Direction : IRSEM

The role of the Greenland in the Arctic, Laboratoire de l’IRSEM n°7 – 2012, Dr. Damien Degeorges

L'Arctique, nouvelle frontière des relations internationales, s'illustre chaque jour comme un enjeu mondial, dont l'importance ne peut qu'inciter à une prise de conscience croissante en France et en Europe. Le Groenland, territoire autonome au sein du Royaume du Danemark, s'affirme au travers de sa construction étatique et de ses atouts stratégiques (en particulier ses ressources naturelles et sa localisation au coeur de l'Arctique). Le Groenland est un enjeu majeur pour l'Union européenne, les États-Unis et désormais la Chine : en quelques mois, le chef du gouvernement groenlandais aura rencontré le ministre chinois des ressources, la secrétaire d'État américaine, le président de la Commission européenne, les 27 représentants permanents des États membres auprès de l'Union européenne (COREPER II), pour ne citer que quelques exemples. Le président chinois se rendra quant à lui en visite d'État au Danemark, du 14 au 16 juin prochains, dans un contexte d'intérêt grandissant de la Chine pour la région nordique et arctique. L'intérêt chinois pour l'Arctique suffit à lui seul pour confirmer les enjeux et a conduit des pays de l'hémisphère sud à s'intéresser à cette région passée du rôle de périphérie à celui de centre (parmi d'autres) des relations internationales, sous l'effet notamment du changement climatique.

Abstract : Laboratoire de l’IRSEM n°7 - 2012

Foreword by Palle Christiansen, Minister for Education, Research and Nordic Cooperation, Government of Greenland

The strengthened interest for the Arctic region, due to the consequences of climate change, coincides with the emergence of Greenland on the Arctic and international scenes. At the intersection of American and European interests in the region, Greenland, a self-ruled territory four times the size of France and inhabited by about 57,000 persons, forms part of a specific debate which is of an evolutionary nature and goes beyond the regional context. Stronger autonomy within the Kingdom of Denmark is bringing Greenland closer to possible independence, generating growing interest amongst the international community.

Greenland, due to its huge icecap, its natural resources, particularly an enormous potential in Rare Earth Elements, and a location at the centre of the Arctic, new frontier of international relations, assumes a strategic dimension. The territory appears as a key issue for developments in the Arctic region and for global challenges such as adaptation to climate change and energy security in the context of an economy expected to become low-carbon.

Greenland’s state-building, between the desire for independence soon and a pragmatic approach, appears as a central issue to define the role of Greenland in the Arctic. Particularly given the territory’s strategic resources, Greenland’s state-building process may become a major security issue if it goes too fast. In case of economic difficulties, assistance to a Greenlandic state from a state willing to position or strengthen its presence in the region may have consequences for developments in the Arctic and global energy security.

Published by the French Institute of Strategic Research (IRSEM) :

http://www.defense.gouv.fr/irsem/publications/laboratoire/laboratoire-de-l-irsem-n-7-2012

Entretien avec l’Ambassadeur Philippe ETIENNE, Représentant Permanent de la France auprès de l’Union européenne

A l’heure où l’Arctique s’affirme comme nouvelle frontière des relations internationales, la présidence danoise du Conseil de l’Union européenne (premier semestre 2012) aura, au travers d’une visite des Représentants Permanents des États membres auprès de l’Union européenne (COREPER II) au Groenland, mis l’accent sur ce territoire autonome danois d’une importance stratégique pour l’U.E. avec laquelle le territoire arctique entretient des relations étroites au travers d’un partenariat et d’un statut de « Pays et Territoire d’Outre-Mer ». Le Représentant Permanent de la France auprès de l’Union européenne, l'Ambassadeur Philippe ETIENNE, avait déjà participé en tant que représentant permanent adjoint(COREPER I) à une visite au Groenland durant la présidence danoise du Conseil de l’Union européenne en 2002.

DD: 2002-2012, dix années se sont écoulées entre vos deux déplacements « COREPER » (Comité des Représentants Permanents) au Groenland, sous présidence danoise du Conseil de l’Union européenne. Quelles sont vos impressions des changements opérés au Groenland ?

PE : Un changement physique impressionnant, y compris du fait du changement climatique. Un changement politique également, perceptible dans les conversations. De nouveaux thèmes, qui ne se limitent pas au changement climatique, ont émergé. Le territoire prend conscience de son importance stratégique et réfléchit avec le Danemark à son éventuel avenir avec la volonté d’être raisonnable dans ce chemin. L’effet de l’autonomie renforcée introduite en 2009 est bien visible, tout comme les nouveaux enjeux de l’Arctique.

DD : Quel rôle peut, selon vous, avoir l’Union européenne et la France au Groenland ?

PE : L’Union européenne est un partenaire potentiellement important pour le Groenland. Elle peut être également un facteur de stabilité pour ses relations extérieures et contribuer ainsi à son développement. La relation entre l’UE et le Groenland n’est certes pas évidente vu l’éloignement, mais peut être un élément important pour l’avenir. Les autorités groenlandaises démontrent leur intérêt pour cette relation, au travers de leur représentation permanente à Bruxelles, de l’accueil des COREPER par le chef du gouvernement groenlandais, du renouvellement du partenariat entre l’Union européenne et le Groenland, ainsi que dans le secteur de l’éducation. L’Union européenne peut être un partenaire stratégique pour le Groenland. Quant à la France, nous sommes l’un des pays à s’être le plus intéressé au Groenland, grâce notamment à quelques initiatives personnelles et est illustré par la mise en place d’un Volontariat International en Administration (V.I.A.) à l’université du Groenland.

DD : Comment décririez-vous l’enjeu Groenland à un décideur ou un entrepreneur français désireux de s’y rendre ?

PE : Dans le monde globalisé d’aujourd’hui et de demain, le Groenland est un partenaire stratégique pour plusieurs raisons : l’une des rares régions du monde ayant une marge d’évolution extraordinaire, une région riche par ses ressources naturelles et un laboratoire de la planète. Le Groenland est stratégique pour la région arctique : c’est une puissance arctique en devenir, malgré sa faible population. La richesse du Groenland réside également dans le carrefour extrêmement intéressant entre populations inuit et européenne qu’il constitue. Les populations inuit, qui occupent cette région arctique depuis des millénaires, ont un rôle particulier dans notre histoire humaine.

Propos recueillis par Damien Degeorges, docteur rattaché à l’IRSEM.


Droits : IRSEM