L’IRSEM est l’institut de recherche stratégique du ministère des Armées dont la singularité est d’être à l’intersection des mondes de la Défense et de l’Université. C’est aussi la diversité de son équipe de recherche, associant universitaires et militaires, qui fait de l’Institut un endroit unique que nous vous proposons de découvrir à travers les portraits de nos chercheurs…
J’ai terminé un doctorat en science politique en 2004 à l’Université de Hambourg qui portait sur « le gouvernement par des rebelles » et la gouvernance non-étatique dans un contexte de guerre dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Par la suite, pendant plus de 10 ans, j’ai travaillé pour l’Institut allemand pour les relations internationales (SWP), un des plus grand think tanks en Europe traitant des questions de politique internationale et de sécurité. J’ai aussi travaillé pour une fondation politique allemande au Cameroun et en Afrique centrale.
J’ai rejoint l’IRSEM en janvier 2017 avec pour particularité d’être l’un des premiers chercheurs étrangers travaillant au sein de l’équipe de recherche de l’Institut, en plus d’être un Allemand qui travaille sur l’Afrique ! Toute l’équipe m’a bien reçu.
Parmi les raisons qui m’ont poussé à rejoindre l’IRSEM, il y avait mon désir de travailler davantage sur les problématiques liées au Sahel, et en particulier au Mali qui est aujourd’hui devenu un sujet d’intérêt du point de vue allemand. Cela m’a incité à écrire une note de recherche sur la coopération franco-allemande au Sahel (Note de recherche N°45, « La coopération franco-allemande au Sahel : conséquences et perspectives du « tournant africain » de l’Allemagne », 2017).
Mais en réalité, je consacre l’essentiel de mon temps à travailler sur les interactions, convergences et divergences entre le Mali et ses partenaires internationaux et les résultats que ces interactions produisent, tant au niveau de l’opération de paix au Mali, la MINUSMA (vous pouvez lire à ce propos la Note de recherche N°37, « Les missions de stabilisation en République démocratique du Congo et au Mali : les limites de l'ONU dans l'imposition de la paix ») que dans le cadre des efforts de reconstruction de l’armée malienne (je vous propose à ce sujet la note Mali, the G5 and Security Sector Assistance: Political Obstacles to Effective Cooperation). En d’autres termes, j’étudie l’économie politique des interventions internationales dans des pays en conflit. Cet axe de recherche s’inscrit dans la continuité de mes études sur les interventions en RDC que je vous propose de découvrir à travers cet article : The Limits and Unintended Consequences of UN Peace Enforcement: The Force Intervention Brigade in the DR Congo.
Il y a des chercheurs qui se contentent de vivre dans un univers strictement scientifique et qui emploient un langage incompréhensible pour les « non-chercheurs ». D’autres, veulent faire entendre leur point de vue sur tout et sur rien. Mon identité de chercheur consiste à proposer des interprétations sur le monde dans lequel nous vivons sur la base de recherches approfondies, en toute liberté intellectuelle. Si ses recherches peuvent susciter un intérêt au-delà du milieu académique, alors tant mieux. Je n’ai aucune envie de m’enfermer dans une tour d’ivoire, surtout lorsque l’on sait qu’il existe en France, en Allemagne et ailleurs autant de clichés et d’idées essentialistes sur l’Afrique qui constituent de véritables obstacles pour comprendre ce qu’il se passe dans les pays africains.
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