Le 14 mai 2020, le comité d’experts CQC (certification and qualification committee1) représentant les sept pays partenaires2 du programme A400M a annoncé la certification3 de la capacité de largage de parachutistes en simultané par les deux portes de l’avion de transport militaire Atlas, ainsi que la capacité de suivi de terrain à très basse altitude en mode automatique dans les conditions de vol à vue. Deux étapes de plus dans la montée en puissance des capacités techniques de l’avion.
Ces deux certifications sont l’aboutissement d’un processus qui aura nécessité la contribution de nombreux acteurs étatiques français et européens. La Direction générale de l’armement (DGA), autorité technique du programme pour la France, a joué un rôle majeur dans ces travaux de certifications militaires de l’aéronef. Soutenue par les armées, sa direction technique a coordonné et fourni une part importante des moyens d’expertise et d’essais.
La nouvelle capacité d’aérolargage permettra à partir de 2021 le largage simultané en une seule passe de 116 parachutistes, soit 58 par chacune des deux portes latérales de l’avion, amélioration significative de la capacité opérationnelle déclarée récemment par l’Armée de l’air de 30 parachutistes par une porte latérale.
Le centre DGA Ingénierie des projets était notamment chargé de la définition du processus de certification de la capacité, du suivi de son développement et de son instruction sur la base des données d’essais et de simulation, jusqu’au prononcé de la certification. Toutes ces activités ont eu lieu en multinational au profit du CQC A400M.
Les centres d’expertise et d’essais DGA Techniques aéronautiques et DGA Essais en vol ont quant à eux fourni l’expertise de leurs parachutistes d’essais pour la réalisation des sauts de développement et de certification. DGA Techniques aéronautiques a également participé à la conduite des campagnes d’aérolargage d’essais et de certification en lien avec Airbus, l’armée de Terre française et l’armée de Terre belge, ainsi qu’à l’identification des zones de mise à terre et à l’analyse de la conformité des résultats présentés par Airbus.
La direction technique de la DGA a également participé à la campagne de certification de la seconde capacité de l’A400M qui vient d’être validée, celle du suivi de terrain à très basse altitude en mode automatique (« LLF/Low Level Flight ») dans les conditions de vol à vue (VFR, Visual Flight Rules), une première mondiale pour un avion de transport.
Résolument novatrice, cette nouvelle capacité technique de l’A400M prend en compte la variabilité des performances en fonction des conditions du jour, ainsi que la possibilité d’apparition de pannes telles que les avaries de moteurs ou la perte de positionnement (latéral et/ou vertical). Elle peut être utilisée soit en mode automatique intégral, soit en suivant les indications du directeur de vol. De plus, la trajectoire horizontale « LLF » peut être modifiée quasiment à tout moment, apportant une souplesse d’emploi particulièrement appréciable dans un contexte tactique complexe. A terme, elle permettra à l’Armée de l’air d’effectuer des missions à très basse altitude dans des conditions de vol sans visibilité.
DGA Essais en vol a mis à disposition un de ses avions d’essais Alphajet et une base de données (terrain et obstacles) pour les vols de développement conduits par Airbus. Le centre a également participé aux travaux de certification, aux groupes de travail visant à fixer les caractéristiques de sécurité, d’enveloppe opérationnelle et de performance de la capacité ainsi qu’aux vols de certifications réalisés en 2018 et 2019.
Le premier avion neuf dans cette configuration sera livré à la France début 2021 mais un avion déjà en service dans l’Armée de l’air sera rétrofité avant la fin de l’année 2020 par Airbus avec une première capacité opérationnelle prévue pour 6 des A400M français à l’été 2021. La qualification du standard final de l’A400M est attendue pour l’année 2022 et apportera notamment la capacité de ravitaillement en vol des hélicoptères, ainsi que des améliorations des capacités actuelles d’aérolargage et d’autoprotection.
1 Le comité d'experts comprend un représentant de chaque nation. Il a pour mission principale de vérifier la tenue des exigences de sécurité militaire et les performances de l'A400M présentées par Airbus. Il s'appuie sur 15 groupes de travail, dans tous les domaines concernés (vol, cargo, avionique, facteurs humains, guerre électronique, etc.). Il est actuellement présidé par un ingénieur de la DGA.
2 Les pays partenaires du programme A400M sont les suivants : Allemagne, Belgique (qui achète aussi un avion au profit du Luxembourg), Espagne, France, Royaume-Uni et Turquie.
3 Le CQC n’étant pas une autorité de navigabilité ; ce sont les Etats (et donc la DGA pour la France) qui prononcent la certification.