Jeudi 11 janvier 2018, le général Louis Fontant, officier général des forces spéciales air, présentait les forces spéciales air (FSA) à la presse, l’occasion pour lui de revenir sur ces unités aériennes méconnues qui contribuent aux opérations spéciales.
Les opérations spéciales sont conduites par le commandement des opérations spéciales (COS). Placée sous les ordres du chef d’état-major des Armées (CEMA), cette unité interarmées poursuit trois objectifs majeurs :
- la planification, la préparation et la conduite des opérations spéciales ;
- la mise en cohérence des unités spéciales des trois armées afin d’obtenir une synergie opérationnelle ;
- l’adaptation et l’amélioration des unités spéciales, en coordination avec les autorités organiques.
La contribution de l’Armée de l’air aux opérations spéciales a considérablement augmenté ces dernières années. Cela tient en partie à la nature des opérations spéciales, qui se caractérisent par l’engagement de petits effectifs pour atteindre des objectifs à effets majeurs sur des théâtres d’opérations à très grandes élongations. Cette prise de conscience a entraîné la création d’un poste d’officier général des forces spéciales air (OGFSA) en septembre 2017, sur décision du général André Lanata, chef d’état-major de l’Armée de l’air (CEMAA). C’est le général Louis Fontant qui a été nommé à ce poste.
L’OGFSA est à la tête du bureau des forces spéciales air (BFSA), unité responsable de la préparation des aviateurs aux opérations spéciales (OS). Ce bureau dépend du commandement des forces aériennes (CFA) au niveau organisationnel, mais du COS au niveau opérationnel. C’est-à-dire qu’en tant qu’unité aérienne, le BFSA est placé sous l’autorité du CFA, l’un des trois commandements majeurs de l’Armée de l’air. Cependant, pour la conduite des opérations spéciales, il dépend du COS, l’organisme qui régit les OS des trois armées. La création du poste d’OGFSA répond donc à l’évolution de la participation des forces aériennes aux OS, qui est grandissante.
Jeudi 11 janvier 2018, le général Fontant présentait les forces spéciales air (FSA) devant les journalistes réunis pour le point presse hebdomadaire au ministère des Armées.
L’Armée de l’air met à disposition des OS un panel complet de moyens cohérents et complémentaires qui confèrent aux FS la capacité à utiliser pleinement l’allonge, la rapidité et la puissance de feu de l’arme aérienne. Qu’elles appartiennent à l’aviation de combat, de transport ou à l’aviation de reconnaissance, les unités aériennes sont les seules à offrir une force de frappe ou la capacité à déployer des troupes en profondeur et à pouvoir surveiller de vastes étendues.
«Il existe donc une interdépendance entre forces spéciales et forces aériennes. Mais certaines opérations nécessitent une adaptation de ces unités qui doivent parfois opérer dans la durée. C’est pourquoi le système FSA s’échelonne sur trois niveaux : FS, modules d’appui aux opérations spéciales et unités référentes. Il peut, en effet, être nécessaire de faire appel à la logistique et aux capacités des forces conventionnelles», explique le général Fontant.
Retrouvez les forces spéciales en entraînement dans le prochain numéro d’Air actualités (n°709, mars 2018). Vous saurez tout sur la préparation et la coordination de l’ensemble des unités FS pour mener à bien les opérations spéciales.
Les unités des FSA sont constituées du commando parachutiste air n°10 (CPA 10), de l’escadron de transport (ET) 3/61 «Poitou», tous deux stationnés sur la base aérienne (BA) 123 d’Orléans-Bricy, et de l’escadron d’hélicoptères 1/67 «Pyrénées» stationné sur la BA 120 de Cazaux.
Les aviateurs du CPA 10 constituent l’unité de référence des forces spéciales air. Sur le terrain, ils sont notamment responsables de l’appui à l’aviation de chasse (marquage des cibles, par exemple) et à l’aviation de transport (identification des zones d’atterrissage). Ils assurent aussi des missions de sabotage, de contre-terrorisme, de libération d’otages et de Personel Recovery (PR – récupération de personnel).
Pour sa part, l’ET 3/61 possède la capacité de déployer les FS en toute discrétion grâce à ses aéronefs de transport : le C-130, le C160 Transall. Cette unité est également équipée d’aéronefs DHC-6 qui lui permettent d’effectuer des missions logistiques en toute discrétion grâce à la petite taille de cet aéronef et à sa capacité d’atterrissage sur de très courtes distances. Les posés d’assaut et l’aérolargage de matériel et de personnel ne sont pas les seules missions dont les avions du «Poitou» peuvent s’acquitter : ils peuvent aussi servir de poste de commandement volant, relais de transmission, ou encore effectuer de la reconnaissance FLIR (imagerie thermique) et des évacuations sanitaires.
Enfin, l’escadron d’hélicoptères 1/67 «Pyrénées», unité nouvellement intégrée aux FSA, est doté d’hélicoptères Caracal pouvant être ravitaillés en vol, capacité très appréciable sur les théâtres d’opérations sur lesquels ces aéronefs sont engagés. Cette unité a la capacité à effectuer un certain nombre de missions, interceptions de mobiles, infiltrations et exfiltrations de commandos FS notamment. De plus, équipés d’armements lourds de sabord, les hélicoptères du «Pyrénées» peuvent également être employés à des missions d’appui feu pour soutenir les interventions au sol.
Ces unités constituent le cœur des FSA ; elles opèrent dans un cadre interarmées sous la tutelle du COS. Cependant, d’autres unités aériennes participent activement à la réussite des opérations spéciales et font partie intégrante de l’Armée de l’air, les MAOS et les unités référentes.
Le deuxième cercle du système FSA est constitué des modules d’appui aux opérations spéciales (MAOS), unités conventionnelles intervenant en soutien aux FS. Les MAOS sont composés de six unités spécialisées dont les capacités complètent celles des FS dans des domaines précis.
Ainsi, le CPA 30, basé sur la BA 123 d’Orléans-Bricy, fournit aux FS des équipes cynophiles de protection, de détection et d’attaque. L’escadre aérienne de commandement et de conduite projetable (EAC2P) assure l’interconnexion entre FS et forces aériennes en fournissant, par exemple, des équipes et du matériel de commandement et de transmission longue distance. En outre, elle met en œuvre des moyens de commandement et de contrôle déployables. De son côté, le centre Air de saut en vol (CASV) met à disposition des FS ses équipes de soute et de largueurs.
Le troisième MAOS est la section d’intervention NRBC (nucléaire, radiologique, biologique, chimique) composée de pompiers chargés de détecter des preuves d’utilisation de produits toxiques par des forces ennemies. Ils ont également la capacité à décontaminer sommairement des équipes commandos qui seraient intervenues en zone polluée.
Le 25e régiment du génie de l’air (RGA), basé à Istres, met à la disposition des FS des équipes d’experts de terrains sommaires et de remise en œuvre de plateformes aéroportuaires. Il a également une capacité de déminage. En dernier lieu, le groupement aérien d’appui aux opérations (GAAO), spécialisé dans l’infrastructure en opération, met son expertise au service de la construction de bases opérationnelles avancées.
Les MAOS constituent donc bien un soutien indispensable aux FSA. Leurs capacités particulières permettent aux unités des forces spéciales de s’adapter à certaines situations. Ils prennent une part active à la réussite des opérations spéciales.
Les unités référentes représentent le troisième cercle du système FSA. Elles sont composées de l’escadron de drones (ED) 1/33 «Belfort» stationné sur la base aérienne 709 de Cognac, du célèbre escadron de chasse (EC) 2/30 «Normandie-Niémen», surnommé Neu-Neu, et du centre d’excellence drone (CED).
Le premier est une source essentielle de captation d’information. En effet, ses drones MALE (moyenne altitude longue endurance), incontournables dans les conflits modernes, lui permettent d’assurer des missions de collecte de renseignement à grande échelle en milieu permissif, notamment dans le cadre de la lutte contre les groupes armés terroristes. Déployés dans la bande sahélo-saharienne (BSS), les six MQ-9 Reaper de l’ED 1/33 participent activement à l’opération Barkhane. Les quatre drones Harfang qui menaient des missions sur le territoire national viennent d’être retirés du service. À terme, ils seront remplacés par d’autres drones de type Reaper. Par ailleurs, l’armement annoncé des drones Reaper offrira de nouvelles perspectives dans l’utilisation de ces aéronefs qui disposeront dès lors de capacités d’interception.
L’EC 2/30 «Normandie-Niémen» est référent dans l’emploi de la chasse par les opérations spéciales, que ce soit en appui reconnaissance ou en appui feu. Dans le cadre des opérations spéciales, les hommes du Neu-Neu opèrent en partenariat avec le CPA 10. Il est donc nécessaire au succès d’une mission qu’un dialogue rapide et efficace s’instaure entre les deux unités. La chasse peut, en effet, conduire l’action terminale et principale d’une opération spéciale, notamment quand il s’agit de détruire la cible visée par une opération.
En dernier lieu, on trouve le CED. Cette unité s’occupe principalement de la formation des instructeurs, du personnel de maintenance, et des opérateurs des systèmes de drones en dotation dans les FS. Mais il dispose également de compétences en recherche et développement, notamment en intelligence artificielle pour l’appui et l’autonomie des systèmes de drones en opérations.
Ces unités référentes s’imposent ainsi comme un maillon essentiel du système FSA, et ce, bien qu’elles n’en fassent pas partie à proprement parler.
Sources : Armée de l'air
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