Le projet DRMC@ST a pour objectif de développer un moyen de transmission haute fréquence longue distance alternatif vis-à-vis des systèmes de détection adverses. Il est porté par le pôle d’innovation technique régional « Orion » de DGA Techniques navales, par l’Agence de l’innovation de défense via l’Innovation Défense Lab, ainsi que par la Marine nationale en partenariat avec la société TDF. L’état-major de la Marine se positionne quant à lui en tant que sponsor opérationnel du projet et investira, via le centre d’expertise des programmes navals (CEPN1) et les navires utilisateurs, des ressources en opérateurs pour préparer, mettre en œuvre et suivre l’expérimentation en 2021.
Répondre à un besoin de radiodiffusion longue distance
Les communications longue distance nécessitent aujourd’hui l’emploi de satellites ou de systèmes haute fréquence qui couvrent difficilement l’ensemble du globe et qui, bien souvent, impliquent une perte de discrétion pour les bâtiments déployés. Les communications par satellite sont des ressources rares, réservées à des usages ciblés et rarement accessibles aux latitudes élevées, notamment pour les petites unités de la Marine.
L’objectif du projet DRMC@ST est de déployer et d’évaluer un moyen de radiodiffusion civil complémentaire aux moyens militaires existants. L’idée est de ne pas saturer les moyens de communication par satellite (de la métropole vers le théâtre d’opération), tout en assurant une discrétion pour les bâtiments récepteurs et une simplicité d’installation (récepteur radio de faible taille avec antenne fouet).
Cette solution pourrait permettre de transmettre des fichiers numériques (image, texte, fichiers météo) dans la gamme haute fréquence à un débit plus élevé que qu’avec les moyens existants actuels du ministère des Armées.
La diffusion furtive d’informations digitales entre la métropole et les théâtres d’opérations extérieures pourrait représenter par ailleurs un intérêt pour d’autres entités du ministère des Armées, surtout en considérant la facilité d’intégration à bord et le très faible encombrement.
Image : Boitier DMRC@st, de la taille d’un stylo Bic. Crédits : DGA TN
Concrètement, comment va s’organiser l’expérimentation ?
Le projet va consister à expérimenter le service de diffusion radio-numérique DRMC@ST, fourni par TDF, via sa station d’émission de forte puissance (150 kW, antennes rotatives de 80m et de 180 tonnes) située à Issoudun dans l’Indre.
Ce système a déjà prouvé son efficacité dans des domaines d’application civils tels que la diffusion de Radio France International (RFI) et pour des événements sportifs maritimes. Pour l’usage militaire, lorsqu’une une zone cible est déterminée, TDF est en charge de réaliser les études de propagation afin de déterminer pour la zone ciblée les meilleurs créneaux horaires et fréquences de diffusion.
Image : Système antennaire « fourni » par TDF. Photo : TDF.
TDF a fourni au CEPN de Toulon deux stations de réception, constituées d’un récepteur radio numérique et d’un ordinateur d’exploitation, afin qu’elles soient déployées sur bâtiments de la Marine et expérimentées par deux unités en opération.
Le service DRMC@ST sera donc testé tout au long de son déploiement entre l’Océan Pacifique et Toulon (environ 6 mois) lors de transmissions quotidiennes depuis la métropole. Les opérateurs à bord sont chargés d’exploiter les stations de réception, de rendre compte de la qualité et du niveau de réception perçu et de restituer les stations de réception.
Images : Exemples de couverture possibles par TDF : la Méditerranée ou l’océan Indien
En quoi l’expérimentation est-elle innovante et quelles seront les suites ?
Cette expérimentation est particulièrement innovante car elle repose sur la complémentarité entre des moyens militaires et civils existants, la simplicité de déploiement du système de réception, et la possibilité d’une expérimentation en grandeur réelle dans des régions du globe très éloignées et durant des périodes relativement longues. Cette expérimentation permettra de disposer d’un retour d’expérience approfondi.
Les résultats de cette expérimentation devraient être présentés au printemps 2021 après le retour des deux unités de la Marine en avril prochain.
1 - Implanté à Toulon, le CEPN est le centre de la Marine responsable de l’expertise technico opérationnelle navale au profit des bâtiments de surface et des sous-marins. Il porte la plupart des projets liés à l’innovation et à la transformation numérique dans la Marine, et notamment les expérimentations matérielles et le développement de logiciels.
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