Dans chaque bataille, la logistique tient une place centrale. Verdun n’a pas fait exception à cette règle intemporelle. Acheminer les unités, les munitions et les vivres sur le champ de bataille, nourrir près de deux millions de soldats chaque jour, trouver de l’eau potable, évacuer les blessés et les prendre en charge immédiatement. Chaque action logistique est vitale pour défendre les lignes françaises.
Cette semaine, découvrez la logistique mise en place autour des voies de communication qui reliaient le front à l’arrière.
En 1916, lors de la bataille de Verdun, la principale problématique est d’acheminer jusqu’aux premières lignes du front les munitions, l’eau et les vivres, pour permettre à l’armée française de résister coûte que coûte.
Le 19 février, soit deux jours avant l’attaque allemande, le Grand Quartier général positionne dans la région de Bar-le-Duc des troupes de transport automobile. La décision est prise de réserver exclusivement la départementale reliant Bar-le-Duc à Verdun, soit une soixantaine de kilomètres, au service automobile. Le capitaine Joseph Doumenc, chef d’escadron d’artillerie breveté et directeur des Services automobiles s’engage, s’il a la maîtrise totale de la route, à assurer le transport des hommes, du matériel et des vivres nécessaires à la bataille. La décision est prise. Cette départementale servira de plan B si les voies ferrées sont bombardées. Le 21 février, l’attaque de l’armée allemande est totale, le plan B est mis en œuvre le soir même. Le 22 février, la Voie sacrée s’organise. Dès le 23 février, la première division envoyée en renfort est acheminée sur Verdun. La Voie sacrée sera, surtout durant la première phase de la bataille, jusqu’à l’été 1916, le cordon ombilical de la bataille de Verdun.
Durant la première semaine de la bataille, 190 000 hommes passent par la Voie sacrée, 23 000 tonnes de munitions et 2 500 tonnes de matériels divers. En comparaison, seulement 2 500 tonnes de cargaisons au maximum peuvent être transportées par jour via le « Meusien ». Seul réseau ferré ayant échappé aux bombardements allemands et en état de fonctionner, le «Meusien » n’a pas la capacité de ravitaillement suffisante. Entre les mois de mars et juin 1916, les sapeurs du génie n’auront de cesse que d’améliorer cette capacité de transport et de construire une vraie ligne de chemin de fer entre Bar-le-Duc et Verdun. Appelée la ligne 6 bis et construite en seulement trois mois, elle prend en partie le relais, le 21 juin 1916, de la Voie sacrée et de sa noria de camions. En février, le « petit Meusien » transporte 15 000 tonnes de vivres et 400 tonnes de munitions. En juin, avec l’amélioration de la voie, ces chiffres passent à 50 000 tonnes de vivres et 15 000 tonnes de munitions.Les voies de transport destinées au ravitaillement sont assurées. La logistique au service du poilu s’organise.
Sources : Ministère des Armées