Accueil | Actualités | Articles | [Verdun 2016] La « Voie sacrée », artère vitale de Verdun Actualités ... Articles | [Verdun 2016] La « Voie sacrée », artère vitale de Verdun

[Verdun 2016] La « Voie sacrée », artère vitale de Verdun

Mise à jour  : 14/04/2016 - Auteur : Cne Candice Thomassin - Direction : DICoD

Verdun, 1916. La bataille qui oppose Français et Allemands est le théâtre de violents combats. Pour ravitailler le front côté français en munitions, nourriture, matériels et hommes, une route entre Baudonvilliers et Verdun devient l’unique moyen pour permettre aux troupes de tenir. Axe vital, cette voie rentra dans la légende sous le nom de Voie sacrée.

Le 21 février 1916, les forts et les tranchées de Verdun sont bombardés par une offensive de l’armée allemande. Le sort de cette bataille dépend de la seule départementale qui relie l’arrière au front. Cet axe stratégique de 75 km permet l’acheminement des matériels, munitions, vivres et troupes, mais aussi l’évacuation des blessés et des unités relevées. Deux lignes de chemin de fer ont en effet été détruites ou sont sous le feu de l’ennemi. Quant à la troisième, sa capacité de transport est limitée. C’est donc une question de vie ou de mort pour les troupes françaises que cet axe soit praticable.
Pendant 10 mois, du 21 février au 15 décembre 1916, l’artère est exploitée au maximum de ses capacités. Dans la boue, le froid, de jour comme de nuit, les camions roulent sans discontinuer pour ravitailler la ligne de front. Quotidiennement, ce sont 13 000 combattants, 7 000 tonnes de matériel, 2 000 tonnes de munitions convoyées. Plus de 6 000 véhicules se succèdent en 24h, soit un véhicule toutes les 14 secondes, voire toutes les cinq secondes aux moments les plus forts. Un million de kilomètres sont parcourus hebdomadairement.

La circulation incessante, cumulée au dégel du mois de février, détériore cette route de calcaire tendre. Elle devient vite un véritable bourbier. 8 200 hommes sont affectés alors à son entretien. Plus de 700 000 tonnes de pierres sont déversées sous les roues des camions et bus qui font office de rouleaux compresseurs. Une discipline novatrice est instaurée permettant la « noria » en double sens des camions. Seuls les véhicules automobiles y sont admis. La circulation se fait en convois. Une vitesse maximale est imposée. Aucun doublement ni stationnement ne peut s’effectuer. En cas de panne, ceux qui ne sont pas remorquables sont poussés dans le fossé. Rien ne doit freiner la circulation. Les conducteurs travaillent de jour et de nuit, 18 heures consécutives, souvent plus de 10 jours d’affilée, certains 75 heures sans se reposer. Plusieurs escadrilles de chasseurs, parmi les meilleures que compte l'aviation française, sont exclusivement chargées de protéger l’axe.
La Voie sacrée va ainsi jouer un rôle capital dans la défense de Verdun. Pendant 10 mois, elle va alimenter ce front qui résistera aux offensives allemandes. Elle fut, pour des millions d’hommes, la première et souvent la dernière étape d’un douloureux calvaire.

Origine de son appellation:
La « Voie sacrée » doit son appellation à l'écrivain et homme politique français Maurice Barrès. C’est en avril 1916 qu’il la baptise en ces termes en référence à l’antique Via sacra romaine menant au triomphe. Il dira d’elle qu’elle est la route sacrée. « Elle deviendra légendaire, elle continuera à parler à jamais à cette longue plaine meusienne qui vit passer tant d’invasions ».


Sources : Ministère des Armées