La situation en Libye a capté les débats entre les ministres de la défense des pays de l’Otan, réunis dans le cadre d’une informelle. Principale décision prise : l’Otan va renforcer sa présence en Méditerranée, à travers l’envoi de navires supplémentaires, mais n’interviendra pas en Libye sans mandat de l’ONU.
« L’Otan est unie, l’Otan est vigilante, l’Otan est prête à intervenir », face à la crise qui prend de l’ampleur en Libye et qui est marquée par des violences perpétrées à l’encontre de la population civile. C’est le message qu’Anders Fogh Rasmussen, secrétaire général de l’Alliance atlantique, a déclaré avec force à la presse, lors d’une conférence donnée à l’issue de la première journée de travail réunissant les ministres de la défense des 28 pays membres, à Bruxelles (Belgique),dans le cadre d’une informelle, les 10 et 11 mars 2011.
Le secrétaire général a néanmoins nuancé son propos en insistant sur le fait que l’organisation n’a pas l’intention d’intervenir en Libye. « Les Alliés se sont tous mis d’accord sur trois principes, qui nous serviront de base pour toutes considérations futures ou actions envisagées en Libye : un besoin justifié, un mandat légal clair, ainsi qu’un soutien régional », a-t-il ajouté.
Plusieurs options ont été étudiées par le Conseil et des décisions ont également été prises, pour commencer celle de renforcer la présence de l’Otan dans la région, à travers l’envoi de navires supplémentaires face aux côtes libyennes, qui seront déployés sous commandement de l’amiral James Stavridis, commandant suprême des forces alliées en Europe (SACEUR).
Selon les déclarations faites par le secrétaire général, cette décision permettra « d’accroître la connaissance de la situation et participera à notre capacité de surveillance et de contrôle de l’embargo, notamment concernant les armes », en accord avec la résolution 1970 du Conseil de sécurité des Nations Unies.
Autre décision importante, il a également été demandé aux autorités militaires de l’organisation de développer de manière urgente « un plan détaillé d’intervention dans le domaine de l’assistance humanitaire, ainsi que de nouvelles mesures pour venir renforcer celles concernant l’embargo sur les armes ».
La question de la mise en place d’une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la Libye (no flight zone), afin de faire cesser les bombardements menés par l’aviation de Mouammar Kadhafi contre les insurgés, a également été abordée, mais aucune disposition n’a été actée au cours de ces deux jours. Anders Fogh Rasmussen a rappelé que, pour ce faire, cela nécessiterait « un mandat bien précis des Nations Unies ».
Cependant, l'OTAN a déjà pris l’initiative, lundi, d'accroître de manière immédiate la surveillance de l'espace aérien libyen par le biais d’avions-radar de type Awacs déjà présents dans la région dans le cadre de l'opération maritime anti-terroriste Active Endeavour menée par l’Otan en mer Méditerranée.
Selon Anders Fogh Rasmussen, il est en effet « crucial » de bénéficier d’un soutien régional, pour s’assurer que « nos actions […] soient bien perçue comme favorisant la situation et le mouvement démocratique qui balaye la région »
« C’est pourquoi je vais continuer à consulter la Communauté international et nos partenaires dans la région, y compris les Nations Unies, l’Union européenne, la Ligue arabe et l’Union africaine », a-t-il précisé.
Catherine Ashton, Haute représentante de l’Union européenne (UE) pour les affaires extérieures et la politique de sécurité, a d’ailleurs participé à cette rencontre, parallèlement à la réunion extraordinaire du Conseil des affaires étrangères, qu’elle a appelée sur l’évolution de la situation en Libye.
Les positions adoptées lors de cette réunion, ainsi que lors de l’informelle des ministres de la défense de l’Otan, participeront à la définition d’une stratégie commune par l’Union européenne, pour aider les Libyens à chasser Mouammar Kadhafi, lors du sommet extraordinaire du Conseil de l’Union européenne sur la Libye, réunissant les chefs d’Etat et de gouvernement, et convoqué vendredi 11 mars.
La seconde journée de travail a été consacrée a des discussions entre le Conseil et les représentants des pays partenaires, non membres de l’Otan, mais engagés dans le cadre de la Force internationale d’assistance et de sécurité (FIAS), déployée par l’Alliance, en Afghanistan. Avec pour principal question, celle du processus de transition, qui doit progressivement permettre aux afghans de prendre en charge leur propre sécurité, d’ici la fin de l’année 2014, et donc de permettre aux alliés de passer d’ « un rôle opérationnel à un rôle de soutien ».
Sur le succès de cette échéance, Andres Fogh Ramussen, s’est déclaré « optimiste »
Sources : Ministère des Armées