Le prix Erwan Bergot 2019 vient d’être remis au journaliste et écrivain Arnaud de La Grange pour son roman « Le Huitème soir ». Le livre évoque la tragédie de Diên Biên Phu qui mit fin à la guerre d’Indochine en 1954.
Ce n’est pas un livre pour raconter la bataille de Diên Biên Phu, ce qui a déjà été excellemment fait. Il s’agit d’un roman de l’homme face à l’épreuve, en l’occurrence l’épreuve paroxystique de la guerre, celle qui met les âmes à nu et fait sortir la vérité d’un être. Diên Biên Phu est une toile de fond rougeoyante sur laquelle se détachent des sentiments universels, les passions et les contradictions humaines. Pour parler de la forme du roman, celle d’un journal de bord s’est imposée d’elle-même. Elle me permet de naviguer sans cesse entre la bataille et l’intime, entre la guerre et le roman initiatique d’un jeune homme de 26 ans.
Il me semble que ce jeune lieutenant n’est pas un idéaliste ne connaissant ni la peur ni le doute. Il a ses faiblesses et pourtant cela ne l’empêche pas de s’engager. Comme les hommes qui sont autour de lui, il a le souci d’aller au bout de ce qu’il a commencé, pour lui et pour l’honneur. C’est aussi un roman sur la fraternité humaine, celle qui peut pousser à mettre sa vie en jeu pour l’Autre, l’ami ou le frère inconnu, pour des choses qui en fait nous dépassent.
Je suis évidemment très touché, avec l’étrange et belle impression d’une boucle bouclée… Les livres d’Erwan Bergot avaient accompagné mes années de jeunesse et voilà que ce prix me distingue. Et Erwan Bergot incarne pour moi ce type d’auteurs que j’aime tant, des écrivains qui sont capables d’être à la fois dans l’ordre de l’action et dans celui de l’écriture.
Aujourd’hui journaliste et écrivain, Arnaud de La Grange est d’abord attiré par une carrière d’officier dans l’armée de Terre. Après des études de littérature et d’histoire, il effectue son service militaire au sein de la Marine et sert comme officier sous contrat. Il commence sa carrière comme chargé de mission au Secrétariat Général de la Défense et de la Sécurité Nationale (SGDSN).
En 1995, il entre au Figaro. Grand reporter, il couvre de nombreux conflits, du Congo à l’Irak, en passant par l’Afghanistan. De 2008 à 2013, il est correspondant en Chine et en Asie du Nord-Est.
A son retour, il devient rédacteur en chef du service international. Il publie, en parallèle, son premier roman «Les Vents Noirs» en 2017. «Le Huitième Soir» est son deuxième roman.
Fondé en 1995 par le chef d’état-major de l’armée de Terre, le Prix littéraire de l’armée de Terre - Erwan Bergot récompense chaque année une oeuvre grand public écrite en langue française célébrant un exemple d’engagement au service de la France ou de ses valeurs essentielles.
Ainsi, depuis une vingtaine d’années de grands noms de l’écriture se sont succédés comme lauréats du prix : Saint-Marc, Raspail, Schoendoerffer, Tillinac… Des noms qui ont marqué tant la culture militaire que littéraire par leurs ouvrages.
Chaque année, l’armée de Terre décerne ce prix à ceux qui transmettent à un large public avec talent et force les valeurs de courage et de dévouement à la Nation. Depuis 2011, une mention spéciale a été mise en place par le jury pour récompenser une oeuvre prometteuse mais qui n’a pas remporté le prix.
Né à Bordeaux en 1930, de parents bretons, Erwan Bergot fait de brillantes études chez les Jésuites avant d'obtenir une licence en faculté de lettres.
Son tempérament d'homme d'action le pousse cependant vers le monde militaire et en 1951, après son service militaire, il part pour l'Indochine où il est fait prisonnier après une résistance acharnée à la tête d'une batterie de mortiers. Il connaîtra l'enfer des camps d'internement viets.
En 1955, il est rappelé pour servir en Algérie. Activé en 1957, il servira d'abord au 47ème Bataillon d'Infanterie, puis après un bref passage d'un an en France au deuxième bataillon étranger de parachutiste. Il est grièvement blessé à l'oeil droit lors d'un accrochage dans le Constantinois en 1961. Il quitte définitivement le combat armé pour se tourner vers l'écriture et le journalisme.
En 1962, il devient le premier rédacteur en chef du magazine de l'armée de Terre, et écrit son premier roman en 1964 " Deuxième classe à Dien-Bien-Phù "qui remporte un succès immédiat.
Erwan Bergot quitte l'armée en 1965 pour se consacrer à l'écriture. Il écrira une cinquantaine d'ouvrages consacrés à ses frères d'arme. Historien, romancier, il saura recréer des ambiances fortes, des dialogues vrais dont il écrit qu'il rend " (...) hommage à tous les obscurs, les sans-grades, ceux qui n'ont jamais leur mot à dire dans l'histoire (...) ".
Ecrivain récompensé par de nombreux prix littéraires dont le prix de l'Académie Française et le prix Claude Farrère, commandeur de la légion d'honneur à titre militaire honoré par dix titres de guerre (trois blessures et sept citations) Erwan Bergot aura excellé comme soldat et comme romancier.
Décédé en 1993, Erwan Bergot reste aujourd'hui l'un des meilleurs écrivains militaires contemporains et un formidable exemple d'engagement au service de la nation et de ses valeurs essentielles, fondement du Prix littéraire de l'armée de Terre qui porte son nom.
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Général d’armée Thierry BURKHARD : Chef d’état-major de l’armée de Terre.
Madame Jeannine Bergot : éditrice.
Colonel Benoît Brulon : Chef du service d’information et de relations publiques de l’armée de Terre.
Adjudant-chef Philippe Aspord : sous-officier en reconversion, ancien blessé de l'armée de Terre, animateur d'atelier d'écriture au profit des blessés
Monsieur Michel Bernard: écrivain, sous-préfet, ancien lauréat.
Général de brigade (2S) Dominique Cambournac : Délégation au patrimoine de l'armée de Terre (DELPAT).
Madame Guillemette de Sairigné :journaliste, écrivain, ancienne lauréate.
Monsieur Didier François : journaliste de radio, correspondant de guerre.
Colonel Gilles Haberey : chef d’état-major du Centre de la doctrine et de l’enseignement du commandement (CDEC), écrivain.
Général de division (2S) Hubert Ivanoff: officier général en 2e section.
Monsieur Pierre Joannon : écrivain, historien, diplomate.
Monsieur Andreï Makine : écrivain, membre de l'académie française.
Général de division (2S) Jean Maurin : officier général en 2e section.
Général de corps d'armée (2S) Philippe Ponties : officier général en 2e section.
Monsieur Denis Tillinac : écrivain, journaliste, ancien lauréat.
Monsieur Jean-René Van der Plaetsen : journaliste, directeur délégué de la rédaction du Figaro Magazine, écrivain, lauréat 2017. |
Membre invité : |
M. Nicolas Mingasson : lauréat 2018 |
Membres d'honneur : |
Général d'armée (2S) Jean-Claude Coullon |
Monsieur Jean Raspail |
Avant d’être un livre, Le soldat et la mort est un film réalisé entre 2005 (entretien à Lyon avec Hélie Denoix de Saint-Marc) et 2015 (derniers plans, toujours du bureau d’Hélie Denoix de Saint-Marc à Lyon), d’une durée de cinquante minutes, contraignant le réalisateur à sélectionner des parties d’entretien.
Ce livre dévoile l’intégralité des échanges ainsi que l’ambiance dans laquelle Philippe Bodet a pris contact avec chacun de ses interlocuteurs : le général d’armée Lecointre (CEMA), Antonio Lopez (ancien sous-officier de la Légion étrangère, instructeur en forêt guyanaise pendant de nombreuses années, ayant combattu en Côte d’Ivoire, au Tchad et dans les Balkans), Michel Goya, le lieutenant-colonel Brice Erbland (ALAT, engagé en Afghanistan et en Libye), le caporal-chef Yoann (chasseur alpin engagé en Afghanistan, blessé par balles et ayant souffert d’un syndrome post traumatique) et Hélie Denoix de Saint-Marc. Chaque soldat ou ancien soldat livre, avec beaucoup de sincérité, le récit de ses engagements au feu et les questions que cela a soulevé, ses réflexions sur la mort, la blessure, le rôle et la place du chef, le primat du collectif sur l’individualisme, la grandeur de l’état de soldat, l’importance de l’éthique et des convictions morales.
Il évoque l’histoire rocambolesque et pleine de rebondissements du petit village Percheron de Boissy (imaginé par l’auteur) lors de l’immédiat après-guerre en novembre 1918. Alors que les poilus rentrent chez eux et que tout le monde fête la victoire, le maire du village n’a qu’une idée en tête avoir son monument au morts. Or, pas un seul mort pour la France dans la commune ! Le maire va désespérément chercher « son glorieux mort » pour avoir son monument en établissant de nombreux stratagèmes pour arriver à ses fins alors qu’il est entouré d’authentiques héros qui ont survécu. L’histoire est vue au travers de personnages comme le jeune officier aristocrate couvert de gloire (Adrien, personnage inspiré du propre grand-père de l’auteur), de ses fidèles poilus, à la fois terriblement marqués par les horreurs de la guerre et pétris d’honneur et de solidarité militaire, mais aussi à travers du maire, personnage colérique et sans vergogne.
Jean-Pierre Guéno transmet ici la parole des soldats français à travers leurs échanges épistolaires, leurs carnets d’opérations ou leurs témoignages. Il nous livre le récit d’expériences militaires vécues entre 1909 et 2015. Les acteurs ont été déployés durant les deux conflits mondiaux du XXe siècle, en Indochine, en Algérie, à Mururoa, au Tchad, au Liban, au Mali, en Afghanistan, en Centrafrique. On peut même découvrir le témoignage d’un militaire ayant servi auparavant au service action et qui a connu une épreuve traumatisante, à savoir l’assassinat sous ses yeux de son conjoint, dans leur base en France, par un espion infiltré. Tous les aspects de la vie militaire sont abordés, y compris l’ennui ou encore l’impression de ne servir à rien. L’expérience du feu et de la mort demeure néanmoins une constante, ainsi que les conséquences qu’une telle expérience peut engendrer, notamment en termes de syndromes post-traumatiques et de retour à une vie « normale ».
Le jeune Ziegler a 17 ans et réside à Bordeaux quand le maréchal Pétain prend le pouvoir et signe l’armistice. Avec deux de ses amis d’école, il décide de se rendre au Pays basque pour tenter de rejoindre l’Angleterre.
Un périple en bateau, une formation rapide, et un premier poste au service du général de Gaulle qui ne durera pas car le jeune Oscar ZIEGLER préfère partir au combat en Afrique puis en Syrie. Un parcours jalonné de nombreuses pertes et la découverte que l’armée française à l’étranger est souvent restée fidèle au maréchal Pétain. Des combats fratricides le marqueront.
Puis il revient en Angleterre et change d’affectation. Il sera un des hommes de la Section A, chargé de parachuter des soldats en France occupée pour superviser des sabotages avec la Résistance intérieure.
Sa première mission, en Ariège, est cependant d’un autre genre. Il doit capturer un traître et l’exécuter. Au cours d’une autre mission, il est capturé par la milice. Persuadé que son combat pour libérer la France est sur le point de se terminer, il est libéré par un homme qu’il a déjà croisé, un agent double qui explique à un Oscar sidéré : « Tu sais, j’ai plusieurs visages. C’est ce que me demande mon réseau. Alors va pour le collabo. En espérant qu’un jour je ne prendrai pas une balle parce que j’ai trop bien joué mon rôle de salopard. » L’auteur veut ici nous décrire la vie dans cette France occupée, la nécessité de faire des choix mais de ne pas trop les montrer.
Le roman d’Henri Weill lui donne également l’occasion de raconter l’idylle du jeune résistant avec Margot, une petite Alsacienne croisée à Bordeaux la veille de son départ vers l’Angleterre et retrouvée quelques années plus tard dans la Résistance. A la fin de l’ouvrage, Oscar Ziegler revient sur son mariage avec Margot à la fin de la guerre et sur le sens de son engagement et de sa distinction comme compagnon de la Libération.
Cet ouvrage raconte l’histoire d’un jeune lieutenant qui, à la fin de son séjour en Indochine, décide finalement de sauter une dernière fois sur Dien Bien Phu plutôt que de rentrer en métropole.
Retraçant les derniers combats de ce jeune chef à la tête de sa section, le narrateur nous fait découvrir en parallèle les raisons qui l’ont poussées à rester en Indochine : le sens du devoir, la volonté de servir quelque chose qui le transcende.
En effet, durant les sept derniers jours du combat, il tente de scruter cette « sorte d’étrangeté au monde » décelée naguère en lui par un de ses professeurs de khâgne. Ce n’est pas l’attrait de la mort qui l’a poussé vers l’affrontement, mais au contraire la hâte de connaître à nouveau une forme d’amour pour des valeurs qui le portent (l’honneur, le sens du devoir, la générosité). Au cours de cette introspection surgit le souvenir de son grave accident de moto dont il en est sorti avec une rage de vivre et une volonté de se dépasser en tout temps. Il retrace également la mort de sa mère pour laquelle il regrette de ne pas avoir donné plus d’amour. Enfin il évoque Marie, la femme aimée, qui l’avait aimé au point de se blesser volontairement après son accident de moto pour le rejoindre dans la souffrance et qu’il a trahie en lui préférant la nuit sans pouvoir expliquer pourquoi : « À cette femme que j’aimais là-bas, je préférais des hommes dont je ne savais rien. »
Ce livre se termine sur un des derniers assauts menés par le vietminh qui submerge la section dans le camp retranché et la mort de ce lieutenant.
L’ouvrage relate l’histoire du Lieutenant Vincent menant ses légionnaires dans la défense de la côte 418, repoussant courageusement les assauts allemands. Le jeune officier égrène les doutes qu’imposent le nouveau visage des combats, particulièrement meurtriers, en rupture avec la conception classique de la guerre. Face aux coups de boutoirs allemands et alors que sa section est isolée en avant de sa compagnie, le Lieutenant Vincent est pourtant chargé de tenir quoi qu’il lui en coûte. Alors que les ordres demeurent muets et que les pertes s’accumulent, il lui faut garder ses positions, faire Camerone. L’auteur met en relief la complexité du commandement via les états d’âme du jeune officier aux premiers jours de la grande guerre et s’interroge sur le sens à donner à l’action pour mobiliser ses hommes. Comment concilier les susceptibilités individuelles et les fortes personnalités avec une vive sensibilité ? Comment concilier l’horreur des combats et le dur quotidien des tranchées avec l’insouciance de l’arrière ? Autant de questions qu’un jeune lieutenant peut se poser en 1914 comme aujourd’hui.
Empreint d’humanité, le roman dévoile les relations étroites entre le chef et ses subordonnés, légionnaires venus des quatre coins du monde, dont les liens évoluent au gré des assauts meurtriers. L’égalité devant la mort révèle ainsi des blessures communes, drames familiaux, mal du pays, cœurs blessés…
Arcanes et tranchées. Impressions choisies des premières lignes est un ouvrage particulièrement original. Il allie réalité historique et poésie. Reposant sur plusieurs rapports et récits, il retrace les étapes de la Grande Guerre à travers plusieurs fronts. À chaque évocation historique s'en suivent deux à quatre poèmes en lien avec les évènements décrits permettant de mieux comprendre la perception des faits par les Poilus. Cet ouvrage exceptionnel par son angle d'attaque contribue à une compréhension plus large de la Première Guerre mondiale. Saint-cyrien, le commandant Julien Monange est membre du réseau des historiens de l'armée de Terre et contribue régulièrement à la revue Soldats de France. En plus de sa carrière en états-majors opérationnels, il poursuit des travaux de recherche sur les missions militaires françaises, l'histoire des deux conflits mondiaux et les guerres coloniales.
La biographie du général Sauzey. Militaire de carrière, il a été envoyé en mission à travers le monde en qualité de journaliste, commis-voyageur, géographe ou simple touriste durant l'entre deux guerres : Constantinople, Tokyo, Alexandrie, Afrique équatoriale ou encore dans le cercle polaire. Un document réalisé d'après les écrits du général, illustré de documents d'archives et de photographies. ©Electre 2019
Ce livre décrit les conditions dans lesquelles le bataillon d’infanterie n°4 (BATINF 4) de la Force de protection des Nations-Unies (FORPRONU) en ex-Yougoslavie, déployé au cœur de la ville assiégée de Sarajevo, de mai à septembre 1995, s’est acquitté d’une mission qualifiée par certains d’impossible. Ecrit par celui qui les commandait, ce récit rend hommage à tous les acteurs de cette aventure humaine et opérationnelle d’une exceptionnelle densité. Il honore la mémoire de ceux qui, dans ses rangs, furent tués, blessés, pris en otages et rend un vibrant hommage au courage et au professionnalisme des hommes qu’il a eu l’honneur de commander au feu.
Intercepter les communications, casser les codes utilisés et percer les intentions ennemies, c'est ce que parviennent à faire durant quatre ans les services d'écoute français. Ils permettront ainsi au commandement de déjouer nombre d'attaques et de remporter, en 1918, la Victoire. De la bataille de la Marne à la signature de l'armistice, ces services vont être de tous les théâtres d'opérations, de toutes les batailles et de tous les combats. A la pointe des innovations technologiques, ils ne vont cesser d'évoluer pour continuer à intercepter, tout au long du conflit, des informations capitales et donner ainsi l'avantage aux armées françaises. Cette contribution essentielle est pourtant restée secrète : pendant la guerre, pour ne pas révéler à l'ennemi cet atout maître ; après l'Armistice, pour que cet avantage déterminant puisse être réutilisé en cas de nouveau conflit ; puis enfin, dans les années 1950-1960 avec la disparition des principaux acteurs... Pour la première fois, un livre révèle comment l'écoute systématique des ondes électromagnétiques a permis à la France d'avoir toujours " un coup d'avance " et de gagner la guerre. Fruit de quatre ans de recherche dans les archives militaires, Les Ecoutes de la Victoire lève le voile sur cet espionnage qui a changé le cours de l'Histoire.
Mai 1942. Pour la première fois depuis la défaite de juin 1940, une bataille oppose des forces françaises aux troupes allemandes. En plein désert libyen, durant quinze jours, la Brigade française libre du général Koenig résiste aux assauts des Italiens et de l'Afrika Korps du général Rommel. Elle est composée d'hommes venant de tous les territoires de l'Empire colonial français, de Tahiti à l'Afrique équatoriale française. Leur résistance, saluée par l'ensemble du camp allié, marque le retour de la France dans la guerre. Elle apporte, selon la formule de Malraux, " la preuve que la France n'était pas morte ", et permet à de Gaulle d'apparaître comme un allié à part entière. Cette résistance acharnée contre un ennemi dix fois supérieur en nombre (3 700 contre 35 000 soldats) demeure comme un très haut fait d'armes et change le cours de l'histoire de la région : les Britanniques profitent de l'immobilisation des troupes de Rommel pour préparer leur victoire à El-Alamein et bloquer l'Afrika Korps dans son avancée vers le canal de Suez. Durant près de 50 ans, François Broche, fils du lieutenant-colonel Broche, tué à Bir Hakeim, a étudié cette bataille et accumulé les témoignages et les confidences de nombreux combattants. Il nous livre un récit au jour le jour centré sur l'expérience des combattants, qui – à l'exception des cadres appartenant à l'armée d'active – étaient des volontaires sans aucune expérience de la guerre.
Longtemps, je ne sus quasiment rien de Paol hormis ces quelques bribes arrachées.
« Sous le régime de Vichy, une lettre de dénonciation aura suffi. Début septembre 1943, Paol, un ex-officier colonial, est arrêté par la Gestapo dans un village du Finistère. Motif : “inconnu”. Il sera conduit à la prison de Brest, incarcéré avec les “terroristes”, interrogé. Puis ce sera l’engrenage des camps nazis, en France et en Allemagne. Rien ne pourra l’en faire revenir. Un silence pèsera longtemps sur la famille. Dans ce pays de vents et de landes, on ne parle pas du malheur. Des années après, j’irai, moi, à la recherche de cet homme qui fut mon grand-père. Comme à sa rencontre. Et ce que je ne trouverai pas, de la bouche des derniers témoins ou dans les registres des archives, je l’inventerai. Pour qu’il revive. »
J.-L.C.
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