Fondé en 1995 par le chef d’état-major de l’armée de Terre, le Prix littéraire de l’armée de Terre - Erwan Bergot récompense chaque année une oeuvre grand public écrite en langue française célébrant un exemple d’engagement au service de la France ou de ses valeurs essentielles.
Ainsi, depuis une vingtaine d’années de grands noms de l’écriture se sont succédés comme lauréats du prix : Saint-Marc, Raspail, Schoendoerffer, Tillinac… Des noms qui ont marqué tant la culture militaire que littéraire par leurs ouvrages.
Chaque année, l’armée de Terre décerne ce prix à ceux qui transmettent à un large public avec talent et force les valeurs de courage et de dévouement à la Nation. Depuis 2011, une mention spéciale a été mise en place par le jury pour récompenser une oeuvre prometteuse mais qui n’a pas remporté le prix.
L’an dernier, le prix avait été obtenu par l’écrivain Jean-Christophe Notin pour sa biographie du Maréchal Juin. La mention spéciale avait quant à elle été remise à l’ouvrage du lieutenant-colonel Aubry sur Le Général Lanrezac.
Cette année, le prix a été décerné à l'écrivain Jean-René Van der Plaetsen pour La Nostalgie de l'honneur. Une mention spéciale a été remise à l'ouvrage du lieutenant-colonel Rémy Porte pour son livre Histoire de l'armée française 1914-1918.
Né à Bordeaux en 1930, de parents bretons, Erwan Bergot fait de brillantes études chez les Jésuites avant d'obtenir une licence en faculté de lettres.
Son tempérament d'homme d'action le pousse cependant vers le monde militaire et en 1951, après son service militaire, il part pour l'Indochine où il est fait prisonnier après une résistance acharnée à la tête d'une batterie de mortiers. Il connaîtra l'enfer des camps d'internement viets.
En 1955, il est rappelé pour servir en Algérie. Activé en 1957, il servira d'abord au 47ème Bataillon d'Infanterie, puis après un bref passage d'un an en France au deuxième bataillon étranger de parachutiste. Il est grièvement blessé à l'oeil droit lors d'un accrochage dans le Constantinois en 1961. Il quitte définitivement le combat armé pour se tourner vers l'écriture et le journalisme.
En 1962, il devient le premier rédacteur en chef du magazine de l'armée de Terre, et écrit son premier roman en 1964 " Deuxième classe à Dien-Bien-Phù "qui remporte un succès immédiat.
Erwan Bergot quitte l'armée en 1965 pour se consacrer à l'écriture. Il écrira une cinquantaine d'ouvrages consacrés à ses frères d'arme. Historien, romancier, il saura recréer des ambiances fortes, des dialogues vrais dont il écrit qu'il rend " (...) hommage à tous les obscurs, les sans-grades, ceux qui n'ont jamais leur mot à dire dans l'histoire (...) ".
Ecrivain récompensé par de nombreux prix littéraires dont le prix de l'Académie Française et le prix Claude Farrère, commandeur de la légion d'honneur à titre militaire honoré par dix titres de guerre (trois blessures et sept citations) Erwan Bergot aura excellé comme soldat et comme romancier.
Décédé en 1993, Erwan Bergot reste aujourd'hui l'un des meilleurs écrivains militaires contemporains et un formidable exemple d'engagement au service de la nation et de ses valeurs essentielles, fondement du Prix littéraire de l'armée de Terre qui porte son nom.
Cet écrit raconte la biographie de François Casta, aumônier militaire parachutiste qui a traversé tout un pan de l’histoire de notre pays. Dans cet ouvrage on le suit de son enfance à sa mort aux Invalides en passant par la Résistance, la guerre d’Indochine et celle d’Algérie. 19 euros
Ce roman narre l’histoire d’un jeune homme retrouvé amnésique à la fin de la première guerre mondiale. Cet homme parle aussi bien le français que l'allemand. L’armée française l’engage alors comme espion. Le héros se rend en Allemagne au début de l’entre-deux-guerres déchirée par la violence du nationalisme. Ce livre a déjà reçu le Prix Maurice Genevoix en 2017. 22 euros
Ce livre revient sur l’incroyable histoire de Madeleine Pauliac, médecin et lieutenant pendant la seconde guerre mondiale. L’auteur, Philippe Maynial revient sur les missions qu’elle a effectuées pendant son séjour en Pologne, en 1945, avec l’escadron bleu, un groupe de 11 jeunes conductrices-ambulancières et infirmières de La Croix Rouge Française. Madeleine Pauliac a été nommée, à titre posthume, dans l’ordre national de la Légion d’honneur au grade de chevalier avec attribution de la Croix de guerre 1939-1945. 19,90 euros
Pour cet ouvrage, deux historiens spécialistes de la première guerre mondiale expliquent en profondeur l’histoire militaire, sociale, culturelle et les techniques militaires de cette époque. Cette vaste fresque dressée montre, comme on ne l’avait jamais fait, comment s'est construite la première armée du monde. 25,90 euros
Jean-René Van Der Plaetsen, journaliste, pour son premier ouvrage revient sur l’histoire de sa famille et notamment sur la vie de son grand-père le Général d’armée Jean Crépin, artilleur de renom et compagnon de la Libération. 19 euros
Cette oeuvre romanesque se situe au début du XXe siècle, elle raconte l’histoire de deux hommes, le lieutenant Verken et l’archéologue explorateur Emile Thélliot. Ces derniers se rencontrent en Chine de l’Ouest car le lieutenant Verken a pour mission de retrouver l’archéologue. Ce grand roman au souffle épique est une réflexion sur les blessures intimes des histoires familiales et de la guerre. 19 euros
Yves Gauthier raconte l'histoire de Jean-Baptiste Nicolas Savin, soldat de Napoléon, qui est fait prisonnier sur la Bérézina au cours de la retraite de Russie en 1812. Il passe plus de quatre-vingt ans en exil à enseigner le français, l'escrime et les beaux-arts et finit ses jours près de la Volga. Au soir de sa vie, la presse s'empare de son histoire et l'opinion publique s'émeut de sa destinée. 13,90 euros
Chaque année depuis 1995, ce prix récompense un livre qui transmet avec talent et force les valeurs que nous portons dans l’armée de Terre. Ces valeurs, nous n’en avons pas l’exclusivité, ce sont les valeurs qui font la France. Simplement, elles sont pour nous des idéaux qui éclairent notre engagement de soldats, et que nous vivons au quotidien. Le prix littéraire a été nommé en l’honneur d’Erwan Bergot, un soldat qui a servi en Indochine, puis en Algérie où il a été grièvement blessé. Après avoir quitté l’armée de Terre, il s’est consacré à l’écriture, et a publié une cinquantaine d’ouvrages rendant hommage avec beaucoup de talent à ses frères d’armes. Erwan Bergot est un bel exemple d’engagement au service de la Nation. Le prix littéraire qui porte son nom est très important à mes yeux car il témoigne de la vitalité du lien qui unit l’armée de Terre et la littérature.
Je crois que la littérature est très importante pour penser la guerre. Souvent, on appréhende un conflit sous l’angle de l’histoire ou de la stratégie. Mais c’est peut-être la littérature qui permet le mieux de pénétrer la vérité ultime du combat : le courage, l’héroïsme, l’honneur et la fraternité d’armes, mais aussi la peur, la souffrance, l’horreur et parfois la folie. Par exemple, nous commémorons le centenaire de la Première guerre mondiale. Et bien je crois que la lecture des écrivains-combattant de la Grande Guerre, comme Genevoix, Barbusse, Remarque, Jünger ou d’autres encore peut beaucoup nous apporter sur ce qu’a été ce conflit. Car faire l’histoire de la guerre de 14-18 est une chose, mais la raconter en est une autre, et à ce jeu-là ce sont les romanciers et les poètes qui disent la vérité. Et puis, la littérature, comme d’autres expressions artistiques, est un moyen de dépasser le tragique de la guerre.
La guerre, toute tragique qu’elle soit, ne signifie pas la fin de l’art. Je dirais même au contraire que c’est par la culture et par l’art que les souffrances de la guerre peuvent être dépassées. L’œuvre d’art, par l’émotion qu’elle suscite, engendre une aspiration à la beauté et à la noblesse. Elle nous hisse au-dessus de nous-mêmes. Je crois que la littérature peut aider à rétablir l’humain au milieu des drames et des horreurs qui accompagnent la guerre. Je vais vous donner un exemple, qui est raconté dans un livre récent de la journaliste Delphine Minoui intitulé Les Passeurs de livres de Daraya. Des rebelles syriens, confrontés à la violence du régime de Bachar al-Assad lors du siège d’une banlieue de Damas, mettent en place une bibliothèque clandestine, cachée dans un sous-sol de la ville. Les rebelles racontent le frisson de liberté qu’ils ressentent au contact des livres. L’un d’entre eux témoigne : « Si nous lisons, c’est avant tout pour rester humain ». C’est aussi cela, le pouvoir de la littérature.
C’est un ouvrage que l’auteur consacre à son grand-père, le général Jean Crépin, compagnon de la Libération et héros de la France libre. C’est d’abord une très belle figure de cette génération de soldats, épris d’absolu, qui se sont dressés pour l’amour d’une France libre et fidèle à ses valeurs. Ils ont démontré que l’Histoire, même la plus grande, s’écrit toujours à hauteur d’homme. C’est dans l’action qu’ils ont révélé les plus hautes vertus militaires : courage, discernement, fraternité d’armes, humanité surtout. C’est ensuite une incitation à réfléchir à l’honneur, un sentiment qui peut conduire chacun d’entre nous à se transcender : « C’est le goût de l’honneur qu’éprouvent les jeunes gens. C’est l’aspiration à l’honneur qui anime les exaltés. C’est l’instinct de l’honneur qui fait les héros ». Cet ouvrage est pour chacun d’entre nous une invitation à se tenir droit et à rêver un peu plus grand.
Le journaliste Jean-René Van der Plaetsen réalise toute sa carrière au Figaro où il entre en 1988. Depuis 2008, il est directeur délégué de la rédaction du Figaro Magazine.
En 2017, il publie son premier roman : La Nostalgie de l’honneur. « C’est un fait : notre époque n’a plus le sens de l’honneur. Et c’est pourquoi, ayant perdu le goût de l’audace et du panache, elle est parfois si ennuyeuse. Alors que le cynisme et le scepticisme progressent chaque jour dans les esprits, il m’a semblé nécessaire d’évoquer les hautes figures de quelques hommes que j’ai eu la chance de connaître et de côtoyer. Comme Athos ou Cyrano, c’étaient de très grands seigneurs. Ils avaient sauvé l’honneur de notre pays en 1940. Gaulliste de la première heure, mon grand-père maternel était l’un d’entre eux. Sa vie passée à guerroyer, en Afrique, en Europe ou en Extrême-Orient, pleine de fracas et de combats épiques dont on parle encore aujourd’hui, est l’illustration d’une certaine idée de l’honneur. Qu’aurait-il pensé de notre époque ? Je ne le sais que trop. C’est vers lui que je me tourne naturellement lorsqu’il m’apparaît que mes contemporains manquent d’idéal. Ce héros d’hier pourrait-il, par son exemple, nous inspirer aujourd’hui ? C’est dans cet espoir, en tout cas, que j’ai eu envie, soudain, de revisiter sa grande vie. » Jean-René Van der Plaetsen
Cela s’est imposé à moi au lendemain de l’assassinat du père Hamel, parce que j’ai eu alors le sentiment que notre époque présente beaucoup d’analogies avec l’entre-deuxguerres. Mon grand-père était de ces hommes qui, en 1940, avaient tout donné pour notre pays, mais qui n’auraient jamais songé à s’en vanter, parce qu’ils estimaient n’avoir fait que leur devoir. Ce que je vous dis n’est pas une coquetterie ni une figure de style : c’est la vérité. Et c’est d’ailleurs en observant, depuis mon enfance jusqu’à mon âge d’homme jeune, vivre mon grand-père et ses camarades de combat, les Boissieu, Dio, Massu, Messmer et autre Simon, que j’ai tiré ces deux convictions profondes que j’ai essayé de transmettre dans ce livre : ce sont l’honneur et l’humilité qui ont fait se tenir debout ces hommes-là, alors que les autres mettaient les genoux à terre. Héroïques ils étaient, humbles ils sont restés jusqu’au bout.
Merci de m’inscrire dans cette noble filiation. Je retiendrai, pour aller vite, le cas de Saint Marc. Au cours des années de souffrance qu’ont connu les soldats français entre 1940 et 1965, Hélie de Saint Marc fut une figure admirable, au même titre que mon grand-père, gaulliste critique, bien que fidèle à son suzerain, comme l’étaient les chevaliers au temps de la féodalité. L’honneur n’a pas de camp, parce qu’il s’inscrit dans un autre domaine que celui de la vérité, de la justice ou du jugement de l’Histoire. Qui, d’Achille ou d’Hector, est du côté de l’honneur ? Tous les deux le sont parce qu’ils combattent chacun dans leur vérité, et pour de nobles raisons. Au fond, si je devais résumer La Nostalgie de l’honneur, je dirais que c’est l’éternelle histoire du vieil homme et de l’enfant. Mais aussi, et surtout, la tentative d’une lecture apaisée – et donc réconciliée – de l’histoire de l’armée française au cours des années terribles que nous venons d’évoquer.
Le 15 novembre, à l’hôtel national des Invalides, s’est tenue la 22e cérémonie de remise du prix littéraire de l’armée de Terre Erwan Bergot, présidée par le général Jean-Pierre Bosser, chef d’état-major de l’armée de Terre (CEMAT). Le lauréat 2017 est Jean-René Van der Plaetsen pour son premier ouvrage La Nostalgie de l’honneur, rendant hommage à son grand-père le général Jean Crépin, artilleur de renom et compagnon de la Libération. Cette année, le jury a souhaité récompenser, outre le prix traditionnel, un autre ouvrage par une mention spéciale. Il s’agit du livre Histoire de l’armée française (1914-1918) du lieutenant-colonel Rémy Porte et François Cochet. Fondé en 1995, le prix Erwan Bergot met à l'honneur tous les ans un ouvrage qui transmet avec force et talent les valeurs pratiquées dans l’armée de Terre : le courage, l’engagement, la fraternité d’armes, le sens de l’honneur et l’amour de la Patrie.
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