Le salon IESMA* de l’OTAN, consacré aux solutions d’énergies innovantes pour les applications militaires, s’est déroulé mi-novembre à Vilnius en Lituanie. L’armée de Terre, représentée par une section technique de la SIMMT*, organe dédié à la maintenance des matériels terrestres, a fait grande impression en présentant l’un de ses projets : le Système de la charge autonome projetable (SCAP). A la pointe de l’innovation, l’armée de Terre fait en effet de plus en plus le pari de l’écologie et des énergies propres pour augmenter sa capacité opérationnelle.
Regroupant chercheurs, innovateurs, industriels et militaires à Vilnius, le salon « Innovative energy solutions for military applications » (IESMA) a permis aux différents acteurs présents d’échanger autour de la production d’énergie. Un seul objectif : proposer des solutions innovantes pour les forces armées. Cet événement vise ainsi à exposer des projets industriels qui sont de nature à améliorer « l’efficacité énergétique » des forces armées.
En 2014, la 2e édition de l’IESMA avait rassemblé plus de 300 participants et une trentaine de compagnies (dont Thales, BAE system, Honeywell, Nexter,…)
Présente à ce salon, l’armée de Terre y a présenté son projet de Système de la charge autonome projetable (SCAP). Ce dernier est parti d’un simple constat : chaque année, ce sont plus de 6 000 batteries qui sont consommées par l’armée de Terre. Même non utilisée, toute batterie se décharge naturellement, ce qui réduit sa durée de vie. Cette autodécharge est encore plus importante dans les pays chauds, où de nombreux soldats de l’armée de Terre sont déployés en opérations extérieures, comme c’est le cas dans la bande sahélo-saharienne.
Cette forte consommation de batteries par les forces terrestres a un prix : six millions d’euros de dépenses tous les cinq ans, un risque de pollution pour l’environnement dû à la présence de métaux lourds et d’acides, une maintenance chronophage ou encore une perte temporaire de disponibilité opérationnelle pour les unités. Face à ce constat, une des solutions préconisées consiste à utiliser des panneaux solaires. Ce type de produits ne nécessite en effet aucun entretien particulier, n’engage que peu d’investissements et la durée de vie des batteries peut atteindre les cinq ans. C’est ce projet audacieux qui a d’ailleurs retenu l’attention de nombreux visiteurs du salon, et plus particulièrement celle des armées belges et lituaniennes.
Ce projet de la SIMMT est un système innovant composé d’une remorque avec quatre panneaux photovoltaïques. Grâce à l’énergie solaire, cette remorque a la capacité de maintenir en charge les batteries de 100 véhicules, stockés aussi bien en intérieur qu’en extérieur. Les batteries, toujours chargées, permettront d’assurer la capacité opérationnelle des unités en toute occasion. Ce système permet également de réaliser des économies conséquentes et d’entrer dans une démarche de développement durable.
Entre la fin d’année et début 2017, une phase d’expérimentation avec une campagne d’essais se déroulera à Nouâtre, lieu d’implantation de la section technique de maintien des matériels terrestres à l’initiative de ce projet. La structure sera ensuite expédiée aux Emirats Arabes Unis (EAU) pour être expérimentée pendant six mois. Ces expérimentations auront pour mission de vérifier la tenue des composantes et l’atteinte des objectifs que sont l’augmentation de la durée de vie des batteries et le maintien de la capacité opérationnelle.
Si les résultats obtenus sont positifs, le projet pourrait être généralisé et donc mis à disposition des unités dans le cadre de l’accomplissement de leur mission, permettant de réaliser des économies substantielles, tout en augmentant la capacité opérationnelle des forces.
*SIMMT : Structure intégrée du maintien en condition opérationnelle des matériels terrestres
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