Nicolas Mingasson : « Le prix "Erwan Bergot", un hommage à ces hommes qui m’ont fait confiance ».

« Mon histoire commence en 2010 avec le sergent Tran. J’avais décidé de suivre sa mission en Afghanistan : sa préparation, son déploiement sur le terrain, jusqu’au retour en famille. C’était une période difficile. L’opération Pamir comptait de nombreux blessés, des morts aussi. Cette situation d’extrême tension m’a conduit à cette interrogation : que deviennent les soldats une fois revenus en France ?

Ce travail sur l’après-guerre a glissé petit à petit. Je me suis intéressé aux proches des militaires morts au combat. Ils avaient besoin d’exprimer des sentiments. Pour un journaliste, c’était un sujet passionnant tout en étant humainement très fort. Je me souviens de mon premier appel téléphonique à des parents dont le fils avait été tué en opération. Je ne savais pas comment les aborder.

Après mon livre sur le deuil (1929 jours, NDLR), je me suis intéressé aux blessés atteints de syndrome de stress post-traumatique. Depuis trois ans, je leur consacre une grande partie de mon temps. Je me suis rendu à plusieurs reprises au Centre de ressource des blessés de l’armée de Terre (CREBAT), mais aussi chez eux, dans l’intimité du cercle familial. Ȇtre allé en Afghanistan est un réel atout pour me faire accepter. Je connaissais la réalité du terrain, j’ai parfois arpenté les mêmes chemins, les mêmes villages que certains d’entre eux.

J’ai été surpris et touché par la confiance qu’ils m’ont accordée. Leurs histoires sont parfois terribles et pourtant ils me les ont livrées avec une honnêteté rare. J’ai consacré toute mon énergie à ce sujet qui est souvent épuisant psychologiquement. Aujourd’hui je porte un peu la parole de ces blessés et de leurs proches, que je m’efforce de rendre accessible à tous à travers mes ouvrages.

Le prix "Erwan Bergot" décerné pour mon dernier ouvrage représente une reconnaissance de l’armée de Terre pour ce travail, mais aussi un hommage à ces hommes et ces familles qui m’ont fait confiance ».