Barbe, gants, tablier et hache sur l’épaule, les pionniers de la Légion étrangère ne passent pas inaperçus lors des défilés du 14 Juillet tous les ans. Mais connaissez-vous l’histoire de ces sapeurs du 1er régiment étranger d’Aubagne ?
L’origine des « porte-haches » des compagnies de « grenadiers », ancêtres des pionniers, remonte au XVIIIe siècle. Leur création, en 1747, reprenait un usage qui existait dans l’armée prussienne avec les «soldats charpentiers». Combattant au plus près de l’ennemi, les grenadiers étaient considérés comme des soldats d’élite, ce qui leur conférait quelques privilèges, comme ceux d’arborer des insignes spécifiques (d’où l’origine de la grenade) et de porter la moustache. Sous le Consulat et l’Empire, les « sapeurs », se distinguent ostensiblement par le port de la barbe et de la moustache, de la hache, des gants et déjà du tablier de cuir (dit tablier de pontonnier), ainsi que le fameux bonnet à poils (ou bonnets d’« oursons ») des grenadiers.
Lorsque la Légion étrangère fut créée en 1831, les détachements de sapeurs figuraient sur l’ordre de bataille de chaque bataillon. Ils étaient dans la même tenue que le reste de la troupe, mais portaient l’insigne des sapeurs sur la manche (deux haches croisées surmontées d’une grenade). Les détachements de sapeurs, dans les régiments, furent supprimés après le Second Empire, mais la Légion en conserva les traditions. Les compagnies de « sapeurs-pionniers » furent recréées en 1920. Constituées de spécialistes, elles étaient destinées à participer à la réalisation de grands travaux (routes, tunnels…) dans le cadre de la pacification du Maroc. Ils étaient chargés des travaux d’aménagement du terrain, de la construction de ponts pour le franchissement des cours d’eau et de l’ouverture des routes. Toujours engagés en avant des troupes, ils formaient les têtes de colonne. Grâce à la richesse de son recrutement, la Légion a toujours disposé de légionnaires qui avaient exercé dans le civil tous les corps de métier (architectes, maçons, couvreurs, charpentiers, etc.). Partout où la Légion est passée, les pionniers ont laissé derrière eux les preuves de leurs savoir-faire comme le tunnel de Foum Zabel au Maroc, ou encore la ville de Sidi-bel-Abbès en Algérie construite en grande partie par la Légion.
Basés au 1er régiment étranger (1er RE) à Aubagne, les pionniers illustrent la tradition du légionnaire « soldat-bâtisseur » car de tout temps, le légionnaire, une fois le combat terminé, posait son fusil pour prendre la pelle ou la pioche. Aujourd’hui les pionniers arment la section infrastructure qui a en charge l’entretien du casernement. Dans ses rangs on trouve tous les corps de métier du bâtiment (maçons, peintres, plombiers, menuisiers et électriciens). Constitués de 39 légionnaires dont le chef de détachement, 2 sous-officiers chefs de peloton et 36 caporaux-chefs, caporaux et légionnaires.
La silhouette des pionniers se caractérise par le port de la barbe, des gants à crispin et du tablier de buffle de couleur fauve ou blanche pour les unités outre-mer. Les pionniers portent la hache sur l’épaule. Reprenant la tradition des sapeurs de la Grande Armée, dont la mission était d’ouvrir le passage à la troupe qui suivait, les pionniers de la Légion étrangère défilent toujours en tête des troupes. La cadence de 88 pas par minute, plus lente que celle des autres corps de l’armée, est donc imposée par les pionniers et rythme le défilé de la Légion.
Constitués de 7 800 hommes de près de 150 nationalités, la Légion étrangère dépasse les frontières, les hommes viennent de toute part pour rejoindre ses rangs.
Au Maroc, en 1928, la compagnie de sapeurs - pionniers du 3e Etranger perce le tunnel de Foum Zabbel, le "tunnel du légionnaire", et ouvre la route du Ziz. Durant des semaines et des mois, les hommes se sont relayés pour forcer le granit, au pic et à la barre à mine… A l'entrée du tunnel, une plaque saluait leur exploit, elle portait cette inscription :
La montagne nous barrait la route.
Ordre fut donné de passer quand même.
L'énergie de leurs muscles
Et leur indomptable volonté furent leurs seuls moyens.
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