La musique dans l’armée a rempli plusieurs fonctions : rythmer la vie du soldat et transmettre des informations sur le champ de bataille. Encourager les combattants, les rallier autour d’un hymne, puis divertir y compris dans la sphère civile.
Avant le 17e siècle, la musique militaire repose surtout sur des chants et de la céleustique1 avec des fifres et des trompettes. Entre 1766 et 1788 est institué un ”orchestre” dans tous les régiments d’infanterie : c’est l’apparition des clarinettes et des percussions. Avec la Révolution et la levée en masse, le nombre d’orchestres augmente fortement. Dès 1792 est fondée, à Paris, l’École de musique de la Garde nationale qui devient, trois ans plus tard, le Conservatoire national de musique de Paris. En 1836, le ministère de la Guerre crée un Gymnase musical militaire. En 1845 intervient la ”réforme” d’Adolphe Sax, facteur d’instruments belge, qui a inventé la clarinette basse, puis la famille des saxophones et des saxhorns.
Ceux-ci permettent à la fois de jouer plus juste et plus efficacement en plein air. Le système de musique militaire français devient alors un modèle pour les armées étrangères.
Après 1860, les effectifs des ”Musiques” diminuent et les instrumentistes doivent approfondir leur seconde qualification (brancardier, munitionnaire, etc.). Après la défaite de 1870, la IIIe République fait remonter en puissance les formations musicales militaires et développe un réseau de kiosques à musique qui diffusent un répertoire d’airs lyriques, de danses, de chansonnettes, etc. Ces prestations gratuites de plein air fédèrent les populations et contribuent au creuset républicain.
La Première Guerre mondiale mobilise beaucoup les musiciens pour la céleustique, pour soutenir le moral des combattants comme de l’arrière, et de plus en plus pour l’aide au service de santé. Sept chefs de Musiques et de nombreux musiciens tomberont au champ d’honneur.
Dans l’entre-deux guerres, les ”Musiques” sont de plus en plus concurrencées dans le monde civil, par la radio et le cinéma. Le 14 juillet 1931, la sonnerie aux morts, composée par Pierre Dupont, est jouée pour la première fois à l’Arc de Triomphe. Quand éclate la Seconde Guerre mondiale, les musiciens redeviennent brancardiers, agents de transmission ou de liaison. L’armée d’armistice conserve peu de Musiques. Tout est recréé après la Libération, mais les missions se modifient avec les moyens de communication modernes (signant la fin de la céleustique) et les guerres d’Indochine et d’Algérie (réorganisation des armées, évolution de l’opinion publique). Dans les années 1960 apparaît la thématique du lien armée-nation, incitant à multiplier concerts et aubades. Le répertoire s’ouvre aux influences contemporaines et étrangères, notamment anglo-saxonnes.
En 1965 est créé le Centre de formation et de perfectionnement des sous-officiers musiciens. Depuis 2016, le Commandement des musiques de l’armée de Terre2 (COMMAT) comprend 312 soldats musiciens. Actuellement, le domaine musique inclut six Musiques professionnelles (Versailles, Lille, Metz, Lyon, Toulouse et Rennes) et un quatuor à cordes, auxquels il convient d’ajouter la ”Musique de la Légion étrangère”, 13 fanfares à double qualification intégrées dans des régiments, et quatre fanfares des lycées militaires.
Les Musiques du COMMAT remplissent des missions diverses : fédération de la communauté militaire autour de cérémonies, de commémorations, de parades, de défi lés, etc. Solidarité, en contribuant à des activités pour le soutien des blessés et de leurs familles ; rayonnement, y compris à l’étranger, et aide au recrutement ; promotion de la musique, en lien avec l’Éducation nationale, les conservatoires et les écoles de musique.
Depuis la fin de la conscription, le format du COMMAT est réduit, mais la compétence, l’expérience et la qualité sont au rendez-vous, entretenant la longue mémoire culturelle et musicale française. Formation des musiciens, nouveaux instruments, organisation des unités, relation au public : dans le domaine de la musique comme dans tant d’autres, l’armée a joué un rôle précurseur.
Sources : TIM
Droits : Armée de Terre