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La maintenance en opération, facteur clé du succès tactique

Mise à jour  : 16/11/2016

Comme l’a souligné le rapport de la Cour des Comptes* publié le 14 novembre, les matériels déployés en opérations souffrent d’une « surintensité […] qui se traduit par une usure accélérée », notamment dans certaines zones de déploiement aux conditions climatiques sévères. Sable, chaleur ou encore humidité sont autant de facteurs pouvant impacter l’état du matériel terrestre. Exemple en Côte d’Ivoire où la mission de contrôle et d’assistance de la maintenance (MICAM) a dernièrement été déployée. Objectif : contrôler l’état technique des matériels et l’aptitude du personnel à le mettre en œuvre.

L’humidité comme ennemi du matériel. Les Forces françaises en Côte d’Ivoire (FFCI) agissant sur toute la façade Ouest de l’Afrique comme « hub logistique », avec les problématiques de flux afférentes, le matériel en subit les conséquences et peut rapidement se détériorer. Pour estimer de la qualité du travail de la filière maintenance sur zone et juger de l’état du matériel, la MICAM s’est dernièrement rendue sur place, auprès du détachement de maintenance des matériels terrestres (DMMT), pilier technique et logistique de la Base opérationnelle avancée des FFCI. La mission de dix jours (contre trois habituellement en métropole) a porté sur trois parcs de matériel (parc de service permanent, parc de gestion et parc d’alerte), mais également sur le parc appartenant au détachement de l’ONUCI et sur la gamme commerciale. Il a visé tant  la partie mobilité terrestre (châssis) que la partie multi technique (transmission, optronique, NBC, armement). 100% de l’armement du théâtre a également été vérifié. Résultat de ce contrôle : le travail du détachement a été jugé « bon en matériel terrestre et très bon en multi technique ».

Un ratio multiplié par 2,5

« Une année en OPEX équivaut pour le matériel roulant à 2,5 années de fonctionnement métropolitain ». Ce constat justifie presqu’à lui seul toute l’importance de la maintenance au sein de l’armée de Terre, impératif opérationnel à sanctuariser, tant au sein des régiments qu’en opérations extérieures. Tout au long de l’année, la MICAM examine ainsi l’ensemble des matériels des régiments des forces, du soutien et des unités d’outre-mer afin, notamment, d’évaluer l’entretien des équipements, la connaissance des utilisateurs, la qualité de formation et d’emploi judicieux des maintenanciers. Par un flux d’échanges réguliers avec tous ces acteurs de la maintenance, la MICAM apporte une contribution très significative à l’efficience de cette fonction opérationnelle, en réaction aux dysfonctionnements constatés et par anticipation sur des études plus globales. A ce titre, cette mission représente un capteur unique pour l’état-major de l’armée de Terre.

La maintenance, un acte de combat 

L’entretien des équipements est un acte de combat et leur durée de vie ne peut être garantie qu’au prix d’une maintenance de qualité. Pour y parvenir, la réponse de l’armée de Terre réside en une nouvelle organisation et la création par le général Bosser, chef d’état-major de l’armée de Terre d’une nouvelle structure, le COM MF pour « Commandement de la maintenance des forces ».  L’objectif de cette réorganisation est d’améliorer la disponibilité des équipements des unités et à mieux les régénérer à leur retour d’opération extérieure, afin de converger vers l’objectif central : améliorer la disponibilité technique opérationnelle, la fameuse DTO. Le général André, tout juste nommé à la tête du COM MF, en explique les enjeux : « Auparavant, dans l’organisation, tout était prioritaire : le parc de service permanent, le parc d’alerte, le parc d’entrainement, parc de gestion. Et finalement, quand tout est prioritaire, on ne sait plus très bien où mettre l’effort. Donc, la création du COM MF à cette immense vertu de séparer toutes ces variables. »

En métropole et outre-mer, à l’étranger et en OPEX, le COM MF garantit ainsi aux régiments et organismes de l’armée de Terre la mise à disposition quantitative et qualitative des matériels terrestres et des moyens de maintenance matériels et humains nécessaires à l’exécution de leurs activités opérationnelles, d’entraînement et de formation. Les militaires qui servent au sein du COM MF recherchent ainsi constamment une DTO maximale, tout en minimisant les délais d’immobilisation. « Nous disposons d’un multitude de machine et nous essayons de faire le parallèle entre ce qui se passe chez nous et le secteur civil de manière à pouvoir dispenser une formation de qualité », explique le technicien supérieur d’études et de fabrication de 1re classe Régis de l’Ecole du matériel de Bourges. C’est en effet cette dernière qui forme chaque année près de 3 000 personnes du domaine. Leur action, discrète, sous les hangars de la zone technique, n’est pas toujours visible. Leur rôle est pourtant essentiel à la réussite de la mission car sans matériel, point d’opérations. Comme le conclut le rapport de la Cour des Comptes : « La nature des OPEX s’est modifiée au cours de la période considérée (2012-2015). Mobilisant moins d’effectifs que celles conduites depuis 2000, elles sont devenues en revanche plus lourdes et consommatrices de moyens de tous ordres (matériel, maintenance, soutien). »

L’évolution du maintien en condition opérationnelle terrestre (MCO-T) répond justement à cette mutation, en souplesse et dans la durée.

*Rapport sur les opérations extérieures de la France 2012-2015 – Communication à la commission des finances du Sénat - octobre 2016

L’info en + :

Retrouvez notre dossier « En direct de Côte d’Ivoire » dans le numéro de TIM 278 du mois d'octobre.


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