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La France intervient en Somalie

Mise à jour  : 16/03/2017

Parallèlement à l’opération internationale Restore Hope, la France intervient en décembre 1992 en Somalie. Depuis plusieurs années, la désagrégation des structures de l’Etat et la multiplication des mouvements sécessionnistes y a favorisé le développement d’une guerre civile meurtrière, aggravée par la sécheresse et les pénuries alimentaires. Deux opérations baptisées Oryx vont se succéder en dix-huit mois.

Au total, Paris va déployer plus de 3 000 hommes sur ce territoire en déshérence, initialement sur la base du 5e régiment interarmes et outre-mer (5e RIAOM) et du 2e régiment étranger de parachutistes à partir de Djibouti, puis avec l’arrivée des éléments aéromobiles et de soutien (dont les sapeurs du 6e régiment du génie). Les militaires français prennent en compte le secteur de la ville de Huddur, où commencent les opérations de déminage, de secours aux populations et de recensement (voire de collecte) des armes en circulation. Si la situation sécuritaire s’améliore rapidement, l’immensité des espaces à couvrir avec des effectifs nécessairement limités pose de sérieuses difficultés. Les pistes sont ré-ouvertes mais la circulation y est parfois problématique. Le ravitaillement en eau et en nourriture améliore les conditions de survie de la population mais couvre à peine les besoins essentiels. L’opération est utile, les effets de l’action militaire sont sensibles, mais les problèmes sont d’une telle ampleur que les moyens semblent toujours insuffisants. En dépit de leur investissement sans faille les militaires restent pessimistes quant à l’évolution de la crise.

Au printemps 1993, la zone de responsabilité française est élargie au secteur de Baïdoa, alors même que les effectifs sur place chutent à 1 100 hommes, renforcés par un bataillon marocain, une unité grecque puis un contingent du Zimbabwe. Les Français mettent en pratique les enseignements ″de leurs aînés″ et s’inspirent des principes de ″la tâche d’huile″ : l’objectif est de restaurer la sécurité dans l’ensemble du secteur qui leur est assigné, de garantir autant que possible la liberté de circulation sur les axes, tout en rétablissant des structures villageoises et locales d’administration et de services publics. Pour y parvenir, les patrouilles et détachements sont essentiellement mobiles, quadrillent le terrain et multiplient les haltes pour rassurer les communautés et s’entretenir avec les anciens. Ceux-ci conservent en effet une forte autorité dans ce système essentiellement tribal.

Reprendre Mogadiscio

La situation sécuritaire et militaire se détériore toutefois rapidement dans la capitale au début du mois de juin. 24 casques bleus pakistanais sont tués par les milices du général Aydid. La brigade de Baïdoa met alors sur pied un détachement tactique (ERC-Sagaie, VAB, HLO), placé sous les ordres du chef de corps du 5e RIAOM, pour des combats de haute intensité visant à reprendre le contrôle de Mogadiscio. Il constitue la réserve d’intervention de la force multinationale, engagée dès que les Pakistanais et les Marocains sont dépassés sous les tirs violents des miliciens. Les combats durent plusieurs heures, en particulier autour de l’hôpital général et dans le secteur de l’académie militaire. Ils permettent de briser au moins provisoirement la capacité de nuisance des milices et de dégager l’étreinte autour des casques bleus. Au cours de ces journées des 10 au 18 juin 1993, les troupes françaises témoignent de leur parfaite maîtrise du feu dans cet environnement urbain, mais aussi d’une capacité exceptionnelle à changer rapidement de posture, les soldats passant des patrouilles au profit des populations dans le secteur de Baïdoa aux opérations de force dans la capitale.

Devant la relative inertie de l’organisation internationale et pour faire face aux besoins pressants qui s’expriment désormais sur d’autres théâtres, Paris décide de se désengager. En novembre et décembre 1993, l’opération Oryx se replie par étapes. Relativement oubliée aujourd’hui, elle a représenté, au début des années 1990, une expérience importante pour l’armée de Terre dans la montée en puissance des Opex.


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