Deuxième ordre national français après la Légion d'honneur, l'ordre de la Libération a été institué pendant la Seconde Guerre mondiale par le général de Gaulle, chef des Français libres. L'ordonnance n°7 instituant l'ordre a été signée à Brazzaville (Congo) le 16 novembre 1940. Ne comportant qu’un seul grade, il est destiné « à récompenser les personnes ou les collectivités militaires et civiles qui se seront signalées dans l'œuvre de libération de la France et de son Empire ». Ses titulaires ont droit au titre de compagnon de la Libération. Le général de Gaulle, fondateur de l'ordre en a été le seul grand maître.
Dans la nuit du 10 au 11 juin 1942, après une brillante résistance face à l’Afrika Korps de Rommel, Bir Hakeim1 est évacué par les hommes de la 1re Brigade française libre du général Koenig. Les légionnaires de la 13e demi-brigade de Légion étrangère (13e DBLE) participent à cette « sortie de vive force ». Le 10 juin prochain, à l'occasion du 75e anniversaire de cet évènement, la 13 compagnon de la Libération verra sa 4e compagnie créée dans les jardins de l'Ordre de la Libération à Paris. A cette occasion, les légionnaires écouteront l'un des leurs, Hubert Germain (96 ans), lui aussi compagnon de la Libération et dernier officier vivant ayant participé à la bataille de Bir Hakeim, évoquer ces journées au cours desquelles les Forces françaises libres furent encerclées et pilonnées par les troupes italiennes et allemandes. En soirée, une cérémonie se déroulera dans la cour d'honneur des Invalides, avec des représentants de chacune des compagnies. Les noms des 96 compagnons de la Libération de la 13e DBLE seront cités.
Au total, ils sont 1 032 hommes et 6 femmes à s’être vus décerner la Croix de la Libération ainsi que 18 unités combattantes et 5 villes. A l’origine, ne disposant pas de la Légion d’honneur, le général de Gaulle crée l’ordre de la Libération le 16 novembre 1940 par une ordonnance signée à Brazzaville. Aujourd’hui, douze compagnons sont encore en vie. Le plus jeune, Alain Gayet aura 95 ans le 29 novembre et le plus âgé, Guy Charmot aura 103 ans, le 9 octobre prochain. Tous deux sont médecins. Les compagnons ont pour particularité d’avoir très tôt et individuellement refusé l’inéluctabilité de la défaite militaire et politique de la France, en juin 1940. Il s’agissait pour la plupart de jeunes hommes qui, pour la majorité sortaient tout juste de l’adolescence. Ils ont rejoint l’Angleterre, ne connaissant pas encore l’existence du général de Gaulle ou ont essayé en France occupée de « faire quelque chose ». Ce quelque chose deviendra, au fil des mois, la Résistance intérieure. Outre-manche ou en Afrique se fabriqueront les Forces françaises libres.
Fred Moore est l’un d’eux. Le 19 juin 1940, il quitte la France en bateau à voile en compagnie de son jeune frère et, de Bretagne, atteint après quelques péripéties l'Angleterre où, le 1er juillet 1940, il s'engage dans les Forces Françaises Libres au titre des Forces aériennes françaises libres (FAFL). Mais c’est dans les spahis que le jeune officier effectuera la guerre. Fred Moore est le huitième et dernier chancelier de l’ordre de la Libération (2011). Il est devenu l’année suivante, le premier délégué national du Conseil national des communes, compagnon de la Libération. Fonction dont il a démissionné en janvier dernier. Fred Moore a été remplacé à la tête de l’institution par un « non compagnon », le général Christian Baptiste. « Mes prédécesseurs avaient la légitimité des héros » dit l’ancien patron du musée de l’Armée. « Ils ont été désignés par le général de Gaulle. C’est une suite mais pas avec la même partition.» Dans le cadre des commémorations du 75e anniversaire de l’ordre, le général Baptiste souhaite utiliser la figure de proue constitué par les compagnons pour sensibiliser les jeunes générations sur l’engagement. « Un jeune a toujours l’alternative entre un destin choisi et un destin subi ».
Ils sont aujourd’hui douze compagnons de la Libération, mémoire vivante de cette époque à jamais gravée dans l’Histoire :
Guy Charmot ; Daniel Cordier ; Yves de Daruvar ; Victor Desmet ; Constant Engels ; Alain Gayet ; Hubert Germain ; Jacques Hébert ; Fred Moore ; Claude Raoul-Duval ; Pierre Simonet ; Edgar Tupët-Thomé.
Les unités de l’armée de terre, compagnon de la Libération :
Bataillon de marche n°2 ; 13e demi-brigade de Légion étrangère ; Bataillon d'infanterie de marine et du Pacifique ; Régiment de marche du Tchad ; 2e régiment d'infanterie coloniale ; 1er régiment d'artillerie coloniale ; 1/3e régiment d'artillerie coloniale ; 1er régiment de marche de spahis marocains ; 501e régiment de chars de combat.
Les 5 villes, compagnon de la Libération sont : Grenoble, Nantes, Paris, Ile de Sein, Vassieux-en-Vercors. Ce sont, elles, qui sont amenés à assurer la pérennité du deuxième ordre national.
Sources : TIM n° 284 mai 2017
Droits : armée de Terre 2017