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L’armée de Terre sur les traces du front d’Orient

Mise à jour  : 14/09/2018

A l’heure où la nation française se prépare à fêter la victoire du 11 novembre, l’armée de Terre souhaite rappeler toute l’importance du front d’Orient, dans le nord de la Grèce, qui a joué un rôle capital dans la victoire des alliés. A ce titre, la bataille de Dobro Polje en 1918 apparait comme un tournant décisif du conflit mondial. Cent ans après, le major général de l’armée de Terre (MGAT) s’est rendu sur les lieux des combats.  

300 000 Français y ont combattu, 65 000 y sont morts pour pouvoir ouvrir ce front secondaire dans les Balkans et ainsi libérer la Serbie. À l’occasion d’une série événements organisés en commémoration du centenaire de la Grande Guerre en Grèce et en Serbie, le général Barrera, major général de l’armée de Terre, a été convié par l’académie militaire serbe à participer à un staff ride. « Aujourd’hui, il y a exactement 100 ans, 20 000 hommes du côté français ont attaqué à 5h30 du matin et ont remporté une des plus belles batailles dont on peut rêver. (…) C’est le Garigliano de 1918 ! », rappelle le général.

Cent ans après, la délégation de militaires et civils est invitée à apporter sa vision de la bataille de Dobro Polje. Véritable symbole de la capacité de collaboration des Français et Serbes, ce déplacement est aujourd’hui l’occasion de rendre hommage aux morts des deux pays ainsi que de rappeler l’importance du front d’Orient durant la première guerre mondiale. Comme le souligne le MGAT, « aujourd’hui sur Dobro Polje, les Français, les Serbes se rappellent de cette victoire commune qui leur a permis d’accélérer la 1re guerre mondiale et de permettre la chute de la Bulgarie et de l’Autriche-Hongrie ».

La coopération franco-serbe en 1918

12 septembre : les unités françaises, serbes, britanniques, italiennes, grecques se mettent en place.
14-15 septembre, bataille de Dobro Polje : les troupes françaises et serbes percent les lignes ennemies.
21-28 septembre : les cavaliers progressent à partir des hauteurs de Prilep. Ils pénètrent dans la ville et coupent en deux les armées bulgares.
30 septembre : l’armistice est signé.

L’armée française d’Orient emporte alors la première victoire de la Grande Guerre.

En savoir plus sur septembre 1918 : victoire en Orient

Depuis l’hiver 1915-1916, les armées alliées d’Orient (AAO) sont bloquées au nord de Salonique. Nominalement placés sous le commandement en chef d’un officier général français, Britanniques, Serbes, Russes, Italiens, Albanais et bientôt Grecs manquent d’équipements et sont victimes d’épidémies de paludisme. Difficilement soutenus, ils sont par ailleurs divisés du fait des priorités nationales de chaque gouvernement.

En 1916 et 1917, le général Sarrail a consacré une grande partie de son temps et de son énergie à s’occuper de politique intérieure grecque, au détriment de la cohésion entre les différents contingents nationaux. Dès sa nomination comme commandant en chef interallié, Guillaumat se préoccupe d’organiser un état-major opérationnel et de développer activement les voies de communication vers le Nord. Il prépare également un plan de reprise de l’offensive, soumis à Paris et à Londres à la fin du printemps 1918. Rappelé d’urgence en France lorsque l’armée allemande approche de la Marne et menace à nouveau Paris, il est remplacé en juin par le général Franchet d’Espèrey, qui chausse les bottes de son prédécesseur.

Ayant obtenu l’accord de lancer une offensive majeure en juillet, il consacre le mois d’août et le début du mois de septembre à sa préparation matérielle. Avec 8 divisions d’infanterie (DI) françaises, 4 DI britanniques, 6 DI serbes, 1 DI italienne et 9 DI grecques, il dispose désormais d’une nette supériorité numérique sur les forces ennemies, essentiellement composées de divisions bulgares, appuyées par quelques unités spécialisées allemandes. L’armée française d’Orient (AFO), commandée par le général Henrys, engerbe les Italiens, quelques centaines d’Albanais et assure le soutien des Serbes et des Grecs.

Les unités commencent à se mettre en place sur leur base de départ à partir du 12 septembre, dans la plus grande discrétion. L’infanterie doit obtenir la rupture de la première ligne bulgare et l’exploitation revient à la cavalerie. Dans le secteur franco-serbe, il s’agit de la brigade du général Jouinot-Gambetta, constituée des 1er et 4e régiments de chasseurs d’Afrique et du régiment de spahis marocains, renforcés de sections de mitrailleuses et de canons de 37 mm.

L’offensive est lancée le 15 septembre après un intense bombardement des lignes bulgares la veille, et la brigade remonte dans la nuit vers les premières lignes. Les Franco-Serbes attaquent avec 5 divisions, dont 3 en première ligne (parmi lesquelles la 122e DI et la 17e DIC), contre deux divisions bulgares. Dès la fin d’après-midi, fantassins et coloniaux sont maîtres des hauteurs, dont le Dobropolje et le Goliak. Partout, les Bulgares se replient. Le lendemain, la percée est réalisée et les cavaliers entrent en action dans la nuit du 21 au 22 avec pour ordre de privilégier la vitesse et la surprise. A partir des hauteurs de Prilep, ils doivent s’emparer d’Uskub en passant par la montagne. Jusqu’au 28 septembre, les cavaliers progressent seuls, isolés du reste des armées alliées, par de mauvais chemins, qui sinuent le long de crêtes escarpées, dans de très difficiles conditions climatiques. Epuisés et affamés, ils surgissant sur les arrières de la XIe Armée allemande (en fait un état-major de théâtre), et pénètrent par surprise dans la ville, important nœud logistique, coupant en deux les armées bulgares.

Dès le lendemain, la Bulgarie demande les conditions d’un armistice, signé le 30 septembre sans réelles discussions. Les « Jardiniers de Salonique », selon la formule malheureuse de Clemenceau, ont obtenu la première grande victoire de la guerre, faisant sortir un allié de l’Allemagne du conflit et ouvrant par le flanc sud la route de Budapest, de Vienne et de Munich.


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