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Innovation : exporter sa connaissance du terrain

Mise à jour  : 09/10/2017

La mission pour le développement de l’innovation participative (MIP) soutient le personnel du ministère des Armées et de la Gendarmerie nationale, civils ou militaires, porteurs de projets. Un critère majeur : présenter une idée innovante qui résout un problème capacitaire ou améliore une situation. 

Créée en 1988, la MIP, entité de la Direction générale pour l’armement, met tout en œuvre pour faciliter la conception des projets qui lui sont présentés. L’aide financière, le réseau d’experts techniques et les conseils administratifs qu’elle fournit contribuent directement à leur succès. « Ce qui est agréable avec la MIP, c’est qu’elle est très proche du soldat, même du militaire du rang, s’enthousiasme l’adjudant (R) Bruno du 3e régiment du matériel, concepteur de la combinaison polyvalente travail-combat interarmées. Ses membres ont une très grande faculté d’écoute et sont très disponibles. » Une telle proximité permet de créer des liens de confiance et de faire aboutir rapidement les projets les plus prometteurs.

La réactivité comme mot d’ordre

En 2016, 38 innovations soutenues par la MIP aboutissaient à un prototype et 54 nouveaux dossiers ont reçu son soutien. Chaque année, de nombreux projets MIP atteignent la phase dite de ″généralisation″, ultime étape avant le déploiement du produit en opérations. Mais en amont, tout part d’une idée bien définie, soumise à la validation de la MIP et à l’accord du chef d’état-major ou de la direction centrale dont relève l’innovateur. « Fin 2012, avant un saut, le régiment m’a demandé de placer dans une seule gaine collective tout le matériel dont le génie avait besoin. Or c’était impossible, d’autant que les détecteurs de mines sont volumineux », se rappelle le sergent-chef Éric du 17e régiment du génie parachutiste. De ce constat lui vient l’idée de fabriquer une gaine permettant l’emport individuel de chaque détecteur, en l’arrimant directement au parachutiste. « Au début de l’opération Serval, 60 % des détecteurs ont été cassés lors des sauts » poursuit-il. Plus compact et plus robuste, ce conditionnement permet également à l’engin d’arriver au sol en bon état. Son régiment pousse alors le sous-officier à se rendre à Paris afin de présenter son projet à la MIP qui valide l’idée. « La MIP nous donne les moyens de faire des changements rapidement en fonction des besoins du terrain. C’est primordial », ajoute le SCH Éric. En moyenne, trois mois s’écoulent entre la présentation d’un projet au chef de la MIP, l’accord de l’état-major ou de la direction concernés (EMA, DGA, EMAT, DCSSA, SGA, …) et la mise en place des crédits destinés à son financement (30 000 euros par projet en moyenne). S’ensuit alors une période de un à deux ans, qui englobe la réalisation et la fabrication du prototype pour expérimentation. « Le matériel “para” est sensible, conclut le SCH Éric. Il a fallu faire plusieurs modifications et obtenir différentes validations (STAT et SCA entre autres). Grâce à l’accord de l’EMAT en janvier dernier, la gaine sera disponible dès la rentrée pour les entraînements et sera projetée en Opex dès l’année prochaine ».

L’atout « terrain »

La MIP mise beaucoup sur l’expérience opérationnelle des soldats. Leur approche pragmatique est précieuse. « Le technicien évolue au plus près du combattant, et pourtant, personne n’a pensé à changer son équipement, s’étonne l’ADJ (R) Bruno. En 2006, j’ai conçu ma première combinaison de travail camouflée. » Il la fait ensuite évoluer selon ses besoins. Lors de sa projection en Afghanistan, il la modifie pour y faciliter le port du gilet pare-balle, qui devait être revêtu de manière permanente. À son retour, il présente la combinaison polyvalente travail-combat à la MIP qui trouve son idée pertinente. Après l’accord du CEMAT, elle finance un prototypage de 20 combinaisons, dont certaines sont testées en Côte d’Ivoire.  Après d’autres modifications, cent nouveaux exemplaires sont envoyés à différentes unités. « J’ai eu beaucoup de retours positifs. L’expérience a touché un large spectre d’intéressés », poursuit l’ADJ (R) Bruno. L’objectif final est d’équiper les techniciens, logisticiens et maintenanciers de l’armée de Terre. 


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