Suite à la cérémonie qui s’est déroulée aux Invalides en hommage au sergent Julien Barbé, tombé au combat le 5 avril au Mali, nous avons recueilli les propos du chef d’état-major de l’armée de Terre, le général Jean-Pierre Bosser. Il revient sur ce moment douloureux qu’est la perte d’un frère d’armes mort pour la France.
C’est une grande émotion de voir revenir un de ses soldats dans un cercueil. Un bouleversement pour la famille bien sûr mais également pour les chefs militaires et ses camarades qui sont restés à Barkhane. C’est en même temps beaucoup de fierté parce que les sapeurs, à l’image de l’ensemble des soldats de l’armée de Terre, sont des hommes courageux. Ils vivent avec le risque en permanence et remplissent leurs missions en métropole comme en opérations extérieures avec beaucoup de courage. Je suis donc à la fois triste de les voir partir mais reste très fier de l’action qu’ils mènent là où ils sont engagés.
Rendre hommage à un soldat se passe en trois temps, tous aussi importants les uns que les autres. Le premier se déroule avec ses compagnons d’armes restés sur le territoire malien afin qu’ils puissent lui dire au revoir. Sur le théâtre, le général de Woillemont, qui commande l’opération BARKHANE, y a lu un ordre du jour en hommage au caporal-chef, maintenant sergent Barbé.
Le deuxième temps, c’est l’arrivée en métropole. C’est un peu l’accueil du chef d’état-major, mais surtout l’accueil de toute la communauté de l’armée de Terre qui se tient aux Invalides, lieu traditionnel depuis plusieurs siècles qui marque l’intérêt que l’on porte à nos soldats, qu’ils soient décédés ou blessés en opérations.
Il y aura le troisième temps demain, dans son régiment, dans sa famille, avec le ministre de la Défense qui représente le président de la République et qui marque les hommages de la Nation à ce soldat qui a combattu pour nos libertés et contre le terrorisme qui vient frapper jusque sur notre territoire. Rendre hommage à nos soldats aujourd’hui, ce sont ces trois moments forts qui, à mon sens, sont absolument indispensables et marquent le fait que notre rôle et notre place dans la Nation mérite ce niveau de reconnaissance et d’exigence.
C’est une question plus personnelle que les autres mais qui a aussi du sens car Julien avait un an de moins que ma fille aînée. Quand on voit partir un garçon ou une fille de cet âge, on se dit que cela aurait pu nous arriver à nous, parents, si nos enfants avaient fait le choix du métier des armes.
Il est évident qu’au-delà du soldat, on éprouve une forme d’empathie plus personnelle. Dans ces circonstances, on se sent très proche de la famille et on fait ce que l’on peut pour les aider à surmonter ces moments extrêmement durs. Ce jour, dans la cour d’honneur des Invalides, étaient présents, aux côtés de l’épouse du sergent Barbé, son grand-père, ses parents et ses deux sœurs. Le deuil n’est pour autant pas vécu de la même façon chez l’ensemble de ces personnes. C’est pourquoi, j’ai souhaité prolonger l’accompagnement de l’armée de Terre lors de séminaires dédiés, pour échanger avec les familles et les proches sur ce travail de deuil.
Droits : armée de Terre 2017