Le commandement de la maintenance des forces (COM MF) suit actuellement un rythme dense de préparation opérationnelle et d’engagement. La projection du 3e régiment du matériel aux côtés de sa brigade en bande sahélo-saharienne au 2e trimestre 2018 ou encore l’accompagnement de la livraison de matériels nouveaux (SCORPION) et les plans de rétrofit… Le COM MF est en recherche permanente d’adaptation de la maintenance opérationnelle aux réalités des engagements. A sa tête, le général André. L’officier nous fait le point sur la modernité de son jeune commandement.
Pour être précis, le COM MF aura 2 ans d’existence dans un peu plus de 3 mois. Avant de dresser un bilan, il importe de rappeler que la mission de maintenance opérationnelle (MO) dévolue au COM MF s’applique à tous les « parcs vivants » de l’armée de Terre : parc en service permanent, parc d’urgence, une partie du parc d’entraînement et les parcs déployés en opérations, regroupés sous le vocable « parcs en exploitation opérationnelle » (PEO). On parle ici de plus de 20 000 matériels majeurs, du VBCI au Caesar en passant par le Leclerc, sans compter les centaines de milliers de petits équipements relevant du milieu terrestre.
Le bilan pourrait se résumer en un chiffre : l’atteinte en juillet 2017, après une progression de 9 points en 18 mois, de l’objectif de 70% de disponibilité technique opérationnelle (DTO) sur les parcs de métropole, tout en se maintenant à plus de 70% outre-mer et à plus de 90% en opérations. Mais il importe surtout de décomposer ce « 70% » en le ramenant au cycle des forces terrestres, dans une année qui a vu la pleine reprise de la préparation opérationnelle interarmes (POIA), avec un effort tout particulier pour les brigades abordant successivement cette échéance : la 9e brigade d’infanterie de marine (9 e BIMa) amorce ainsi cette phase au niveau record de 76% de DTO.
Ce bilan de DTO est à mettre au compte tout autant des niveaux techniques d’intervention (NTI) de niveau 1 que 2. Il faut insister : « la MO est Une ! » : on parle ici d’un ensemble humain de plus de 11 000 personnes, répartis entre les six régiments du matériels et les quelques 100 sections de maintenance régimentaires des forces.
Complétons ce bilan par un mot d’équipements, car le COM MF est aussi « l’équipementier des forces ». PPLOG, PPLD, HK 416, Ford Ranger, missile moyenne portée MMP, Masstech et bientôt le VLTP-NP ou VT4 : autant de parcs « nouvelle génération » dont le COM MF assure le « recettage » et la distribution dans les forces. Et comme « équipementier », le COM MF s’assure aussi de la disposition des matériels aux fins d’alerte.
Je pourrais résumer la démarche d’un autre slogan : « les mêmes hommes et femmes soutiennent en garnison, à Mourmelon et en opérations ». Je veux dire par là que le temps est fini où un régiment du matériel de l’ouest partait soutenir dans le nord-est un régiment du sud !
L’heure est donc au « re-couplage » régiment-brigade. Deux exemples très actuels :
- La 9e BIMa est déployée pour quatre mois sur le pôle Champagne pour sa préparation opérationnelle interarmes : elle y est soutenue par « son RMAT », le 2e RMAT de Bruz, sans rupture avec le soutien effectué par ce dernier dans les garnisons habituelles de la brigade, à Poitiers, à Rennes ou ailleurs. C’est aussi dans ce créneau que le 2e RMAT effectuera, à l’instar des corps de la 9, son contrôle « ANTARES ».
- La 11e brigade parachutiste se déploiera en bande sahélo-saharienne au 2e quadrimestre. Elle y sera soutenue, depuis Gao comme à Ndjamena, par « son RMAT », le 3e RMAT de Muret. Cette conjonction, d’une logique apparemment si évidente, n’avait plus cours depuis des années !
En résumé, les six RMAT « respirent » désormais au rythme des six brigades, pour le soutien comme pour leur propre préparation opérationnelle, sans préjudice, j’y insiste, du soutien de niveau 2 des régiments des commandements spécialisés et des écoles, tout aussi importants à mes yeux, et jamais négligés.
Je citerai une ambition et un enjeu.
C’était une chose d’atteindre au plus tôt l’objectif de 70% de DTO fixé par le chef d’état-major de l’armée de Terre, c’en est une autre de le maintenir dans la durée, tout en déployant une énergie raisonnable car, dans le MCO comme dans l’effort long, il faut durer !
Or, ce dont souffre aujourd’hui le plus la population des « mécanos », c’est la déstructuration permanente d’entités faites par nature pour le travail en équipe constituée. Il faut savoir que nous relevons tous les quatre mois 17 théâtres d’opérations et outre-mer, soit une population de 700 mécaniciens de toutes spécialités, 3 fois par an.
S’y ajoutent les stages, indispensables, tout comme le sont l’instruction et entraînement individuels et collectifs et une participation à SENTINELLE. Mais comment admettre que, compte tenu de tous ces aléas de programmation, 20 mécaniciens différents puissent se succéder sur un même VAB entre le début et la fin de sa réparation ! C’est un cas extrême mais il a existé et je ne l’admets pas : c’est une question de respect pour nos mécanos et pour les forces, mais aussi de qualité de la réparation !
Mon ambition majeure est donc de retrouver une certaine « permanence à poste », si possible en équipe constituée, pour les mécaniciens opérationnels du MCO terrestre.
Cette ambition s’articulera fort à propos avec l’enjeu qui s’offre à nous et dépasse de loin le seul MCO-T : SCORPION.
Scorpion pour le COM MF, c’est un bâtiment futuriste dédié, inauguré à l’école du matériel en juin prochain, c’est le premier Griffon à Bourges en fin d’année, ce sont les premiers stages de réparateurs délivrés en 2019 : un virage majeur que le COM MF s’apprête à négocier, pour prendre toute sa part dans « l’entrée en premier SCORPION » !
Droits : Armée de Terre