L’exercice DEFNET commence aujourd’hui. Pour cette 4e édition, du 20 au 31 mars, près de 155 spécialistes militaires et 240 étudiants sont attendus pour s’entraîner à la gestion de crise cyber. Dans la logique du « Pacte cyber défense » élaboré par le ministre de la Défense, cet exercice annuel interarmées accompagne la montée en puissance de l’ensemble des acteurs de ce pôle d’expertise.
L’espace numérique revêt une dimension stratégique pour l’armée de Terre qui entend jouer un rôle majeur dans ce milieu où les menaces se font croissantes. Ses ambitions étant de protéger ses forces tout en contribuant à la gestion d’une crise de portée interministérielle, l’armée de Terre développe ses capacités défensives en consacrant à la cybersécurité des ressources humaines, du temps de formation et des matériels dédiés.
Dans ce cadre, DEFNET répond à un besoin de formation et de mise en application continue en simulant une attaque informatique de grande ampleur par un état tiers. Dans un contexte international fictif, les participants devront planifier, coordonner et mettre en œuvre les mesures de défense pour faire face à des menaces et des attaques cyber simulées.
Objectif : entraîner la chaîne cyberdéfense au déploiement d’une cellule de crise au sein du centre opérationnel et au déploiement des équipes opérationnelles des armées pour établir les réseaux et les systèmes attaqués.
Cet entraînement est à l’image de l’émergence d’une communauté nationale de cyberdéfense à laquelle participe amplement l’armée de Terre. Ces dernières années, cette dernière a ainsi durci le niveau de sécurité de ses systèmes d’information et des systèmes d’armes, tout en renforçant ses capacités d’intervention.
Une chaîne fonctionnelle dédiée a ainsi été bâtie, aux ordres d’un officier général désigné comme point d’entrée interarmées pour la cyberdéfense Terre. En son sein, différentes entités au niveau d’expertise élevé. Pour exemple, l’armée de Terre dispose d’unités opérationnelles dédiées à la cyberdéfense comme les groupes d’intervention rapide (GIR), déployables en fonction des menaces identifiées. Cette capacité de projection en opération extérieure est armée par des sous-officiers des forces terrestres titulaires du brevet supérieur de technicien de l'armée de Terre (BSTAT) cybersécurité originaires des régiments du commandement SIC (COMSIC), de la 785e compagnie de guerre électronique (785e CGE) et de la 807e compagnie de transmissions (807e CT).
Implantée en Bretagne, cette unité dédiée à la cyberdéfense poursuit actuellement sa phase de montée en puissance. Pour autant, elle est déjà engagée en opération et participe aux exercices nationaux (comme DEFNET) voire internationaux. Sa capacité opérationnelle atteinte, cette compagnie projetable a pour mission de déployer en opération extérieure, comme sur le territoire national, des modules d’appui cyberdéfense. À l’horizon 2019, elle fournira ainsi l’essentiel des GIR TERRE. Afin de parfaire sa préparation opérationnellecette dernière participe d’ailleurs actuellement à l’exercice national DEFNET.
L’engagement de l’armée de Terre dans la cyberdéfense se mène également à travers le développement d’un réseau de partenaires (notamment des écoles de formation) et de la réserve citoyenne, dans la mesure où la montée en puissance de la cyberdéfense en général et de la 807e CT en particulier, repose en effet sur une dynamique de formation et d’acquisition de matériels.
De nouveaux stages ont ainsi été initiés à l’Ecole des transmissions de Cesson-Sévigné ainsi qu’aux Ecoles de Saint-Cyr Coëtquidan. Ces deux entités sont des acteurs du pôle d’excellence cyber (PEC). À ce titre, elles initient des partenariats avec les universités, les entreprises et la DGA-MI afin de faire fructifier l’expérience de chacun au profit de tous.
Un nouveau BTS Systèmes Numériques Option Informatique et Réseaux (BTS SN IR) est également désormais proposé au lycée de Saint-Cyr l’Ecole afin, notamment, d’orienter les candidats vers des débouchés professionnels au sein du ministère de la Défense (comme sous-officier ou comme technicien civil).
L’armée de Terre a également mis en place un plan d’action visant à renforcer les ressources humaines associées à la cyberdéfense en construisant les parcours professionnels associés[1] , tout en conduisant des travaux de doctrine et de prospective de cyberdéfense[2]. L'École des transmissions assure ainsi la formation des officiers, des sous-officiers et du personnel civil destinés à servir dans le domaine des Systèmes d’information et de communications et de la Guerre électronique. La nature des missions qui lui sont confiées lui confère un caractère interarmes et interarmées. Elle accueille ainsi chaque année quelques 3 500 stagiaires militaires et civils de la Défense qui viennent y acquérir une formation professionnelle et opérationnelle.
Parallèlement, l’interopérabilité avec les autres armées se développe en cultivant un réseau de partenaires étrangers, tant en Europe qu’au sein de l’Alliance atlantique. En effet, compte tenu de ses responsabilités au sein des engagements militaires de la France (armement des postes de commandement déployés dans le cadre des opérations), la cyberdéfense est une capacité incontournable pour l’armée de Terre.
En interne, dans le cadre de son nouveau modèle Au Contact, l’armée de Terre s’est ainsi restructurée. La création du COM SIC l’an dernier ainsi vise notamment à renforcer les convergences entre les spécialistes des transmissions et ceux de la cyberdéfense.
Dans leurs domaines de compétences respectifs, l’école d’état-major et le centre d’enseignement et d’études du renseignement de l’armée de Terre (CEERAT) intègrent également l’étude des cyber menaces. Des efforts de sensibilisation sont menés au profit des unités (ex. la semaine de la cybersécurité), tandis qu’une documentation spécifique est en cours de rédaction. Enfin, outre les exercices dédiés à la cyberdéfense (CYDEX, DEFNET), les exercices d’entrainement et de certification des forces terrestres comprendront un volet cyber.Enfin, sur le plan matériel, là aussi, l’armée de Terre s’est adapté. Elle dispose de moyens tactiques de lutte informatique défensive (MTLID-Tactique) permettant de scruter les réseaux à la recherche de signaux faibles pour déceler la présence d’une attaque. Ces derniers sont déployés en opération extérieure et sur le théâtre national.
La cyberprotection est également considérée par l’armée de Terre comme une fonction vitale de ses futurs équipements, dans la mesure où un responsable est désigné sur chaque projet qui nécessite de la sécurité informatique. C’est notamment le cas du programme SCORPION, qui a intégré la cyberprotection dès sa conception (plateformes JAGUAR et GRIFFON, ou SICS).
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