Armés de FRF2 et de PGM, les tireurs de précision et les tireurs d’élite remplissent des missions de neutralisation de cibles longue distance, mais aussi d’observation et de renseignement.
« Véhicule se déplaçant de la gauche vers la droite, un civil à l’intérieur ! » Derrière ses lunettes Vector, assis sur un tabouret pliant, le sergent Rafik Amiri, chef de groupe tireur d’élite au 35e régiment d’infanterie (35e RI), donne le ton de l’exercice. Allongé sur sa gauche, un tireur de précision en formation observe les cibles. Le coup part. Une des cibles s’abaisse. « But ! »
Les 7 militaires en formation au camp de la Courtine font partie des meilleurs tireurs de leur régiment. Au terme de leur formation de 8 semaines, ils occuperont la fonction convoitée de tireur de précision (TP). « Pour devenir TP, il faut être bon tireur. Il faut aussi être calme, autonome et savoir garder son sang-froid », précise le caporal Alexandre Trassy, TP au 35e RI.
La fonction du TP : surveiller et détruire. Intégré en binôme au sein d’une section, directement rattaché au groupe commandement, « le TP va être les yeux du chef de section », poursuit le caporal. « Il va être ponctuellement détaché pour pouvoir s’infiltrer au plus près et obtenir du renseignement. Il va traiter des cibles particulières, comme les chefs des rebelles par exemple ».
Tireur longue distance, équipé de FRF2, calibre 7,62, le TP peut détruire des cibles jusqu’à une distance de 800 mètres.
Les meilleurs d’entre eux pourront devenir tireur d’élite : le graal pour tout militaire qui aime tirer. « Il faut être extrêmement physique pour être tireur d’élite » explique le caporal-chef Aronas Pranarauskas, chef de pièce : « On est en totale autonomie au sein du groupe TE. On doit donc transporter dans son sac de quoi manger, boire, dormir, se changer. C’est un poids, auquel s’ajoutent les 17 kg du PGM ». Il se rappelle une mission à Djibouti : « J’ai dû gravir un piton rocheux. La pente était raide. La température affichait 40 °c. Avec le poids du sac et de l’arme, l’ascension a été lente. Mais il est indispensable pour nous de se placer au plus haut, d’où on voit le mieux. »
Car l’une des missions principales du tireur d’élite est d’observer et de renseigner. « Au Kosovo, en 2008, on était chargés d’assurer la sécurité du pont qui sépare les populations serbe et albanaise à Mitrovica » se rappelle le sergent Amiri. « Un mois après l’indépendance, une de nos compagnies s’est fait prendre à partie au niveau du tribunal. Grâce à nos comptes rendus, on a pu empêcher le franchissement du pont pour ne pas que ça dégénère. »
Sur PGM, calibre 12.7, un tireur d’élite peut atteindre une cible à plus de 1800 mètres. Mais finalement, « le tir n’est qu’une infime partie du métier », assure le caporal-chef Thibault Hélaire, chef de pièce au 35e RI. « Pour être tireur d’élite, il faut de la patience avant tout. On peut rester en mission d’observation pendant 36 heures au même poste. D’où l’importance d’être deux : un tireur d’élite et un chef de pièce, chargé de donner au tireur les corrections de tir en fonction de la vitesse du vent, de la température... Le chef de pièce est ancien tireur d’élite, il est capable de tirer. Ainsi, le binôme peut se relayer. Il faut être très réactif : lorsqu’il faut tirer, on doit neutraliser l’adversaire en quelques secondes ».
Une mission qui n’est pas sans risque : s’il peut voir à longue distance, le tireur d’élite peut aussi être vu. « La tenue de camouflage ghillie permet de mieux se fondre dans l’environnement, mais nous devons malgré tout changer d’emplacement après chaque tir pour ne pas être décelé, explique le CCH Pranarauskas. Avec les balles de gros calibre, le casque ou le gilet pare-balles ne vous protègent pas. »
Sources : TIM / D. Lheritier
Droits : Armée de Terre 2012